Des frênes malades transformés en toboggans

Quelques chanceux pourront dévaler une côte enneigée, ce samedi, sur des toboggans fabriqués à la main à Montréal, avec le bois de frênes abattus parce qu’ils étaient infestés par l’agrile.

Ces toboggans ont pris forme dans l’atelier de l’organisme Jeunes marins urbains (JMU), dans le quartier Hochelaga, où on construit habituellement des bateaux.

« Puisqu’on ne pouvait pas tenir nos ateliers de construction de voile-aviron au début de l’hiver, à cause de la COVID, on s’est dit que c’était le moment idéal de voir si on pouvait fabriquer des toboggans », raconte le président de JMU, Yves Plante.

« On a une expertise en pliage de bois, alors on a eu envie de l’utiliser pour autre chose. »

Dans l’atelier, des lattes de bois courbées attendent d’être assemblées. Plusieurs toboggans au design traditionnel s’alignent verticalement au fond – le plus long fait plus de 10 pieds et huit ou neuf enfants peuvent y prendre place.

Avant d’en arriver au produit fini, il faut faire tremper des lattes de frêne, dont le bois a été fourni par la Ville de Montréal, avant de les chauffer à la vapeur pendant quelques heures.

Une fois que les lattes de bois sont rendues plus souples, elles sont pliées pour prendre une forme arrondie, sur un gabarit où elles restent coincées 24 heures. Elles sèchent ensuite dans un cadre pendant quelques jours. Il faut par la suite assembler les lattes : on en utilise six, reliées par des travers. Yves Plante ajoute deux guides sous le toboggan, pour bien diriger la descente. Il suffit ensuite de le vernir et d’y apposer le sigle des JMU.

Pour les résidants

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles a acheté trois de ces toboggans, pour 1300 $. Ce samedi, ils seront mis à la disposition de la population au parc Saint-Jean-Baptiste, dans le cadre du programme de prêt d’équipement Zone active.

« Les adultes trouvent que ça leur fait penser à leur jeunesse, tandis que les enfants voient le potentiel de pouvoir s’amuser à plusieurs », dit Yves Plante, qui a testé ses créations sur quelques buttes de la ville.

« Notre but, c’est de rendre les toboggans accessibles à tout le monde. »

— Yves Plante, président de l’organisme Jeunes marins urbains

D’autres arrondissements songent à acquérir des toboggans pour les mettre à la disposition des résidants.

Découvrir le fleuve

La vente des toboggans est une façon pour l’organisme de financer ses activités.

Les JMU, qui existent depuis 2015, fabriquent habituellement des bateaux à voile-aviron, assez grands pour embarquer 10 personnes. Leur flotte en compte maintenant 10, qui sont utilisés lors de différents évènements visant à faire découvrir le Saint-Laurent.

« Les Montréalais sont des insulaires, mais ils ne le réalisent pas parce qu’ils ne voient pas le fleuve, fait remarquer M. Plante. Quand on les amène sur l’eau, ils sont très étonnés. Ça leur donne une tout autre perspective. »

Des ateliers permettent d’apprendre à fabriquer un vrai bateau, ou alors une maquette pour les plus jeunes.

D’autres évènements (camps de jour, séances d’initiation à la navigation, etc.) permettent d’aller sur l’eau, à partir de Pointe-aux-Trembles, et d’en apprendre plus sur ce fleuve qui baigne Montréal.

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