MIPTV

Cannes sourit aux séries québécoises

Les séries québécoises Audrey est revenue et Un gars, une fille tirent leur épingle du jeu cette semaine à Cannes.

Retenue en compétition officielle au 5Canneseries, un festival adossé au MIPTV, qui rassemble des productions du monde entier, la comédie dramatique Audrey est revenue soulève l’enthousiasme des critiques depuis qu’elle a été projetée au Grand Auditorium du Palais des festivals, lundi matin.

En entrevue téléphonique à partir de Cannes, Guillaume Lambert, qui a coécrit la série avec Florence Longpré, semble étourdi par l’aventure, d’autant qu’elle survient après deux longues années de pandémie.

« C’est très bouleversant pour mon cœur de petit gars », commente l’auteur et acteur.

La presse française est particulièrement élogieuse envers l’offrande du réalisateur Guillaume Lonergan (M’entends-tu ?). L’œuvre fait partie des « coups de cœur » de Télé-Loisirs. La publication spécialisée salue sa « délicate écriture », sa « merveilleuse mise en scène » et son « humour subtilement dosé ». Selon Madmoizelle, Audrey est revenue « a enchanté le festival ». « Touchante et impétueuse, elle parvient, au travers d’un scénario pourtant simple, à transmettre un rare panel d’émotions », souligne le média électronique.

Du côté américain, Variety s’avère tout aussi flatteur. Le réputé magazine parle d’un drame « intelligent et sincère », et signale qu’il permet à Florence Longpré de compléter un tour du chapeau, suivant la sélection du Temps des framboises au 72e Festival international du film de Berlin ainsi qu’à Séries Mania en France, plus tôt cet hiver. Cette minisérie réalisée par Philippe Falardeau, que Florence Longpré signe avec Suzie Bouchard, atterrira sur Club illico le 14 avril.

Sortie l’automne dernier, Audrey est revenue provient également du Club illico. Cette production de Pixcom (La faille, Lac-Noir) brosse le portrait d’une femme qui sort d’un coma après 15 longues années. Elle met également en vedette Josée Deschênes et Denis Bouchard.

« Une belle consécration »

Arrivés à Cannes jeudi, Florence Longpré et Guillaume Lambert ont multiplié les entrevues au cours des derniers jours. Peu avant notre appel, le tandem rencontrait The Hollywood Reporter.

« C’est une belle consécration, une belle validation. Florence et moi, on voulait faire parler des gens normaux. On a pris un risque en mélangeant le drame, la comédie, le réalisme et l’onirisme. On a bien fait de suivre notre cœur. »

– Guillaume Lambert

Le coauteur confirme également les informations selon lesquelles le public présent au Grand Auditorium a chaudement applaudi la série, en début de semaine.

« Après, une dame est venue nous voir pour nous dire qu’elle avait un fils qui était sorti d’un coma lourdement affecté. Elle a dit qu’on avait mis des mots et des images sur quelque chose qu’elle éprouvait depuis cinq ans. C’est extraordinaire. C’est quand on rencontre le public qu’on réalise qu’Audrey porte un message universel même si l’action se passe à Sorel-Tracy. »

La série québécoise Complètement lycée, créée par Rosalie Vaillancourt et Pierre-Yves Roy-Desmarais, participe également au volet compétitif de Canneseries, mais sous l’onglet des formats courts.

La cérémonie de clôture aura lieu mercredi, et tout indique qu’Audrey est revenue pourrait y remporter un prix, une éventualité que Guillaume Lambert n’ose (presque) pas imaginer.

« C’est déjà toute une ride. C’est un accueil inespéré. Je préfère continuer de vivre cette expérience naïvement, sans trop penser aux récompenses… Mais pourquoi pas rêver ? »

Un gars, une fille en Slovaquie

Outre Audrey est revenue, une autre série québécoise excite la Croisette : Un gars, une fille. La comédie créée par Guy A. Lepage continue de conquérir de nouveaux territoires malgré ses 25 ans. Elle sera adaptée en Slovaquie.

L’entente a été signée mardi au MIPTV de Cannes, ce grand marché annuel des émissions de télévision. Il s’agit d’une 30e adaptation.

Ce succès international continue d’étonner Guy A. Lepage. Joint au téléphone, l’auteur, animateur et producteur se souvient des ambitions modestes qu’il caressait pour l’émission avant qu’elle entre en ondes.

« Au début, on n’était même pas sûr que c’était pour pogner à l’extérieur du Plateau Mont-Royal ! J’avais un bon feeling que l’émission serait bien faite, mais si quelqu’un m’avait dit qu’elle ferait le tour du monde, je n’y aurais jamais cru. »

– Guy A. Lepage

Intitulée Tomáš & Diana, la version slovaque comprendra 26 épisodes de 22 minutes. Le tournage démarrera l’été prochain en Slovaquie. La série sera ensuite diffusée sur TV JOJ, une chaîne généraliste privée.

Erika Tóthová, cheffe des acquisitions chez Slovenská Produkčná, la boîte de production qui assure l’adaptation, s’est reconnue dans l’histoire portée au Québec par Guy A. Lepage et Sylvie Léonard, nous indique Monic Lamoureux, coprésidente des Distributions Avanti Ciné Vidéo, l’entreprise québécoise chargée d’exporter le populaire format.

« La vie de couple, c’est universel et intemporel », a-t-elle déclaré.

Pas d’accalmie

Cette signature survient à quelques semaines du 25e anniversaire d’Un gars, une fille. La comédie à sketchs a effectivement pris l’antenne de Radio-Canada le 1er mai 1997.

La Slovaquie vient gonfler la liste des pays ayant adapté Un gars, une fille. Cette liste compte notamment l’Espagne, l’Allemagne, la Russie, l’Ukraine, la Suède, l’Italie, la Grèce et – bien entendu – la France.

« Un gars, une fille demeure le format de fiction scripté le plus adapté au monde, insiste Monic Lamoureux. Depuis 25 ans, c’est constant. On n’a jamais eu d’accalmie. Il y a toujours de l’intérêt. »

« Je n’en reviens toujours pas, ajoute Guy A. Lepage. Je suis super content et surtout, très fier. »

Par ailleurs, Guy A. Lepage se réjouit du succès récolté par Audrey est revenue, une série qui, selon lui, « ne ressemble à aucune autre ».

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