Société

100 $ au lieu de 4,99 $ pour 350 ml de désinfectant

Ce qui n’était qu’une bouteille insignifiante dans le fond d’un tiroir serait devenu de l’or liquide, à en croire les particuliers qui cherchent à revendre gels désinfectants et masques sanitaires à prix fort sur les plateformes de petites annonces québécoises.

Mardi, les spéculateurs surfaient plus que jamais sur la vague de la psychose coronavirale avec des offres proliférant plus rapidement que l’épidémie elle-même.

Attention, les tarifs font l’effet d’un désinfectant sur une plaie : ça pique, et pas à peu près.

Jadis, il y eut les grands alchimistes, qui cherchaient à transformer le plomb en or. Aujourd’hui, il y a les petits malins, qui tentent de convertir le gel désinfectant en argent.

Il suffit de taper Purell sur la plateforme de recherche Kijiji pour commencer à ressentir des symptômes d’étouffement : ici, une bouteille de 591 ml vendue 70 $ ; à peine consultée, une autre annonce est publiée, demandant 100 $ pour un gel de marque Personnelle, dont le prix courant est plutôt de 4,99 $ chez Jean Coutu ; là, une trousse complète du parfait survivant comprenant 10 masques, des lingettes et un vaporisateur Lysol ainsi que quatre mini-Purell – allez, on vous fait un prix de gros : 128 $. Toutes ces offres ont été publiées par des particuliers montréalais.

En temps normal, on hurlerait au fou, puis on irait tranquillement se procurer ces produits, pour une fraction du prix, dans les magasins et pharmacies du coin. Le hic, c’est que les Walmart et Jean Coutu de ce monde affichent des ruptures de stock. Alors, en ces ères de pénurie, on spécule sans pitié sur le marché de la revente.

Gel des prix

Nous avons eu quelques échanges avec certains de ces vendeurs. La plupart ont refusé toute tentative de négociation du prix. « Chacun ses priorités », assène l’un d’eux, offrant une bouteille de 500 ml de gel désinfectant à 100 $. « Je le vends pour quelqu’un, on m’a dit de le mettre à ce prix », esquive une utilisatrice, cédant le même type de bouteille à 70 $ (prix neuf : 10,99 $). 

Quand on fait remarquer que les tarifs sont plutôt épicés, certains renvoient aux annonces pour les mêmes produits. Par exemple, on vous envoie des captures d’écran pour vous démontrer que les prix des paquets de 10 masques tournent autour de 80 $. « Mes prix sont justes », en conclut cet autre vendeur, qui reconnaît qu’il pratique ces tarifs en raison de la pénurie. « Je suppose que vous magasinez [sur Kijiji] parce qu’il n’y a plus rien en magasin », nous lance un de ses concurrents, qui vend un lot de masques et de désinfectants à prix fort, refusant une contre-offre basée sur le prix du neuf.

Sur Marketplace, la plateforme de vente d’occasion de Facebook, le phénomène est moins marqué, mais recèle tout de même quelques perles : « Désinfectant pour les mains contre le coronavirus – 76 $ », annonce un vendeur, publiant plusieurs photos du produit, dont une où apparaît encore le prix neuf, imprimé au dos : 4 $.

Quelques-unes de ces annonces ont disparu au bout d’une poignée d’heures. 

Faire soi-même son désinfectant ?

Un document de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) expliquant comment produire un gel désinfectant circule beaucoup sur le web ces derniers temps. Se lancer dans un tel projet n’est pas la meilleure des idées : d’une part, la fiche de l’OMS s’adresse aux professionnels de la santé uniquement, et d’autre part, certains ingrédients sont difficiles à obtenir par le grand public. D’autres formules circulent, mais le résultat de ces recettes ne peut être garanti. Conclusion : la méthode la plus efficace reste le lavage à l’eau et au savon.

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