Musique

Sans compromis

Oktoplut
Prochain album : devrait sortir vers la fin de l’été
Label : Slam Disques
Style : Stoner rock

Le passage des décennies a peut-être abîmé la popularité du rock, mais il a aussi permis l’éclosion de nouveaux canaux de transmission très importants pour les groupes au style plus niché. Pour le duo Oktoplut, qui propose un stoner rock bien gras et sans compromis, les services de diffusion en continu (Spotify, Apple Music) sont une bénédiction.

« Aujourd’hui, c’est facile d’écouter et de découvrir de la musique sur internet, et ce n’est pas une mauvaise chose du tout, tranche le guitariste Mathieu Forcier. Pour un band comme le nôtre, cet accès nous permet d’avoir du monde à nos spectacles. Si on avait juste des CD à proposer, ça ne fonctionnerait pas. »

Les statistiques confirment son impression. En 2016 aux États-Unis, le rock a représenté 20 % de toute la musique écoutée par l’entremise des services de diffusion en continu, selon la firme Statista. C’est moins que le hip-hop et le rap (28 %), mais, quand on se souvient qu’aucun album rock n’a figuré parmi les 10 albums les plus vendus cette année-là, on comprend l’importance de cette technologie pour les genres plus marginaux.

Mais qu’en est-il de l’argument monétaire ? La diffusion en continu, c’est connu, n’offre que de maigres redevances aux artistes. Pour Laurence Fréchette, qui s’égosille au micro en plus de tenir les commandes de la batterie au sein d’Oktoplut, c’est une question secondaire.

« Nous, on fait ce qu’on aurait envie d’entendre. On ne pense pas nécessairement à l’argent. »

— Laurence Fréchette, chanteur du duo Oktoplut

Son collègue Mathieu Forcier confirme. « Avec [l’EP] La sorcière de roche, on s’est mis câlicement dans le rouge ! dévoile-t-il. Pas grave. On l’a fait pareil. C’est un cadeau à nous-mêmes. »

Une industrie plus ouverte

Au-delà des possibilités technologiques, les gars d’Oktoplut croient que notre époque se caractérise par une plus grande ouverture à la musique de niche.

« Le rock est moins populaire que dans les années 90, mais le milieu de la musique, lui, est plus ouvert qu’avant, affirme Laurence Fréchette. Par exemple, quand on a joué aux FrancoFolies l’an dernier, ils nous ont mis sur la scène principale. Il y a quelques années, ça n’aurait eu aucun rapport de nous faire jouer là. Ça montre qu’il y a encore une place pour le rock dans l’industrie. »

Oktoplut (un nom qui, précisons-le, se prononce de la façon la plus vulgaire possible) profite de cette conjoncture somme toute favorable pour créer sans limites. Le duo a d’ailleurs enregistré il y a quelques années une reprise de… François Pérusse, subtilement intitulée La politique c’est d’la marde

« Ça représente bien notre approche, commente Laurence Fréchette, sourire en coin. On peut être un groupe de stoner rock et faire une toune de François Pérusse en même temps. Pourquoi pas ? »

Pourquoi pas, en effet.

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