Bois-Franc : une vision commune pour un futur écoquartier

Les terrains autour de la future station Bois-Franc, du Réseau express métropolitain (REM), ont pour l’instant triste mine. Ils sont toutefois dans la ligne de mire des arrondissements de Saint-Laurent et d’Ahuntsic-Cartierville, qui travaillent conjointement pour établir une vision commune du futur quartier. Leur ambition ? Créer un véritable milieu de vie, axé sur le transport actif et collectif, selon les principes de développement durable.

« On met en place les règles du jeu, indique Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent. Quand le REM va arriver et que des promoteurs vont acheter des terrains, la vision de la Ville sera connue, parce que le Programme particulier d’urbanisme, qui sera adopté par les deux arrondissements, fera partie du Plan d’urbanisme de Montréal. Les hauteurs des bâtiments, les densités seront connues. En faisant ce travail en amont, on prépare le terrain pour que le développement se fasse de façon ordonnée. »

Le futur quartier de type TOD (Transit-Oriented Development), structuré autour du transport collectif, chevauchera les deux arrondissements. « Il y a une volonté de bien faire les choses ensemble plutôt que chacun de notre côté », souligne Éric Paquet, directeur de l’aménagement urbain et des services aux entreprises à Saint-Laurent. « C’est une vision à court, moyen et long terme, parce que beaucoup de bâtiments sont encore viables. Les enjeux sont multiples. »

Un milieu de vie diversifié

Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, veut que le quartier soit habité par une population aux âges et aux revenus variés. « Des gens de toutes les bourses pourront trouver un logement et ils auront tout à proximité, explique-t-elle. Il y aura des parcs, le YMCA Cartierville, qui est déjà là, le futur centre culturel et communautaire de Cartierville, des services, des commerces et des terrasses. Les gens pourront se promener à pied. Ce sera vraiment un milieu de vie. En plus, la station Bois-Franc permettra d’avoir accès au centre-ville. À terme, ce sera un coin extraordinaire. »

« Actuellement, c’est un des endroits les plus pauvres de notre arrondissement, poursuit Mme Thuillier. La beauté de la chose, c’est que cela ne va pas juste s’embourgeoiser. »

« Les logements qui seront construits ne seront pas juste pour des personnes qui ont de l’argent. Les gens pourront continuer de vivre dans ce quartier, peu importe leur revenu, puis on va attirer de nouvelles personnes, de divers horizons, qui permettront d’avoir une plus grande densité et de soutenir les commerces de proximité. »

– Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville

Une référence pour le Québec

Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation, a hâte de voir un véritable écoquartier au Québec, qui pourra servir de référence. Il n’en peut plus de voir des quartiers bâtis de l’autre côté de l’Atlantique montrés en exemple.

« Les écoquartiers, ça se sculpte avec de la consultation publique, mais aussi avec le leadership des élus qui disent : “non, chez nous, ça ne se passera pas de même”, dit-il. Des Griffintown, qui prennent 20 ans avant que finalement l’épicerie débarque, ce n’est pas planifié. C’est un peu garroché, tandis que dans les écoquartiers, tout est réfléchi. Il y a des recettes pour créer des quartiers agréables, avec le bon pourcentage d’espaces verts, nécessaire au bien-être de l’humain. »

Contrairement à des bâtiments, qui sont habités après un cycle de trois ans, les quartiers verts prennent plusieurs décennies avant de remplir leurs promesses, fait-il remarquer. D’où l’importance d’avoir une vision claire dès le départ.

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