Laval et Longueuil

Deux candidats s’unissent pour combattre la crise du logement

Deux candidats à la mairie de Laval et de Longueuil s’uniront ce mercredi pour promettre la tenue d’un vaste « sommet sur l’habitation » qui se tiendrait dans la première année de leur mandat, a appris La Presse. Ils comptent proposer plusieurs solutions à la crise du logement, dont le recours à des fiducies d’utilité sociale.

« On a décidé de s’allier parce qu’on est des candidats de la nouvelle génération et que donc, on a dans nos entourages plusieurs proches qui vivent des difficultés liées au logement. Disons qu’on est vraiment à même de bien comprendre ces difficultés-là », affirme la cheffe de Coalition Longueuil, Catherine Fournier.

Elle sera ce mercredi aux côtés de Stéphane Boyer, le nouveau chef du Mouvement lavallois, parti du maire sortant de Laval, Marc Demers.

« On est rendus à un point critique. Et il n’y a pas une ville qui peut régler à elle seule l’enjeu de l’abordabilité du logement. »

— Stéphane Boyer, chef du Mouvement lavallois

Les deux candidats, âgés de 29 et 33 ans, s’entendent sur le fait que la question de l’habitation sera « centrale » pour les électeurs lors des prochaines élections, et ce, dans la majorité des grandes villes du Québec.

« C’est pour ça qu’on veut vraiment réunir l’ensemble des paliers : le municipal, le provincial et le fédéral. En s’unissant tous les deux, on pense qu’on peut avoir l’impulsion nécessaire pour convier tout le monde autour d’une table », dit Mme Fournier, qui promet de convier aussi les associations de logement, le milieu syndical et les entreprises d’économie sociale.

Zoom sur les fiducies d’utilité sociale

Une série de « propositions concrètes » seront faites ce mercredi, en guise de préambule au sommet que veulent tenir les deux aspirants à la mairie, dans le but de s’attaquer à la crise du logement locatif et à la surchauffe du marché immobilier.

En outre, le duo soulignera notamment la nécessité de mettre de l’avant les fiducies d’utilité sociale, un outil « 100 % québécois » qui permet de faire un « développement différent » du marché, à la manière de coopératives de propriétaires qui se soutiennent les uns les autres. « En Estrie, par exemple, on a déjà des exemples de ce modèle », fait valoir Catherine Fournier, en faisant référence à la Coopérative d’habitation Havre des Pins, située dans un quartier du nord de Sherbrooke, la première de son genre.

Au Québec, jusqu’ici, la plupart, sinon la quasi-totalité, des coopératives fonctionnent sur une base de location. Le modèle de fiducie, lui, permet d’accéder à la propriété tout en conservant l’abordabilité du logement, soutiennent les deux candidats.

L’été dernier, l’organisme Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS) a publié un guide sur les fiducies d’utilité sociale. On y lit que celles-ci font « figure d’exception dans le droit de propriété », puisqu’elles sont consacrées « à une vocation dont le bénéfice est collectif », au lieu d’être détenues par une personne morale.

Comme il s’agit d’une entité composée de plusieurs personnes qui possède le logement, cela en fait un « véhicule très prometteur » pour le logement social, selon l’organisme, pour qui la fiducie se veut par ailleurs plus inclusive que la coopérative, dont les conseils d’administration sont la plupart du temps réservés aux membres.

« On veut pouvoir inspirer les gens, parce qu’on croit qu’il y a place à l’innovation en matière de logement. La fiducie, pour nous, c’est une manière parmi d’autres d’être innovant », affirme Stéphane Boyer à ce sujet.

Début septembre, un sondage de la firme Mainstreet donnait 44,5 % des intentions de vote à Catherine Fournier à Longueuil, où plus de 32 % des électeurs demeurent toutefois indécis. Ses adversaires, Josée Latendresse, Jacques Létourneau et Jean-Marc Léveillé, récoltaient pour leur part moins de 10 %. À Laval, le « dauphin » de Marc Demers, Stéphane Boyer, n’a pas encore d’idée de son score, puisqu’aucun sondage n’a encore été commandé, mais l’appui du maire sortant pourrait lui conférer une longueur d’avance.

Au moins un autre candidat, le chef d’Action Longueuil et ancien président de la CSN Jacques Létourneau, compte lui aussi tenir un Sommet sur l’habitation pour « asseoir les associations de locataires » de la région. Catherine Fournier, toutefois, rétorque que son projet est « plus vaste », car il veut s’adresser à tout le Québec et non « seulement à Longueuil » ou à une municipalité en particulier.

Débat musclé à Québec

Québec — Le premier débat entre les candidats à la succession de Régis Labeaume a donné lieu mardi soir à de nombreuses escarmouches à propos du tramway, des taxes ou encore du troisième lien.

Les cinq candidats n’ont pas ménagé les attaques, lors de ce débat organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Québec. La dauphine de M. Labeaume a d’ailleurs lancé plusieurs pointes envers Bruno Marchand, chef de Québec forte et fière.

Marie-Josée Savard a fortement réagi lorsque M. Marchand, qui avait répété depuis le début de la campagne vouloir augmenter les taxes résidentielles en fonction de l’inflation, a précisé au fil des échanges que ces hausses seraient plafonnées à 2,5 %.

« On vient d’ajouter un nouveau chapitre au livre “Les taxes selon Marchand”. Chaque fois qu’on pose des questions sur les taxes, il y a d’autres choses qui s’ajoutent », a lancé la cheffe d’Équipe Marie-Josée Savard.

« On est capables d’expliquer nos choses en deux lignes, vous [M. Marchand], je pense que ça prend deux pages ! »

— Marie-Josée Savard, dauphine du maire Labeaume

La candidate faisait référence à la volonté de M. Marchand de mettre en place une redevance pour les promoteurs qui voudraient construire des projets le long du tracé du futur tramway. M. Marchand avait été imprécis il y a deux semaines lorsqu’il avait parlé de cette mesure pour la première fois.

« Oui, les promoteurs qui vont s’enrichir avec le tramway devraient payer une redevance. Ça ne changera rien pour les citoyens. Pour nous, c’est du courage, d’aller chercher de nouveaux capitaux », a lancé Bruno Marchand, qui note qu’en 2024, la Ville devra sortir de ses coffres 84 millions pour le tramway.

« L’argent ne pousse pas dans les arbres, Mme Savard », a lancé M. Marchand, qui promet par ailleurs de baisser les taxes des commerçants s’il est élu.

Gosselin qualifié de « naïf »

Des débats animés ont aussi, bien sûr, eu lieu à propos du tramway. Un seul des cinq candidats veut faire avorter le projet et promet plutôt un métro léger. Les opposants de Jean-François Gosselin doutent du réalisme de ce projet, surtout qu’il promet de le réaliser avec l’enveloppe de 3,3 milliards dévolue au tramway.

Selon le chef de Québec 21, le gouvernement de François Legault « n’aura pas le choix » de financer son projet.

« Si je vais chercher un mandat des citoyens de la ville de Québec, le gouvernement n’aura pas le choix de respecter la décision des citoyens. C’est ça, la démocratie », a lancé M. Gosselin, qui propose par ailleurs un gel des taxes pour deux ans.

Ces propos ont visiblement irrité le chef de Démocratie Québec, Jean Rousseau. « Vous pensez qu’être élu va faire en sorte que le gouvernement vous donne tout ce que vous désirez. Je m’excuse, mais ça ne fonctionne pas comme ça. C’est naïf. »

M. Rousseau a critiqué l’administration Labeaume et Mme Savard à propos des arbres qui seront coupés pour le tramway.

« La coupe d’arbres avec vous, c’est une loterie. On était à 1700, là, on est rendus à 600. Ce sera combien d’arbres ? »

— Jean Rousseau, chef de Démocratie Québec, s’adressant à Marie-Josée Savard

Il a aussi réitéré son souhait que le tunnel Québec-Lévis soit entièrement réservé aux transports en commun.

Jackie Smith, cheffe de Transition Québec, est la seule candidate à s’opposer catégoriquement au tunnel cher au gouvernement Legault.

« C’est un projet qui menace de défigurer la ville de Québec, dont vous voulez devenir maire », a lancé Mme Smith, qui propose une série de mesures importantes pour affronter la crise climatique.

Un autre débat télévisé aura lieu le 20 octobre.

Premier débat à Longueuil

Les candidats croisent le fer sur la hausse des taxes

Faut-il taxer davantage les citoyens à Longueuil ? Comment y réduire les émissions de gaz à effet de serre ? À un mois du jour du scrutin, les quatre principaux candidats à la mairie de la cinquième ville du Québec en nombre d’habitants ont participé à un tout premier débat.

Sur les ondes du 103,3 FM, on retrouvait la députée de Marie-Victorin Catherine Fournier (Coalition Longueuil), l’ex-président de la CSN Jacques Létourneau (Action Longueuil), l’entrepreneur Jean-Marc Léveillé (Longueuil Citoyen) et la femme d’affaires Josée Latendresse (Longueuil Ensemble), qui avait perdu la course à la mairie par 110 voix à peine en 2017.

La question de la hausse des taxes a rapidement divisé les candidats, quand Josée Latendresse a réitéré sa promesse de « geler les taxes » pour offrir une « première aide directe aux entreprises ». « Quand on parle de promesses de millions en disant qu’on va geler les taxes, je m’inquiète du cynisme qu’on va créer, parce qu’on ne sera pas capables de livrer la marchandise », lui a rétorqué Catherine Fournier, dont le parti mise sur des hausses limitées à l’inflation.

L’ancien président de la CSN est aussi de cet avis.

« Une ville qui a besoin de développement économique doit être capable de s’accoter sur une fiscalité réaliste. Il n’y a rien d’épouvantable là-dedans quand on a des aspirations en termes de projets de développement. »

— Jacques Létourneau, chef d’Action Longueuil

À Longueuil Citoyen, Jean-Marc Léveillé vise idéalement un gel de taxes. Il a affirmé qu’« il y a d’autres moyens » de développer la ville que de taxer ses citoyens.

Faire débloquer les transports collectifs

Tous les candidats s’entendent sur le fait que Longueuil a été négligé en matière de transports collectifs dans les dernières années. Catherine Fournier, d’abord, a dit soutenir le projet de tramway appelé LÉEO (lien électrique est-ouest), présenté l’an dernier par la mairesse Sylvie Parent, qui relierait la station de métro de Longueuil et la station Panama du futur REM à Brossard. « Il ne faut pas manquer, du même coup, l’occasion de redévelopper l’axe Taschereau », a-t-elle ajouté.

De son côté, Josée Latendresse veut miser sur l’électrification des parcs de véhicules et « se donner un outil de mesure » pour « ajuster nos parcours » et « changer nos garages ». « Il faut mettre à jour notre Plan d’aménagement et de développement, pour le rendre plus ambitieux », a-t-elle plaidé, appelant à « nantir » le Fonds vert de la Ville et à aménager plus de pistes cyclables, en faisant de la place au vélo-partage.

« Le principal problème en lien avec les GES, c’est l’automobile. Il y a des chars partout ! », a affirmé de son côté Jacques Létourneau, selon qui l’essentiel est surtout d’avoir un « échéancier », au-delà du mode de transport. « Est-ce que ça s’appelle un tramway, un REM ? On va surtout se battre pour avoir un échéancier – 2029, 2035, 2040 ? Tant qu’on ne s’y attaque pas, on va continuer à rouler dans nos voitures. »

M. Léveillé a déploré que l’administration Parent n’ait « même pas levé le doigt » pour conserver les 30 millions donnés au Réseau de transport de Longueuil (RTL), qui s’est vu retirer en octobre 2020 son bureau de projet pour étudier le prolongement de la ligne jaune du métro et le tramway sur l’axe Taschereau.

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