Le PQ mise sur l’autodérision
« La différence entre un péquiste et un dentiste ? Les deux en arrachent, mais travaillent pour votre bien. » Le Parti québécois (PQ) mise sur l’humour potache et l’autodérision pour s’attirer les bonnes grâces des électeurs, à quelques semaines du déclenchement d’une campagne décisive pour la formation politique.
Des photos de quatre affiches différentes aperçues vendredi soir dans le quartier Centre-Sud ont été diffusées hier matin sur les réseaux sociaux par un internaute. Chacune arbore simplement une blague sous la forme d’une question et d’une réponse.
« Qu’est-ce qui est bleu et blanc et qui rebondit tout le temps ? Le PQ », indique l’une d’elles. « Le sport olympique auquel excelle un péquiste ? Le saut à obstacles », poursuit une deuxième. « La différence entre un péquiste et votre connexion internet ? Le péquiste ne lâche jamais », indique une troisième. S’ajoute la plaisanterie faisant référence aux dentistes.
À au moins deux endroits, les affiches auraient été retirées rapidement après avoir été installées. Mais au PQ, on confirme qu’il s’agit bel et bien d’une vaste campagne publicitaire.
« Effectivement, on prépare une offensive publicitaire qui sera déployée [ce] matin », a indiqué Yannick Grégoire, porte-parole de la formation politique. « C’est [aujourd’hui] qu’on pourra répondre à toutes les questions sur la tonalité et le déploiement de la campagne. »
Une campagne signée Upperkut
C’est la firme de communications montréalaise Upperkut qui est derrière cette campagne. L’entreprise avait fait la manchette pour une campagne d’affichage sur le thème « L’homme de la situation » pour le compte de la future mairesse Valérie Plante, l’automne dernier.
« Vous avez eu droit à un teaser aujourd’hui [hier]. Nous ne ferons aucun autre commentaire avant [aujourd’hui] », a indiqué par écrit Marc Desnoyers, patron de la boîte de publicité
Jean-François Lisée n’est pas étranger à l’humour en politique : le chef péquiste adopte parfois un ton badin en entrevue et diffuse de temps à autre sur les réseaux sociaux des caricatures qui soulignent ses travers.
Au début de l’année, l’une de ses tentatives d’humour s’était toutefois retournée contre lui, alors qu’il s’était amusé de la « moustache » de la porte-parole de Québec solidaire Manon Massé. Il s’était ensuite excusé.
Un ton adapté à l’été
Selon Jean-Jacques Stréliski, ex-publicitaire devenu professeur à HEC Montréal, cette campagne est bien adaptée à la période estivale.
« J’aime bien cette campagne. Elle installe un ton un peu plus léger, un ton de dérision, a-t-il dit en entrevue téléphonique. Il s’agit de ne pas trop déranger : les gens sont encore sur le bord de la piscine, au parc, au chalet. Les publicités qui seraient trop lourdes, trop sérieuses, pourraient rebuter les gens. »
Quant au risque d’endommager l’image du PQ, il est substantiellement réduit par la situation du parti dans les sondages. « À 16 %, ils n’ont plus rien à perdre. Ils doivent aller rechercher un capital de sympathie », a évalué M. Stréliski.