Baisse des cas
Au cours de la dernière semaine, le Québec a rapporté un peu plus de 8000 nouveaux cas de COVID-19, soit en moyenne 1150 par jour. Ce bilan marque une nette amélioration par rapport à la semaine précédente, alors que la province avait établi un nouveau sommet depuis le début de la pandémie, avec une moyenne de 1300 cas par jour.
« C’est des premiers signes qui nous montrent qu’on est en train d’avoir le contrôle. Mais je ne crie pas “hourra !” tout de suite, parce qu’il faut maintenir cette stabilité et cette décroissance-là, et maintenir les mesures », réagit Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. « On doit garder cet équilibre-là et c’est ce qui m’inquiète, parce qu’on sent aussi un relâchement de la part de la population. »
Rappelons qu’après avoir observé un plateau d’un millier de cas par jour pendant cinq semaines cet automne, le Québec a enregistré une hausse des cas au début du mois de novembre, soit quelques jours après les célébrations de l’Halloween. Y a-t-il un lien à faire entre les festivités et ce sursaut ?
« C’est très difficile de se prononcer là-dessus, il y a toutes sortes de variables qui peuvent influencer, que ce soit le fait que l’automne soit arrivé, l’Halloween... Oui, il y a eu les enfants dans les rues, mais ce qui m’inquiète plus, c’est les partys privés qui ont pu avoir lieu à l’intérieur. »
— Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal
« On ne peut pas isoler les facteurs, poursuit la professeure Da Silva. C’est multifactoriel, et il faut avoir accès à beaucoup de données pour faire une telle analyse et malheureusement, nous les chercheurs, on a du mal à accéder à toutes ces données-là. Mais c’est assurément une hypothèse. »
Décès stables
Pendant que les cas sont en baisse, le bilan des décès s’est quant à lui stabilisé la semaine dernière. Le Québec a ainsi rapporté 191 décès, soit autant que la précédente. Cela représente 27 décès par jour.
C’est en Montérégie que l’on a déploré le plus de morts de la COVID-19, soit 37 en une semaine. La Capitale-Nationale a enregistré 27 décès, ce qui représente une baisse du tiers par rapport à la semaine précédente. Par contre, Chaudière-Appalaches en a rapporté davantage, soit 20.
Hospitalisations en hausse
Ce bilan des décès pourrait toutefois s’alourdir au cours des prochains jours en raison de la tendance dans les hospitalisations. Celles-ci étaient en effet en hausse par rapport à la semaine précédente. Ainsi, 634 personnes se trouvaient à l’hôpital lundi, dont 98 aux soins intensifs. Il y a une semaine, on dénombrait 591 personnes hospitalisées, dont 87 aux soins intensifs. Des données qui n’étonnent pas la professeure Da Silva.
« Il y a toujours un décalage entre le dépistage des cas, l’hospitalisation et les soins intensifs. À partir du moment où on est testé COVID positif, ça peut prendre jusqu’à quatre semaines avant d’être hospitalisé. Donc des gens qui auraient été contaminés à l’Halloween ou dans les jours autour, ce n’est pas étonnant qu’ils soient hospitalisés maintenant », soulève-t-elle.
Amélioration dans la majorité des groupes
La récente amélioration du bilan québécois se fait sentir dans pratiquement tous les groupes d’âge. Seuls les 70 ans et plus affichent une tendance stable. Reste que ce plateau chez le groupe le plus à risque face à la COVID-19 représente une pause bienvenue dans la tendance à la hausse observée depuis le début du mois de septembre.
L’amélioration du bilan québécois dans le nombre de cas s’explique en grande partie par l’embellie observée dans le Grand Montréal. Les cinq régions ont rapporté un total de 4400 cas la semaine dernière, contre 5400 la précédente, soit une baisse de 18 %. L’amélioration est particulièrement marquée dans les Laurentides, où le nombre de nouveaux cas a pratiquement diminué de moitié.
À l’inverse, le Saguenay–Lac-Saint-Jean a continué à afficher une tendance à la hausse. La région a enregistré 1164 cas en une semaine, contre 974 la précédente. Cela représente une augmentation de 20 %. Quotidiennement, le Saguenay–Lac-Saint-Jean rapporte ainsi 60 nouveaux cas par 100 000 habitants, quatre fois plus que la moyenne provinciale.
« Je suis très inquiète pour des régions comme le Saguenay, où les médecins sont sortis en fin de semaine pour demander à la population de respecter les mesures, réagit Roxane Borgès Da Silva. Le système de soins au Saguenay est à bout de souffle. »
Longtemps source d’inquiétude, la Capitale-Nationale a rapporté 687 cas la semaine dernière, soit autant que la précédente. Par habitant, elle affiche désormais un taux similaire à celui de l’île de Montréal, soit 13 cas par 100 000 habitants.
Tests en hausse, positivité en baisse
La dernière semaine a marqué une hausse dans le nombre de tests réalisés au Québec. Un peu plus de 195 000 analyses de dépistage de la COVID-19 ont été effectuées, soit 28 000 en moyenne par jour. Après une baisse en octobre, la province s’est rapprochée du sommet établi à la fin de septembre.
Grâce à cette hausse du nombre de tests et à la diminution du nombre de cas enregistrés, le taux de positivité a reculé à 4,1 %. Cela marque une nette amélioration par rapport à la dernière semaine, où il s’était établi à 4,9 %, soit tout près du seuil de 5 % fixé par l’Organisation mondiale de la santé pour garder le contrôle sur la propagation de la pandémie.
« C’est une très bonne nouvelle, estime la professeure Da Silva. On critique beaucoup le gouvernement, mais il travaille fort – si on regarde ailleurs, il travaille fort. »
« Ils essaient de trouver l’équilibre et ils sont assez créatifs et inventifs dans les mesures proposées pour continuer à descendre [la courbe] tout en permettant les partys de Noël. »
— Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal
La spécialiste, qui « salue la position du gouvernement », croit d’ailleurs que le scénario observé à la suite de l’Halloween ne risque pas de se répéter aux Fêtes, à condition que l’isolement proposé par le gouvernement avant et après Noël soit respecté par la population.
« Il y aura quelques personnes qui seront des porteurs asymptomatiques et qui ne sauront pas qu’elles ont la COVID-19. Admettons qu’elles transmettent la COVID au party du 24, ceux qui l’attraperont et qui verront d’autres personnes le 25 ou le 26, il y a très peu de chances qu’ils les contaminent, parce qu’ils n’auront pas le temps d’incuber le virus pour être contagieux eux-mêmes, dans l’immédiat. Ces quatre jours-là permettent de protéger la population », observe-t-elle.
L’OMS recommande un Noël sans toute la famille
Un Noël en petit comité, sans grande réunion de famille, est sans doute « la meilleure option » en ces temps de pandémie pour la majorité des pays, a estimé lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « C’est incroyablement difficile parce que, particulièrement pendant la période des Fêtes, nous voulons vraiment être avec notre famille. Mais dans certains cas, ne pas avoir de réunion de famille est l’option la plus sûre », a insisté Maria Van Kerkhove, chargée de la gestion de la pandémie à l’OMS. La scientifique américaine n’avait sans doute pas que Noël à l’esprit, mais aussi Thanksgiving, la fête familiale par excellence aux États-Unis, qui sera célébrée jeudi. Les spécialistes craignent un nouveau pic d’infections dans le pays, déjà le plus touché par la COVID-19, avec presque 260 000 morts. « Même si vous ne pouvez pas célébrer ensemble cette année, vous pouvez trouver des moyens de célébrer quand tout cela sera fini. On fait ça dans ma famille et on fera une sacrée fête quand ce sera fini », a aussi confié Maria Van Kerkhove.
– Agence France-Presse