Aide aux entreprises

Québec prolonge la période des impôts

Le temps presse pour plusieurs PME, dit la FCEI, le ministre de l’Économie présentera son plan jeudi

Québec — Alors que les entreprises ont besoin « d’oxygène », frappées économiquement par la pandémie de COVID-19, Québec leur accorde une suspension des paiements de l’impôt et des acomptes provisionnels jusqu’au 31 juillet. Les citoyens ont, quant à eux, jusqu’au 1er juin pour produire leur déclaration de revenus.

« Le temps presse pour plusieurs organisations, particulièrement les petites et moyennes entreprises », a toutefois rappelé mardi Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).

Les chambres de commerce souhaitent entre autres que les gouvernements « versent une aide financière directe d’urgence répondant aux besoins des entreprises et des organismes à but non lucratif à vocation économique, dont les chambres de commerce, pour pallier les pertes importantes de revenus, […] imposent un moratoire sur les paiements de TPS et de TVQ et le versement des charges sur la masse salariale jusqu’au 31 juillet 2020 [et] accélèrent le paiement des factures des entreprises ayant réalisé des contrats publics ».

Annonce saluée par les PME

Dans un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) diffusé mardi matin, 69 % des PME demandaient des allègements fiscaux temporaires, notamment pour le transfert vers les gouvernements des sommes dues en impôts et en taxes de vente. En ce sens, les mesures annoncées par le ministre des Finances ont été applaudies par la FCEI.

« Cette annonce, c’est exactement la marche à suivre. C’est un bon premier pas, il va en falloir d’autres. On sait qu’une analyse rigoureuse est faite et que d’autres annonces s’en viennent. »

— François Vincent, vice-président, Québec, de la FCEI

Il suggère dans un premier temps de permettre aux PME de retarder le transfert de la taxe de vente du Québec qu’elles ont perçue. La FCEI demande en outre aux gouvernements de soutenir les entreprises qui s’engagent à ne pas effectuer de mises à pied en les aidant à financer les salaires des employés.

D’autres annonces pour aider les entreprises sont prévues au cours des prochains jours à Québec et à Ottawa.

Plus de temps pour les citoyens

À Québec, le ministre des Finances, Eric Girard, a aussi annoncé mardi que les contribuables québécois qui devront de l’argent au gouvernement bénéficieront d’un délai supplémentaire pour payer, soit jusqu’au 31 juillet 2020.

Les nouvelles mesures ciblant les entreprises et les contribuables permettront d’injecter 7,7 milliards de liquidités dans l’économie du Québec, a-t-il dit.

« Présentement, on est dans la gestion de la crise, et les entreprises et les individus ont besoin de nous, et on est là pour eux. Il y aura d’autres annonces. […] Ensuite, lorsque la situation se stabilisera, on va regarder pour des mesures de relance », a ajouté le ministre des Finances.

Québec déposera également au cours des prochains mois une révision budgétaire, alors qu’il déposait le budget 2020-2021 la semaine dernière. Selon M. Girard, il est toujours trop tôt pour estimer quelle sera la croissance économique du Québec, alors que les effets de la pandémie ne font que commencer.

500 millions pour des mesures d’urgence

En séance extraordinaire au Salon bleu, mardi, le gouvernement Legault a également débloqué 500 millions pour financer des mesures d’urgence pour faire face à la pandémie.

Dans un point de presse hors du commun, dans le foyer de l’Hôtel du Parlement, les leaders parlementaires des quatre formations politiques ont annoncé la suspension des travaux de l’Assemblée nationale jusqu’au 21 avril. Une dernière séance extraordinaire à quorum réduit s’est tenue en matinée.

Les parlementaires ont adopté des crédits supplémentaires de 2,6 milliards pour financer d’abord des mesures fiscales qui avaient été annoncées par Québec l’automne dernier ; cinq cents millions de dollars de cette enveloppe serviront d’urgence aux mesures pour freiner la propagation du coronavirus.

Un plan pour les entreprises

Cette enveloppe servira notamment à financer un plan que le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, doit annoncer jeudi. Le gouvernement veut mettre en place un système de prêts pour les entreprises en difficulté.

« Ce qu’on va faire, dans un premier temps, c’est d’aider avec des prêts aux entreprises rapidement, et par la suite, il y a une partie de ces prêts qui vont être convertis en aide directe, après analyse des dossiers puis des perspectives pour chacune des entreprises. Mais pour être capable d’aider les entreprises rapidement, on va commencer par des prêts rapides à ces entreprises », disait le premier ministre François Legault lundi.

Les nouveaux fonds financeront également une aide annoncée lundi visant à verser 573 $ par semaine aux travailleurs qui doivent rester en isolement pendant 14 jours et qui ne sont pas dédommagés par un autre programme (l’assurance-emploi, une assurance privée ou un programme de l’employeur). Cette mesure pourrait coûter 150 millions d’ici la fin de l’année.

Les députés ont aussi adopté mardi des projets de loi donnant plus de pouvoirs aux pharmacies et aux infirmières praticiennes spécialisées. Pour accélérer les travaux, les oppositions acceptent de limiter leur temps de parole.

— Avec Karim Benessaieh, La Presse

COVID-19

Une PME sur quatre ne pourra survivre plus d’un mois

La crise de la COVID-19 n’en est qu’à ses débuts au Québec, mais elle frappe les petites et moyennes entreprises. Plus de la moitié d’entre elles, 50,3 % plus précisément, rapportent une diminution significative de leurs ventes et 26 % estiment qu’elles ne pourront survivre plus d’un mois à une forte baisse de leurs revenus, selon un sondage commandé par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). « Des secteurs comme la restauration, les loisirs, l’hébergement, la vente au détail et les services personnels sont très touchés, précise en entrevue François Vincent, vice-président Québec de la FCEI. Il va falloir penser à une aide pour soutenir les travailleurs autonomes et les entrepreneurs qui vont cesser leurs activités. Ces personnes vont se retrouver sans filet. » Le sondage, qui a débuté le 13 mars, rapporte que 43 % des chefs de PME ont réduit les heures de leurs employés ; 20 % ont en outre effectué des mises à pied temporaires. — Karim Benessaieh, La Presse

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