covid-19

L’ONF donne la parole à la population

L’Office national du film lance ce lundi les trois premiers courts métrages de son projet en ligne La courbe qui donne la parole aux citoyens du pays touchés de mille et une façons par les effets de la pandémie de coronavirus. Qualifié de « document évolutif », le projet mettra en scène une quarantaine de créateurs qui signeront 30 œuvres présentant des points de vue de citoyens rencontrés dans tous les coins du pays, incluant le Grand Nord. Les trois documentaires lancés ce lundi sont In the Garden on the Farm, de Kristin Catherwood, K’i Tah Amongst the Birch, de Melaw Nakehk’o, et Thursday, de Galen Johnson. Des films de réalisateurs francophones s’ajouteront dans les semaines à venir. Les projets des cinéastes Nicolas Paquet, Olivier D. Asselin, Christine Chevarie-Lessard, Marie-Julie Dallaire, Nadine Gomez et Eli-Jean Tahchi sont attendus. Le projet devrait être terminé d’ici la fin d’octobre ou le début de novembre. Les curieux pourront donc faire plusieurs visites de sur le site afin de voir comment celui-ci évolue. L’ONF avait, sans en faire l’annonce officielle, fait un prélancement du projet en mettant en ligne le court métrage documentaire de cinq minutes 60 jours à vélo, de Colin Jones et Darcy Wittenburg, à voir sur la page Facebook de l’ONF. — André Duchesne, La Presse

YOU CANNOT KILL DAVID ARQUETTE

L’acteur, le ring et l’entêtement

Derrière sa longue feuille de route au cinéma et son côté « enfant terrible », le comédien américain David Arquette est un maniaque de lutte. Au point où, près de 20 ans après le tournage de Ready to Rumble, il a repris l’entraînement dans l’espoir de faire sa place comme lutteur professionnel. Ce que raconte le documentaire You Cannot Kill David Arquette. Discussion avec un acteur et lutteur entêté.

L’acteur David Arquette pourrait très bien limiter son vocabulaire professionnel à des termes tels caméra, tournage, scènes, textes, répliques, entrevues, glamour et tapis rouge. Mais pour cet habitué de la marge, le quotidien est aussi peuplé des mots et expressions clés de bras, savates, sauts dans les câbles, crochets de jambes, coups de poing et ring.

Parce que David Arquette aime la lutte. D’amour. Littéralement. Au point d’en avoir fait une deuxième carrière. Pour ce comédien icône de la franchise des films d’horreur Scream (Scream 5 sortira en 2021), rien ne vaut une giclée d’adrénaline à quelques minutes d’un combat de lutte, quitte à en ressortir humilié et gravement blessé.

Ainsi, dans le documentaire You Cannot Kill David Arquette, présenté à Fantasia après une sélection au festival South by Southwest, il sillonne les bas-fonds et les arrière-cours de l’Amérique pour se faire un nom. Dans un environnement proche des partisans du Parti républicain, Arquette se déniche un costume invraisemblable, s’affuble du surnom Magic Man, traîne dans les conventions, couche dans des motels ordinaires, se fait briser les os, se bat sur une scène qui s’écroule, doit fuir aux urgences à la suite d’une grave hémorragie au cou et va jusqu’à participer à un spectacle de rue dans la très dangereuse ville frontalière mexicaine de Tijuana.

En somme, l’entêté acteur voulant devenir lutteur évolue dans un univers digne des récits de l’écrivain français Jean-Paul Dubois, observateur des singularités de l’Amérique.

Pourquoi tout cela ? Parce qu’en 2000, à l’occasion du tournage de la comédie de lutte Ready to Rumble, Arquette est devenu, contre toute attente, champion du monde des poids lourds de la fédération World Championship Wrestling en battant deux « vrais » lutteurs et en conservant la précieuse ceinture du numéro 1 durant deux semaines. Cela, au grand dam de nombreux fans de lutte qui ont dénoncé et harcelé ce faux athlète sur les réseaux sociaux. Comme quoi le « bullying » en ligne n’est pas un phénomène nouveau.

« Pour moi, You Cannot Kill… est une lettre d’amour à la lutte, dit Arquette dans une courte entrevue téléphonique avec La Presse. J’ai abordé ce tournage avec l’intention d’être ouvert, de montrer ma vulnérabilité. Je voulais faire entrer les gens dans mon univers afin qu’ils voient mon point de vue sur la chose. Ce film est l’histoire d’une rédemption. En ce sens que je voulais montrer à la communauté gravitant autour du monde de la lutte que je peux m’entraîner, je peux devenir un vrai lutteur, que je ne suis pas uniquement un embarras dans cet univers. »

Le documentaire a été coréalisé par David Darg et Price James. Christina McLarty Arquette, deuxième femme du comédien, en est la productrice. Plusieurs membres de la fratrie Arquette (Patricia, Rosanna, Richmond…) font des apparitions, ainsi que Courteney Cox, première femme du comédien.

Ce dernier, dont la famille a des origines canadiennes-françaises, explique que la lutte a toujours fait partie de sa vie.

« Enfant, j’adorais regarder des combats, notamment avec mon père. J’ai même assisté à un combat entre Hulk Hogan et André le géant Ferré. C’est dans notre sang à nous les Américains. Mais c’est aussi dans le sang des Canadiens. »

— David Arquette

Quelles similitudes voit-il entre le jeu d’acteur et la lutte ? « Lutter est une forme de jeu d’acteur, répond-il. Tu dois orchestrer la chorégraphie, ce qui va se passer. Et tu racontes une histoire sans y mettre des mots. Mais il y a plus de violence et plus de qualités athlétiques dans la lutte. »

Force est d’admettre, en le regardant aller dans le documentaire, qu’il tient la forme à l’aube de la cinquantaine. En avril 2019, son combat contre la star de la lutte Ken Anderson avait des airs d’un film de Rocky, du moins selon ce qu’on a pu observer dans le documentaire. Arquette semblait avoir, enfin, conquis le cœur de plusieurs fans.

Depuis, ce père de trois jeunes enfants, qui a récemment perdu deux proches, sa sœur trans Alexis et son meilleur ami Luke Perry, s’est assagi et éloigné du ring. Ce qui ne l’empêche pas, comme on le voit dans le film, de demeurer un être à la fois entier et fascinant.

Lundi 24 août, à 19 h 30, au festival Fantasia

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