Recordman du marathon

Kelvin Kiptum meurt dans un accident de la route

Nairobi — Le détenteur du record du monde du marathon, Kelvin Kiptum, grand favori pour le titre olympique de la discipline aux Jeux de Paris l’été prochain, est mort dans un accident de la route dans le centre du Kenya dimanche soir à l’âge de 24 ans.

« L’accident s’est produit vers 23 h [15 h, heure de Montréal]. La voiture avait trois occupants. Deux sont morts sur le coup tandis qu’un a été transporté à l’hôpital », a déclaré à la presse le commandant du comté d’Elgeyo Marakwet, Peter Mulinge, confirmant que « les deux [morts] sont Kiptum et son entraîneur », Gervais Hakizimana.

« C’est Kiptum qui conduisait en direction d’Eldoret et le conducteur a perdu la maîtrise [du véhicule] […], tuant les deux sur place. Une passagère a été blessée et a été transportée d’urgence à l’hôpital », a-t-il ajouté.

Kiptum avait fait une irruption tonitruante dans le monde du marathon, battant le record du monde de la discipline à Chicago en octobre dernier (2 h 35 s), pulvérisant de 34 secondes le temps de son compatriote Eliud Kipchoge, pour le troisième marathon de sa carrière seulement.

Le Kényan avait annoncé qu’il allait tenter de devenir le premier homme à courir un marathon officiel sous la barre symbolique des deux heures à Rotterdam, le 14 avril.

Kiptum a perdu la vie non loin de ses routes d’entraînement et de son village d’origine de Chepkorio, à une quarantaine de kilomètres d’Eldoret, dans la vallée du Rift, haut lieu de la course de fond kényane.

Il était entraîné par le Rwandais Gervais Hakizimana, qui avait rencontré Kiptum pendant ses séjours d’entraînement au Kenya.

« Nous sommes bouleversés et profondément attristés d’apprendre la mort de Kelvin Kiptum et de son entraîneur, Gervais Hakizimana », a commenté Sebastian Coe, président de World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme, saluant dans un communiqué « un athlète extraordinaire qui laisse un héritage extraordinaire ».

« Il nous manquera », conclut-il.

Ce décès rappelle la mort brutale d’un autre grand marathonien kényan, Samuel Wanjiru, au même âge en 2011, après son titre olympique en 2008 aux Jeux olympiques de Pékin.

« Courir, manger, dormir »

Kiptum avait ébahi le monde de la course à pied en réussissant l’exploit de s’emparer du record du monde à Chicago en octobre dernier.

Sa mort, alors que la gloire lui semblait promise cette année, est aussi brutale que l’avait été son ascension.

En octobre dernier, le jeune Kényan avait volé sur le bitume de Chicago, accélérant sans fléchir pour battre le record du monde, moins d’un an après son premier essai sur la distance à Valence, en Espagne (2 h 1 min 53 s en décembre 2022).

Une trajectoire folle, à l’opposé de celle du plus grand coureur de l’histoire, Eliud Kipchoge, contre qui il n’aura jamais couru.

Kipchoge, âgé de 39 ans, double champion olympique et ancien recordman du monde, avait, lui, triomphé après une carrière construite par étapes, d’abord sur la piste jusqu’à ses 27 ans. Il vise un troisième titre olympique à Paris l’été prochain.

« Quand on faisait des séances de côtes dans la forêt près de chez lui, il était petit mais nous suivait, pieds nus, après avoir gardé les chèvres et les moutons. C’était en 2013, il n’avait pas encore vraiment commencé la course à pied », racontait Gervais Hakizimana à l’Agence France-Presse en octobre.

Kiptum a commencé à courir régulièrement en 2016. En 2019, il avait réussi deux semi-marathons très rapides en deux semaines (60 min 48 s à Copenhague, puis 59 min 53 s à Belfort, en France) lorsque Hakizimana lui avait proposé de le coacher pour le marathon.

Forçat de l’entraînement, Kiptum courait régulièrement plus de 250 km par semaine, et parfois plus de 300, des chiffres rares même au très haut niveau, assurait son entraîneur, qui échangeait avec son coureur en swahili et en anglais.

« À Chepkorio, on habite ensemble. Il me loue une chambre. C’est tout prêt de chez lui, mais il vaut mieux qu’il ne rentre pas, il faut qu’il se concentre, il y a la famille, des enfants… Il faut se fermer. Il ne fait que courir, manger, dormir », ajoutait le coach à propos de son athlète, entièrement dédié à sa quête.

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