Politique nationale de l’eau

Une avancée qui fait du surplace

Le 26 novembre, quelques jours avant la tenue de la COP15 sur la biodiversité, ce sera le 20e anniversaire de l’adoption de la Politique nationale de l’eau. Cette Politique devait mener à une amélioration substantielle de la qualité de l’eau et nous permettre de pérenniser l’usage de nos cours d’eau.

Pour y arriver, elle s’appuyait sur sept principes, dont la gestion durable et intégrée de l’eau par bassin versant, une approche utilisateur-payeur et pollueur-payeur pour l’utilisation de l’eau, la conciliation des usages et l’appel à un engagement collectif pour la protection, la restauration et la mise en valeur de l’eau.

Vingt ans plus tard, où en sommes-nous ?

C’est indéniable : la création de 40 organismes de bassin versant (OBV) qui quadrillent le territoire a permis d’instaurer une meilleure gestion durable et intégrée de l’eau. Leur tâche est colossale ; ils doivent s’assurer que les rivières et leurs affluents soient protégés par des approches de concertation entre tous les acteurs et par différents projets sur le terrain. Or, puisqu’ils sont sous-financés et dépourvus de réels pouvoirs décisionnels, il leur est difficile d’imposer les priorités de leurs bassins versants auprès des municipalités, des MRC et du gouvernement, compromettant la mise en œuvre des plans directeurs de l’eau qu’ils élaborent.

L’adoption de lois plus sévères pour la protection de l’eau, dont la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection, est un autre progrès issu de la Politique nationale de l’eau. Pourtant, on tarde à voir les effets de ces renforcements sur la protection de l’eau.

Le rapport 2020 sur l’état des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques du Québec indique que plusieurs indicateurs clés se sont détériorés, qu’un grand nombre de rivières sont en mauvais état, particulièrement en milieu agricole, que plus de la moitié des espèces indigènes de reptiles et d’amphibiens sont dans une situation précaire et la naturalité globale des cours d’eau est généralement faible.

Sur le principe de la conciliation des usages, la privatisation des berges rend les plans d’eau de moins en moins accessibles au grand public. Les propriétaires riverains subissent par ailleurs les contrecoups de la croissance exponentielle du nombre et de la puissance de bruyantes embarcations à moteur. Quant aux prélèvements d’eau sur le territoire, la collecte et le partage des données sont encore insuffisants pour prévenir les conflits d’usage. Les manques d’eau dans le sud du Québec sont désormais récurrents en été. On a même vu des cas où des agriculteurs devaient se faire livrer de l’eau afin d’abreuver le bétail, un phénomène jugé impensable il y a 20 ans.

Et maintenant, quelles sont les suites à donner ?

Le programme de mobilisation climatique annoncé récemment reconnaît l’importance des initiatives citoyennes en matière de lutte contre les changements climatiques. Il est grand temps que l’État reconnaisse l’importance des initiatives citoyennes pour la protection de l’eau également. Les comités de citoyens peuvent jouer un rôle clé dans la protection de l’eau au Québec. Ils alertent, dénoncent, veillent au grain et permettent de mettre en lumière des problèmes.

Vingt ans… et si peu de résultats. Un chantier majeur s’impose pour raviver la vision de démocratie participative pour faire face aux nouvelles réalités et aux enjeux à venir. Une vision à renouveler non pas seulement par les experts, les élus et les regroupements en environnement, mais aussi par les représentants de la société civile.

Vivement un Sommet national sur l’eau !

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