Consommation d’énergie

Faire mieux ici et à l’international

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) nous dévoilait récemment des chiffres sur le bond spectaculaire des ventes de camions légers, dont des véhicules utilitaires sport (VUS) au Québec en 2020. Il y a eu 140 000 nouveaux achats enregistrés, bouclant une hausse de quelque 170 % depuis 2010.

Cette donnée rappelle que les Québécois, malgré leur électricité entièrement décarbonée, ne font pas bien mieux que les autres citoyens des pays riches en matière de consommation d’énergie.

Nous avons beau souvent nous afficher meilleurs que d’autres en la matière, grâce à notre hydroélectricité, mais la réalité est autre : nous sommes de gros consommateurs d’énergie, au surplus enclins au gaspillage.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous consommons plus d’énergie par habitant que les États-Unis, et quatre fois plus que la moyenne mondiale, selon la dernière édition de l’État de l’énergie au Québec.

Consultez le rapport sur l’état de l’énergie au Québec (HEC, 2021)

Certaines de nos élites politiques à Québec ont déjà fait des gorges chaudes avec le « pétrole sale » de l’Alberta. Or, ce Québec supposément vertueux importe son pétrole brut de l’Ouest canadien pour plus de 45 % de sa consommation.

Rappelons des faits historiques. Nous avons judicieusement misé sur l’hydroélectricité, car nos rivières étaient la principale ressource naturelle que nous pouvions harnacher sur notre territoire.

Les Albertains ont fait de même, soit de mettre en valeur leur ressource locale, mais dans leur cas, des hydrocarbures. Cette richesse a engendré d’importants transferts de péréquation au Canada, dont les Québécois ont largement profité.

Mais avec la crise climatique, les Albertains sont passés du mauvais côté de l’histoire. Cela devrait nous inciter à rester modestes, à apprécier le fait que la géographie nous a grandement souri.

Efficacité énergétique et action internationale

La chose raisonnable à faire dans ce contexte, ce serait de mettre de l’ordre dans notre maison. Ce que nous consommons en matière d’énergie, pouvons-nous le faire plus efficacement ?

Assurément. Cela veut dire consacrer des efforts sérieux en matière d’efficacité énergétique et d’électrification : transport, certes, mais aussi industries, bâtiments, déchets, agriculture, et adoption de comportements plus sobres en carbone. C’est une tâche toujours difficile à entreprendre, puisqu’on parle de changement de valeurs à l’échelle citoyenne.

Toujours selon l’état de l’énergie au Québec, les économies d’énergie possibles sont significatives, avec un potentiel annuel de plus de 20 % en électricité.

Enfin, le Québec, État riche dans le contexte mondial, pourrait faire davantage en matière de contribution internationale à l’urgence climatique.

Seulement un peu plus de 45 % des Africains au sud du Sahara ont accès à l’électricité, plusieurs font encore la cuisson avec de la biomasse ou des sources polluantes, comme le diesel.

Et le continent est en forte expansion démographique (plus de un milliard d’habitants présentement à environ trois milliards d’ici 2100), avec une demande d’énergie qui devrait donc exploser.

L’Afrique héberge pas loin de 20 % de la population mondiale, mais est responsable de moins de 5 % des émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs leaders africains ont levé la voix lors de la COP26 : leurs pays n’ont tout simplement pas les ressources financières pour assumer les coûts de la transition énergétique. Ils ne suivront pas les pays riches dans ce vaste effort de décarbonation, et continueront de consommer beaucoup de charbon et de pétrole si, simultanément, on ne les aide pas à sortir de leur pauvreté énergétique.

La transition énergétique signifie une utilisation accrue de l’électricité à partir de sources propres. Or le Québec dispose d’une expertise de classe mondiale dans ce domaine.

Il y a bien le Programme de coopération climatique internationale (PCCI), qui a contribué, depuis 2017, à hauteur de près d’une trentaine de millions de dollars à des projets d’économie sobre en carbone, réalisés principalement par des ONG et le milieu universitaire.

Cette expertise en électricité devrait être davantage mobilisée, notamment en incluant l’industrie, pour des interventions d’impact ciblées sur l’accès et la transition vers l’électricité durable. Les Africains le demandent, et ce continent est, au surplus, une des priorités de notre action internationale.

La prochaine Conférence pour le climat (COP27) aura lieu en Égypte en novembre 2022, et elle mettra l’accent sur l’Afrique. Ce serait un bon moment pour nous de rehausser nos ambitions, locales et internationales, en matière de consommation d’énergie et d’actions pro-climat.

Consultez les données sur la vente de camions légers au Québec (ISQ)

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