L’étiquette de la vie sans masque (obligatoire)

Depuis une semaine, le port du masque n’est plus obligatoire au Québec. Cette nouvelle réalité peut amener des questionnements… et son lot de situations cocasses ou carrément malaisantes. L’expert en étiquette Charles MacPherson et l’épidémiologiste Nimâ Machouf proposent quelques conseils pour bien interagir avec les autres.

Déterminer son niveau de confort

La première chose à faire, c’est de déterminer, personnellement, quel est son niveau de confort, estime Charles MacPherson, président fondateur de l’Académie Charles MacPherson, une école de formation pour les majordomes de Toronto. Êtes-vous à l’aise de faire des courses sans masque ? De serrer des mains ? D’embrasser vos proches ? « Si vous ne savez pas trop où vous vous situez, ça peut devenir embarrassant, parce que vous ne saurez jamais quoi faire », résume-t-il. Comme la population a acquis une certaine immunité et que le virus rend les gens moins malades qu’avant, la Santé publique a statué qu’il est moins pertinent d’imposer le port du masque à tout le monde, « mais ça ne veut pas dire qu’il est interdit de le porter », rappelle l’épidémiologiste Nimâ Machouf, chargée de cours à l’Université de Montréal.

Garder en tête que les positions varient

Même si le masque n’est plus obligatoire, les conventions sociales ne sont pas les mêmes qu’en 2019 (pas encore, du moins). « Ne tenez pas pour acquis que vous pouvez toucher les gens, que vous pouvez leur serrer la main. Demandez-leur plutôt la permission », conseille Charles MacPherson, qui rappelle que l’étiquette n’est pas un ensemble de règles, mais bien une manière de rendre les autres à l’aise. Nimâ Machouf est du même avis. « C’est peut-être moins spontané, mais ça rend les gens à l’aise », fait valoir l’épidémiologiste, qui invite à faire preuve de tolérance envers la position des autres et à ne pas les brusquer.

Expliquer (poliment) son choix

Si une personne ne se sent pas à l’aise, par exemple, de serrer une main tendue, pas de panique : il suffit d’expliquer poliment son choix. Charles MacPherson dirait quelque chose comme ça : « Pardonne-moi si je ne te serre pas la main. Je ne veux vraiment pas te manquer de respect, mais ça dépasse mon niveau de confort. » « Quand on leur explique que c’est un choix personnel, et non une critique de leur choix à eux, les gens ont tendance à être très à l’aise avec ça », dit-il.

Garder un masque sur soi…

On l’a vu cette semaine : bien des Québécois (voire une vaste majorité) sont à l’aise d’aller faire des courses le visage à l’air libre. Et beaucoup se sont sans doute fait un plaisir de remiser la boîte de masques au fond du placard. Or, il est peut-être plus prudent d’en garder un à portée de main, disent nos deux experts. Si on se retrouve dans une pièce où tout le monde est masqué, ou si on fait la file entre deux personnes âgées masquées, à l’épicerie, on risque de se sentir plus à l’aise de le porter aussi, ne serait-ce que pour mettre les autres à l’aise, indique M. MacPherson. Si on rend visite à des gens vulnérables, mieux vaut enfiler son masque, estime Nimâ Machouf. « C’est un geste qui n’est pas très demandant, dit-elle. Si les gens sont plus inquiets, par respect pour eux, ce serait bien de le porter, sans que ce soit pour autant une obligation. »

… et garder son sang-froid

Selon Charles MacPherson, on devrait se garder de questionner les gens sur leur choix de porter un masque ou de ne pas en porter. Et si on se fait attaquer, l’important, c’est de garder son sang-froid. « Si, par exemple, quelqu’un vient vous voir pour vous dire qu’il vous trouve impoli de ne pas porter de masque, rappelez-vous que c’est la peur de la maladie qui parle », dit-il. Contre-attaquer en retour ne servira à rien. M. MacPherson conseille d’expliquer à la personne qui a peur qu’en fonction des renseignements qu’on a, on se sent personnellement à l’aise de ne pas le porter, que l’obligation a été levée, mais qu’on le mettra avec plaisir si ça la rend plus à l’aise.

Conserver ses nouveaux réflexes

Il fut un temps où on envoyait fiston chez grand-maman même si son nez coulait et où on se pointait au travail malgré une grippe carabinée. Selon Nimâ Machouf, cette époque est révolue. Les gens sont plus conscients aujourd’hui qu’ils peuvent transmettre des infections aux autres. « Quand on est malade, peu importe la maladie, on sait qu’on ne doit pas donner la main et donner des bisous », dit Nimâ Machouf, qui s’attend à ce que les gens gardent le réflexe de porter un masque quand ils traînent un virus.

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