Violence sexuelle

Pas d’agresseur, pas de victime

Les services en matière de délinquance sexuelle font partie de la solution

Le phénomène de l’agression sexuelle est une problématique préoccupante dans notre société. Le mouvement social #moiaussi a donné une voix aux victimes de ces violences et a permis de mettre en lumière ce phénomène dévastateur.

Dans la foulée de cette prise de conscience collective, plusieurs changements se sont opérés. L’aide gouvernementale accordée a été bonifiée de façon significative et des actions ciblées ont été mises de l’avant. Les médias se sont aussi davantage intéressés à cette réalité et de nombreux reportages, articles d’enquêtes et documentaires ont ainsi été produits, dont tout dernièrement Les collectionneurs d’enfants, de Paul Arcand, portant sur la cyberpédophilie au Québec.

Oui, il est possible de prévenir

Le Regroupement des intervenants en matière d’agression sexuelle (RIMAS) comprend plus de 250 intervenants spécialisés en délinquance sexuelle, tant sur le plan de l’intervention clinique que sur le plan de la recherche.

Pour nous, il est important de faire savoir qu’il existe depuis plus de 30 ans un peu partout au Québec des ressources offrant des services spécialisés en délinquance sexuelle.

Différents programmes de traitement qui répondent aux besoins diversifiés des auteurs d’agressions sexuelles sont en effet offerts dans plusieurs régions du Québec.

Nous croyons fermement qu’il est important de parler de ces services. D’une part, afin de contribuer à rassurer les victimes que leur dénonciation est entendue et que des actions sont déployées. D’autre part, pour que les individus qui craignent de passer à l’acte sachent que de l’aide est disponible. Prétendre que l’aide n’existe pas est donc nuisible.

Annuellement, près de 1300 individus demandent un suivi spécialisé en délinquance sexuelle auprès des différentes organisations offrant des services en communauté au Québec. La littérature scientifique rapporte que les auteurs d’infraction à caractère sexuel ayant accès à nos services réduisent leur risque de récidive de 40 %. On y apprend aussi que la très grande majorité des gens ayant commis un geste de nature pédophilique n’ont pas un intérêt sexuel circonscrit et durable envers les enfants et que l’attirance sexuelle exclusive à l’endroit d’enfants est une exception plutôt qu’une règle.

En somme, les services aux auteurs d’agressions sont essentiels dans la lutte contre les violences sexuelles. S’il n’y a pas d’auteur, il n’y a pas de victime.

La volonté est là

Le réseau de prévention, d’évaluation et d’intervention en délinquance sexuelle québécois a reçu l’appui des différents ministères concernés par la problématique des violences sexuelles au cours des dernières années. Dans la Stratégie gouvernementale intégrée pour contrer la violence sexuelle, la violence conjugale et Rebâtir la confiance 2022-2027, plusieurs actions démontrent une volonté gouvernementale à reconnaître l’importance du travail effectué auprès des auteurs de violence sexuelle. Douze des cinquante-huit actions choisies auront des impacts directs ou indirects sur les auteurs potentiels.

Cette volonté représente un pas important dans la bonne direction.

Sur le terrain toutefois, les enjeux sont les mêmes que dans bien d’autres secteurs en matière notamment de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre qualifiée.

Les services existent. Il faut maintenant avoir les intervenants pour en assurer le déploiement.

Retenons toutefois que bien qu’il reste du travail à faire et des améliorations à apporter, la situation actuelle est meilleure que celle d’il y a cinq ans. Et nous continuerons à déployer tous les efforts nécessaires pour contribuer activement à la lutte contre les violences sexuelles.

Parce qu’une victime est toujours une victime de trop.

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