Jour du dépassement et élections provinciales

Une prise de conscience collective est urgente

Il est plus que temps de placer l’économie circulaire au cœur de l’action politique québécoise ! En effet, le 28 juillet 2022 s’est tristement illustré en tant que « jour du dépassement de la Terre », selon les calculs du Global Footprint Network. Cette expression signifie que l’on a consommé en sept mois toutes les ressources naturelles que les écosystèmes sont capables de régénérer en un an.

Encore une fois cette année, la date fatidique est devancée. L’an passé, le jour du dépassement tombait le 29 juillet. Ce simple marqueur au calendrier illustre la consommation toujours plus rapide d’une population humaine en expansion sur une planète aux ressources limitées.

Maintenant que le jour du dépassement de la Terre et la fin de l’année sont séparés par 156 jours, c’est 1,75 Terre dont on aurait besoin pour renouveler tout ce que l’humanité demande annuellement à la nature.

En 50 ans, la consommation mondiale a presque quadruplé, dépassant ainsi la croissance démographique. La persistance du dépassement pendant toutes ces années implique des déficits annuels cumulés en une dette écologique correspondant à 19 ans de régénération planétaire.

Les données de Circle Economy et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) indiquent que l’extraction, la transformation des ressources et la production de biens causent 70 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales et 90 % de la perte de biodiversité et du stress hydrique. Les conséquences observables se manifestent de plus en plus par des vagues de chaleur inhabituelles, des feux de forêt, des sécheresses et des inondations.

Quelles solutions envisager ?

Par opposition à l’économie linéaire, fondée sur l’approche « extraire–transformer–distribuer–utiliser–jeter », l’économie circulaire est un modèle qui vise à découpler la croissance économique de l’exploitation des ressources vierges et des impacts sur l’environnement, notamment ceux générés par les GES. Il est ainsi fondé sur deux mécanismes principaux : 1) en amont, repenser nos modes de production et de consommation pour consommer moins de ressources et protéger les écosystèmes qui les génèrent ; 2) en aval, optimiser l’utilisation des ressources qui circulent déjà dans nos sociétés en permettant, notamment, la création de boucles remettant en circulation des flux de matières négligés.

Le rapport sur l’indice de circularité mondial 2022, produit par Circle Economy en début d’année, rappelait ainsi que doubler l’indice de circularité mondial, actuellement à 8,6 %, permettrait d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Nous serions ainsi en mesure de diminuer de 39 % les émissions de GES d’ici 2032 et de contribuer à limiter l’augmentation de la température globale sous 2 °C.

De nombreuses possibilités existent ainsi pour inverser la donne.

La transformation circulaire de notre modèle économique pour répondre aux besoins de la société tout en préservant les ressources représente également une importante occasion.

Global Footprint Network mentionne à cet égard que les entreprises qui opèrent dans une logique d’économie circulaire sont naturellement mieux positionnées sur un marché qui se voit transformé par les changements climatiques et la concurrence accrue pour les ressources. Les entreprises qui se tournent effectivement vers des modèles d’affaires innovants qui permettent de mettre en pratique les stratégies de circularité bénéficieront d’un avantage concurrentiel par rapport à celles qui ignorent ces tendances mondiales, malgré le retentissement des sonnettes d’alarme.

Les élections provinciales 2022, un rendez-vous à ne pas manquer

La science nous rappelle au quotidien les changements inéluctables auxquels nous devons nous adapter, de même que les gestes individuels et collectifs que nous devons poser. Même si l’alarmisme de la science ne fait plaisir à personne, il faut l’écouter, car elle porte en elle cette force qui pousse nos sociétés à repenser, créer, imaginer des solutions, repousser les limites et entreprendre, face à des enjeux complexes.

L’humanité n’a plus le choix, elle doit innover pour pouvoir s’attaquer de front à la crise écologique.

Dans ce monde que nous partageons, et dont les ressources sont limitées ou en état d’épuisement critique, l’économie circulaire est donc appelée à devenir le modèle de référence à l’échelle mondiale, nationale ou régionale.

Devant l’inéluctable, chaque personne candidate, quelle que soit sa formation politique, devrait être animée par le devoir moral de faire écho à la science dans les débats à venir, afin de se montrer à la hauteur des défis à relever pour devenir digne de la confiance et des espoirs de la population.

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