Angelo Schiraldi

De persévérance et de talent

Le grand gagnant de l’édition 2017 de l’émission-concours En route vers mon premier gala, Angelo Schiraldi, enrichit de sa différence le milieu de l’humour depuis bientôt six ans. Rencontre avec un humoriste qui ne manque pas d’audace.

Bégaiement, difficulté à se déplacer, mais sens du punch fort développé : la paralysie cérébrale dont est atteint Angelo Schiraldi ne l’a jamais empêché de nourrir son ambition de faire rire les gens. « Je ne ferais pas ça si je n’étais pas bon ! », lance-t-il.

Bien que 2017 se soit révélée une année riche en réalisations pour l’homme de 36 ans, son destin n’a pas toujours été des plus favorables. Quelques jours après qu’il eut terminé ses cours du soir en écriture humoristique à l’École nationale de l’humour (ENH) en 2012, Angelo s’est fait happer par une voiture en traversant la rue. Il prévoyait tester ses blagues pour la première fois devant public le lendemain. « Cet accident m’a rendu service. J’allais me planter, je n’étais pas prêt », observe-t-il.

Sa convalescence lui a été profitable : il a pu retravailler ses textes pour finalement monter sur la scène du bar l’Abreuvoir quelques mois plus tard. « Les gens me voyaient et se demandaient ce que je faisais là. J’ai commencé, et ils ont compris qu’ils pouvaient rire avec moi », se souvient l’artiste.

« Je ne veux pas que les gens aient pitié de moi. Je veux qu’ils rient. C’est ça ma job. »

— Angelo Schiraldi

L’humoriste Frank Grenier, qui a collaboré notamment à l’écriture des spectacles de Pierre Hébert et de Maxim Martin, était dans la salle ce soir-là. Il l’a invité à monter de nouveau sur scène le lundi suivant à la soirée d’humour qu’il animait à l’époque au bar L’Hémisphère gauche. « Il m’a vraiment pris sous son aile », relate Schiraldi, à court de mots pour décrire l’affection qu’il éprouve pour ce collègue.

Une leçon de persévérance

Quatre ans se sont écoulés depuis la première fois où il a soumis sa candidature à l’émission-concours En route vers mon premier gala. « J’appliquais tous les ans, mais c’était toujours non », se souvient Angelo Schiraldi.

Sa quatrième tentative s’est révélée la bonne. Non seulement il a pu monter sur scène, mais aussi il s’est rendu jusqu’en finale. L’humoriste de la relève se pince encore quand il pense à sa grande victoire. « Je n’en revenais pas. Je me disais : pourquoi moi ? Il y avait tant de talents », s’étonne-t-il toujours, quelques mois plus tard.

Le même scénario s’est produit à l’École nationale de l’humour. Alors qu’il avait déjà terminé des cours en écriture humoristique, il a essuyé des refus répétés pour le programme de création humoristique, avant d’être finalement admis. Pour couvrir les coûts de sa scolarité, il a lancé une campagne de sociofinancement qui s’est avérée fructueuse. « Mike Ward m’a donné 500 $. Adib [Alkhalidey] aussi ! », s’écrie-t-il.

Sur les bancs d’école depuis septembre, l’humoriste se rend à l’ENH tous les matins en transport adapté. Depuis son arrivée, personne ne lui a fait sentir qu’il était de trop, constate-t-il. Bien que les locaux soient déjà adaptés pour les personnes à mobilité réduite, l’ENH fera prochainement quelques efforts supplémentaires. « Ils vont installer un bouton pour ouvrir une porte qui est très lourde pour moi. […] Je vais aussi avoir une preneuse de notes à la prochaine session », affirme-t-il.

Une leçon d’humilité

Les bars, le festival Zoofest, l’émission La gang de malades, un gala Juste pour rire et des premières parties de François Bellefeuille : Schiraldi cumule les apparitions.

« Tout ce que je voulais faire en une carrière, je l’ai fait en une année. » 

— Angelo Schiraldi

L’artiste, qui a adopté un ton plutôt noir mais sympathique, ne veut toutefois pas brûler les étapes. « Je veux que ça reste le fun, que ça serve à quelque chose », soutient-il. 

Se tenant loin de l’humour engagé, Angelo Schiraldi souhaite malgré tout voir plus d’humoristes handicapés sur scène. « Mon objectif serait d’arrêter de faire des jokes de handicapés », confie-t-il.

« Le jour où j’arrêterai de faire de l’humour, c’est parce que je ne ferai plus rire », déclare l’artiste qui espère, dans deux ans, avoir son heure solo au festival Zoofest.

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