Éditorial COVID-19

Ottawa appuie sur l’accélérateur

Le gouvernement Trudeau a écouté les critiques et il change de vitesse. L’aide aux gens sans travail sera simplifiée et accélérée. Ils profiteront tous d’un seul programme d’urgence administré par l’Agence du revenu donnant droit à 2000 $ par mois. Cette prestation imposable sera versée pendant quatre mois. Ce n’est pas une fortune, mais c’est un début.

Parfois critiqués depuis le début de la crise, les libéraux prouvent qu’ils savent eux aussi s’ajuster rapidement lorsque nécessaire.

Depuis le début de la crise, le paquebot fédéral dérivait vers un véritable naufrage bureaucratique. Les écueils étaient nombreux.

Ottawa voulait acheminer l’aide par trois programmes : un déjà existant (assurance-emploi) et deux nouveaux (allocation pour soins et allocation pour soutien d’urgence).

Or, l’assurance-emploi croulait sous les demandes – le nombre est passé de 27 000 à plus de 900 000 en une semaine. Et c’est une fonction publique en télétravail qui devait gérer ce débordement en répondant au téléphone à chaque demande.

Autre casse-tête, de nombreuses personnes n’étaient pas admissibles à l’assurance-emploi. C’est pour elles que les deux allocations étaient prévues, mais le fédéral n’en avait pas encore détaillé les critères exacts.

Les gens sans travail se demandaient donc dans quel programme déposer leur demande. Et ils croisaient les doigts en espérant que la rigide bureaucratie fédérale l’accepterait assez vite pour payer leur loyer et leur épicerie.

Hier, le gouvernement Trudeau a corrigé le tir. Les quelque 143 000 demandes déjà traitées (chèque envoyé) pour l’assurance-emploi resteront dans ce système. Tous les autres dossiers seront transférés à la nouvelle allocation simplifiée, autant pour les salariés que pour les travailleurs autonomes, et autant pour les gens malades que pour ceux qui doivent s’occuper d’un proche infecté ou d’enfants à la maison.

Les gens n’auront pas besoin de prouver qu’ils appartiennent à la bonne catégorie, ce qui simplifiera les demandes et leur traitement.

Par exemple, le travailleur n’aura pas besoin d’obtenir une preuve de cessation d’emploi pour faire sa demande. L’employeur pourra ainsi le garder employé en cessant tout simplement de le payer. Le lien d’emploi entre les deux sera maintenu afin que le travail reprenne vite lorsque l’isolement sanitaire prendra fin.

Et pour s’assurer que le chèque arrive plus vite, cette nouvelle allocation sera gérée par l’Agence du revenu et non par Service Canada, encore hanté par le scandale du système de paye Phénix.

L’Agence dispose aussi du numéro d’assurance sociale et des informations bancaires des contribuables. De plus, elle fonctionne à partir d’un système informatique mis à jour et, surtout, déjà testé – il est utilisé depuis quelques mois entre autres pour verser l’allocation famille.

Les demandes à l’assurance-emploi qui ont été envoyées, mais qui n’ont pas encore été traitées seront automatiquement transférées au nouveau programme. Pour ceux qui n’ont pas encore fait de demande, le formulaire devrait être en ligne le 6 avril.

Pour les employés, la prestation d’urgence reste modeste – elle est inférieure aux 573 $ par semaine de l’assurance-emploi.

Pour les employeurs, elle ne règle pas non plus les besoins critiques de liquidités.

Bref, même si c’est une amélioration, elle ne suffira pas.

Reste qu’avec cette prestation d’urgence, Ottawa se rapproche un peu plus de ses deux objectifs : être assez ciblé pour consacrer tout l’argent à ceux qui en ont vraiment besoin, tout en étant assez simple et souple pour être efficace.

Du moins, tout cela, c’est sur papier. Il ne reste plus qu’à livrer ce qui est promis. On croise les doigts.

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