Bière

Rate Beer Awards :  le Québec s’illustre encore

Le grand talent des microbrasseurs du Québec a de nouveau été souligné à l’occasion des Rate Beer Awards, qui récompensent les bières les plus appréciées par les centaines de milliers de membres du site américain lancé il y a près de 20 ans. Alors que l’IPA du Nord-Est, de Boréale, avait fait grand bruit l’an dernier en s’imposant comme la meilleure India Pale Ale au monde, trois brasseries du Québec ont vu leurs créations récompensées cette année dans trois autres catégories chaudement disputées. Ainsi, la Lupulus, de la Microbrasserie Charlevoix, a été choisie meilleure ale forte de type belge; la IXPL, des Prairies de Maltström, a été élue meilleure India Pale Lager, alors que Pit Caribou a terminé premier dans la catégorie des ales brunes grâce à sa Brown Ale Américaine. — Pierre-Marc Durivage, La Presse

À BOIRE

Le renouveau sud-africain débarque ici

MALMESBURY — En Afrique du Sud, une nouvelle garde de vignerons s’affaire à mettre en valeur le terroir du pays. Plusieurs de leurs vins sont maintenant offerts chez nous. Et la dégustation met en relief la richesse viticole du pays arc-en-ciel.

En quittant la ville universitaire de Stellenbosch, connue comme la capitale du vin du pays, la route sinueuse qui mène vers le nord dévoile un décor sauvage et montagneux. Au bord du chemin, des panneaux appellent à la vigilance : des babouins pourraient traverser.

Près d’une heure après avoir quitté Stellenbosch, l’horizon s’ouvre sur une région verdoyante : le Swartland. Longtemps connu pour la culture du blé et ses terres abordables, l’endroit est devenu le lieu de rendez-vous d’une nouvelle génération de vignerons qui réinvente les vins du pays arc-en-ciel.

Eben Sadie marche dans son champ d’où jaillissent d’énormes insectes volants.

« Ici, les insectes nous mangent, on est en Afrique, après tout », dit le producteur avec un sourire en coin.

Sadie est une référence dans le pays. Il a été l’un des premiers à s’intéresser aux vieilles vignes oubliées et négligées du Swartland, il y a 20 ans. D’autres se sont rapidement joints à lui, créant ainsi un mouvement, le Swartland Independent Producers, dont la philosophie se répand désormais ailleurs au pays.

PROTÉGER LES VIEILLES VIGNES

Après trois décennies, la vigne produit moins de fruits, elle engendre en revanche des vins d’une plus grande complexité.

Les vieilles vignes représentent moins de 3 % des 93 021 hectares de vignes du pays et elles sont surtout du chenin blanc, le cépage le plus répandu au pays. Afin de les protéger et de les valoriser, une viticultrice locale, Rosa Kruger, a mis sur pied une certification unique au monde, l’« Old Vines Project ».

« Le terme “vieilles vignes” n’est pas réglementé ailleurs dans le monde, explique André Morgenthal, l’un des responsables du projet. N’importe qui peut l’écrire sur ses bouteilles. On a créé la première certification qui garantit et évalue l’âge des vignes. Ça permet de protéger cet héritage. »

D’autres variétés comme le tinta barroca, le sémillon et le grenache ont été plantées il y a plus de 30 ans. Elles suscitent de nouveau l’intérêt.

Le cinsault connaît lui aussi un regain de popularité. Le jeune vigneron Alexandre Milner a commencé à s’intéresser à ce cépage en 2005, alors qu’il n’avait que 23 ans. Pendant longtemps, le cinsault n’avait pas bonne réputation en Afrique du Sud. Il servait surtout à diluer les rouges à base de cabernet-sauvignon, souvent trop puissants.

« Les fermiers avaient honte de me vendre les raisins, se souvient-il. Personne ne voulait du cinsault. »

Ce cépage est désormais l’un des plus recherchés par les producteurs, car il engendre des rouges souples, d’une grande élégance, dont les parfums rappellent ceux de la garrigue locale, un mélange de plantes et d’arbustes aromatiques appelé fynbos.

NOUVEAUX TERROIRS

De retour à Stellenbosch, le soleil se couche sur la montagne Simonsberg, inondant les vignes du domaine Thelema d’une lumière orange.

Le vigneron Thomas Webb contemple le spectacle. Sa famille est installée dans la région depuis la fin des années 80. Depuis 2002, elle s’intéresse également à une autre région, plus fraîche, celle d’Elgin, où elle produit du pinot noir.

« L’Afrique du Sud est encore dans son adolescence, croit Thomas Webb. Les premiers vignobles datent de 1659, mais on sera jugé sur les vins que nous faisons maintenant. »

Car d’autres, comme lui, sont en quête de nouveaux endroits pour exprimer le vin sud-africain. Ses sols de granite décomposé sont parmi les plus vieux terroirs viticoles du monde et ils nous réservent encore beaucoup de surprises.

POUR GOÛTER

CHENIN GOURMAND

Les vieilles vignes de chenin blanc sont balayées par l’air frais qui provient de la baie False au domaine De Morgenzon à Stellenbosch. Le résultat dans le verre est séduisant. Après un court élevage en fût de chêne, les arômes de citron et de pêche jaune se fondent dans une texture ronde et pas trop fruitée. Pendant l’élevage, les lies ont été remuées (bâtonnage) afin d’apporter du gras. Et ça fonctionne. Les pâtes Alfredo et celles aux crevettes seront une combinaison parfaite.

De Morgenzon DMZ Chenin Blanc 2018, 17,65 $ (12591434)

MAGNIFIQUE CINSAULT

Jasper Wickens a travaillé aux côtés d’Adi Badenhorst – connu pour ses cuvées Sécateurs – avant de vinifier ses propres cuvées. Son assemblage de cinsault, de grenache et de tinta barroca est un pur délice. La robe de couleur très pâle rappelle celle d’un pinot noir. Une fois versé, le vin sent les fruits frais et le parfum des fleurs sauvages. Sur les papilles, une subtile trame d’épices douces ajoute de la nuance dans une bouche moyennement corsée. C’est long et très bon.

JC Wickens Swerwer Swartland 2018, 29,75 $ (14207694)

PLUS DE CHENIN BLANC

Andrea et Chris Mullineux font partie de ce mouvement de vignerons indépendants du Swartland qui réinventent les vins du pays. Leurs cuvées sont d’une grande pureté, comme le démontre ce chenin blanc. Il s’ouvre sur des arômes primaires de raisin et de pomme verte. Une fois en bouche, la magie se produit : la texture grasse et ronde dévoile des notes de fleurs et de miel. Délicieux pour le prix. En 2010, les Mullineux ont commencé à vinifier des cuvées selon le type de sol où poussent les vignes – granite, fer et schiste. Envie de faire une folie ? Il reste quelques (rares) bouteilles de leur syrah (12863989), dont les vignes sont plantées dans un sol plus ferreux. Sa trame épicée et puissante vaut les 144 $.

Mullineux Kloof Street Swartland 2019, 22,10 $ (12889409)

NOUVELLE RÉGION

David Trafford élabore du vin depuis les années 90 dans la région de Stellenbosch. En 2000, il a eu un coup de cœur pour une terre du sud du pays, à quelques kilomètres de la mer, plus précisément à Malgas. Son sol de galets roulés n’est pas sans rappeler celui de Châteauneuf-du-Pape. C’est pourquoi il a planté plusieurs cépages de la vallée du Rhône, dont la syrah et le mourvèdre. En plus de ces deux variétés, la cuvée 2016 réunit la touriga nacional, la trincadeira et le cabernet-sauvignon. Dans le verre, ce rouge dévoile des parfums de poivre et de fruits noirs. En bouche, les notes fumées et de noyaux de cerise se fondent dans une trame gourmande.

Sijnn Low Profile 2016, 29,95 $ (12687743)

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