La docteure répond

Que faire contre l’obésité morbide ?

Docteure, mon frère souffre d’obésité morbide et essaie de perdre du poids. J’aimerais l’aider. Pouvez-vous m’indiquer quels sont les risques pour sa santé s’il ne fait rien, et si la chirurgie peut être une option pour lui ?

Félicitez votre frère de tenter de perdre du poids. C’est le plus beau cadeau qu’il peut s’offrir !

Il y a plusieurs facteurs sur lesquels nous n’avons pas de contrôle et qui influencent notre santé. Ils sont dits « non modifiables », notamment notre âge et nos antécédents familiaux. Il y a également plusieurs facteurs sur lesquels nous avons le contrôle, les facteurs dits « modifiables », notamment le fait de fumer la cigarette, le contrôle du poids et l’inactivité physique.

Ces facteurs sont influencés par les choix que nous faisons au quotidien, nos habitudes de vie. À défaut de pouvoir agir sur les facteurs non modifiables, il faut agir sur les facteurs modifiables si nous souhaitons mettre toutes les chances de notre côté pour vivre longtemps et en santé.

Que peut faire votre frère ? Il n’y a qu’une façon de perdre du poids. C’est en s’assurant que le nombre de calories dépensées dans une journée dépasse le nombre de calories consommées. Le nombre de calories dépensées dépend de nos activités et de notre métabolisme de base. Celui-ci varie grandement d’un individu à l’autre et chez un même individu selon la période de sa vie. Pour un individu souffrant d’obésité morbide, il est essentiel d’augmenter le nombre de calories dépensées et de diminuer le nombre de calories consommées. Pour atteindre cet objectif, les conseils d’un nutritionniste, d’un kinésiologue et d’un médecin de famille sont essentiels.

Selon Santé Canada, « les gens qui ont un excès de poids ou qui sont obèses sont plus vulnérables à toute une gamme de maladies graves, dont les maladies du cœur ».

Cela est particulièrement vrai pour les gens souffrant d’obésité morbide.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Global Challenge of Obesity and The International Obesity Task Force, ce type d’obésité est associé à un risque extrêmement élevé de maladies menant à une diminution de l’espérance de vie ainsi qu’à une diminution de la qualité de vie.

PARMI LES MALADIES GRAVES AUXQUELLES S’EXPOSENT LES GENS SOUFFRANT D’OBÉSITÉ MORBIDE, NOTONS : 

les maladies cardiovasculaires (angine, infarctus, mort subite) et d’insuffisance cardiaque (l’incapacité pour le cœur de pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins de l’organisme) ;

l’hypertension artérielle qui endommage les vaisseaux sanguins et perturbe le fonctionnement de plusieurs organes, dont les reins, les yeux, le cerveau ;

la maladie vasculaire cérébrale, un blocage de la circulation dans un endroit du cerveau qui peut mener à une paralysie ou à la mort ;

le diabète de type 2 ;

l’hypercholestérolémie ;

le syndrome métabolique, la combinaison de certains facteurs de risque de maladie du cœur énoncés ci-haut ce qui, lorsqu’ils sont présents ensemble, multiplie le risque de maladies du cœur ;

le cancer (par exemple le cancer de l’intestin, de l’endomètre, de la vésicule biliaire et du sein) ;

l’arthrose, c’est-à-dire l’usure prématurée du cartilage au sein des articulations, ce qui occasionne de la douleur et une limitation des mouvements de ces articulations ;

l’apnée du sommeil ;

le syndrome obésité-hypoventilation, une maladie grave qui se caractérise par une diminution de l’oxygénation du sang associée à une augmentation du gaz carbonique qui peut mener à des problèmes de santé graves et à la mort ;

l’infertilité et certains désordres menstruels ;

les « pierres au foie » qui sont en fait des calculs dans la vésicule biliaire pouvant mener à des crises de douleurs au ventre qui se traitent habituellement avec une intervention chirurgicale.

Cette liste est incomplète, mais reflète que presque tous les organes peuvent souffrir de problèmes liés à l’obésité morbide.

Est-ce que l’intervention chirurgicale est une option pour votre frère ?

Selon l’OMS et plusieurs autres sources médicales reconnues, pour quelqu’un souffrant d’obésité morbide, les traitements non chirurgicaux sont souvent insuffisants.

C’est pour cette raison que la chirurgie bariatrique est souvent une option intéressante. Pour en être certain, votre frère devra rencontrer un chirurgien qui évaluera, avec lui, les avantages et les inconvénients liés à ce type d’intervention.

D’ici là, parce que malheureusement au Québec, l’attente pour ce type d’opération est très longue, je l’encourage à poursuivre le traitement non chirurgical, c’est-à-dire d’inverser la balance entre ce qui est consommé et ce qui est dépensé. Les avantages sont grands : il se sentira mieux, il perdra du poids, ce qui fera probablement disparaître certains problèmes de santé et, si l’intervention chirurgicale est choisie, les risques associés à celle-ci seront réduits. De plus, dans l’attente d’une consultation avec un chirurgien, s’il atteint un poids qui le satisfait, il n’aura pas à subir cette intervention ni ses inconvénients.

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