Glen LeMesurier

L’empreinte urbaine d’un artiste

Certains artistes sont plus proactifs que d’autres pour donner de la visibilité à leurs œuvres. Glen LeMesurier a choisi de faire exister ses sculptures sur les domaines public et privé en allant sonner aux portes des maisons du Mile End ! Chaque fois, il tente de convaincre les résidants d’en adopter une sur leur terrain. Et ça marche !

Le cerveau de Glen LeMesurier a la forme du quartier Mile End ! En effet, rarement a-t-on vu à Montréal un artiste aussi impliqué au sein de son environnement. Déterminé à faire connaître son art, il désire le faire partager et éveiller chez ses voisins le plaisir de contempler ses sculptures créées en recyclant des pièces métalliques.

Ce recyclage est sa signature. Glen LeMesurier réalise des sculptures en assemblant des objets métalliques trouvés dans des décharges industrielles. Il en a déjà vendu au Cirque du Soleil et à la firme Ubisoft. Il installe également ses œuvres à la patine rouillée sur le domaine public et privé.

Son atelier se trouve au bord de la voie de chemin de fer du CN, à l’angle de la rue Waverly et de l’avenue Van Horne. Tout près de là, il a « conquis » une friche industrielle en y plaçant – petit à petit et discrètement… la nuit ! – 55 de ses sculptures d’acier. Logiquement baptisé Le jardin du crépuscule, ce lieu sauvage et fleuri est finalement devenu, après quelques péripéties municipales, un espace vert officiel de Montréal.

UNE ŒUVRE EN ÉCLOSION

Comme son Jardin du crépuscule commence à être saturé, Glen LeMesurier essaime son quartier de ses créations. Un projet qu’il a intitulé Éclosion. Ses sculptures sont solidement ancrées devant des maisons de particuliers, dans le quadrilatère comprenant les rues Waverly et Saint-Urbain et les avenues Van Horne et Fairmount.

« Depuis l’an dernier, j’ai approché 60 propriétaires pour leur proposer d’installer gratuitement des sculptures en face de leur maison. J’en ai déjà placé 23 ! »

— Glen LeMesurier, sculpteur

La documentariste Marie Sterlin, qui habite rue Waverly, a eu un coup de foudre en découvrant les œuvres de LeMesurier. Elle été la première à en accueillir une devant chez elle. « Ça fait 20 ans que je suis folle de son travail et de sa présence dans le quartier », dit-elle.

Les gens du quartier qui acceptent une de ses œuvres – dont pas mal d’artistes – n’en deviennent pas propriétaires pour autant. Mais ils peuvent l’acquérir. « Ça m’est arrivé déjà deux fois », dit Glen LeMesurier.

Au café Maestro, à l’intersection de Saint-Viateur et de Saint-Urbain, Eva Zaborowska expose aux murs de son commerce de petites œuvres de Glen LeMesurier. Des coffrets qui renferment des objets hétéroclites comme un fer à cheval, une clochette ou un presse-purée et qu’il vend quelques centaines de dollars.

« C’est lui qui a créé le grillage en fer forgé du café, dit-elle. C’est comme ça que j’ai connu le sculpteur du quartier ! »

« Dans le coin, il est très apprécié, ajoute son fils, Randy Chattou. Son approche est délicate malgré les matières qu’il utilise. Il fait connaître le côté village et bohémien du Mile End. »

VISITES GUIDÉES

L’intérêt pour les sculptures de Glen LeMesurier ne se dément pas et dépasse maintenant les frontières du Mile End. Dyad, une boutique d’« écomobilité » du Plateau qui organise des tours en scooters électriques, montrera les sculptures à ses clients cet été. « Ça va faire partie de nos activités à la fin du mois », dit Nancy Joseph, responsable des visites guidées chez Dyad.

L’artiste organisera lui aussi des visites guidées de ses œuvres le 21 août prochain. « Je suis en train de mettre des plaques près des sculptures pour rendre les circuits plus intéressants », dit-il.

Déterminé, Glen LeMesurier ne roule toutefois pas sur l’or. « Parfois, je me demande pourquoi je fais encore ça, dit-il. Mais bon, je fais aussi de petits travaux pour des gens du voisinage. Ça m’aide. »

Ayant déjà exposé ses œuvres près de l’ancien Forum, dans le Vieux-Montréal et au parc des Faubourgs, Glen LeMesurier se réjouit de voir ses œuvres se multiplier. Le parc régional de Saint-Bernard-de-Lacolle en a installé 35 l’an dernier. Et les habitants du Mile End sont en train de lui monter une sorte d’exposition permanente.

« Je suis chanceux, dit-il. J’ai créé un parc en ville. Mes œuvres se retrouvent dans un parc à la campagne et maintenant j’ai ce projet Éclosion. C’est quand même 150 œuvres un peu partout en plein air ! Et je préfère les voir sur le domaine public que dans mon studio. »

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