Rapport 2021-2022

L’aide médicale à mourir administrée à 3663 personnes

En 2021-2022, 3663 personnes ont reçu l’aide médicale à mourir (AMM). C’est là une augmentation de 51 % (soit 1236 personnes de plus) comparativement à l’année précédente et le signe d’une pratique qui entre de plus en plus dans les mœurs. Davantage, même, que dans les pays où elle a cours depuis beaucoup plus longtemps.

« Au départ introduite comme un soin d’exception, l’aide médicale à mourir est en augmentation au Québec », ce qui « semble témoigner de l’acceptation sociale croissante de ce soin », peut-on lire dans le rapport annuel 2021-2022 de la Commission sur les soins de fin de vie déposé vendredi à l’Assemblée nationale.

Les Québécois y ont recours davantage que dans les autres provinces du Canada et dans les autres pays où elle est permise depuis longtemps, comme en Belgique et aux Pays-Bas, ajoutent les auteurs du rapport.

« Plusieurs facteurs peuvent expliquer le nombre et le taux de décès par aide médicale à mourir plus élevés au Québec, entre autres la culture, les valeurs ainsi que le choix d’en avoir fait un “soin médical”, à la différence de la Belgique et des Pays-Bas où il est question d’euthanasie. »

– Extrait du rapport annuel 2021-2022 de la Commission sur les soins de fin de vie déposé vendredi à l’Assemblée nationale

Les changements importants survenus dans les dernières années quant à la façon dont les Québécois abordent la mort et la façon dont ils souhaitent mourir « suscitent des réflexions importantes », peut-on aussi lire. « Des débats collectifs devront être menés pour déterminer jusqu’où la population québécoise souhaite élargir l’accès à l’AMM et réfléchir aux impacts de cette transformation du mourir sur notre société. »

La loi pas toujours respectée

Les opposants à l’aide médicale à mourir font notamment valoir les risques d’abus ou les dangers de dérive. Selon le rapport, la loi n’a pas été respectée dans 15 cas.

Dans six dossiers, la personne, « bien que souffrante et présentant un déclin de ses capacités, n’était pas atteinte d’une maladie grave et incurable ». Dans trois autres cas, la personne « n’était plus apte à consentir aux soins au moment de recevoir l’aide médicale à mourir » (dans un de ces cas, seul un consentement oral avait été obtenu par le médecin alors qu’un consentement écrit est exigé).

Dans un cas, le médecin n’avait pas obtenu au préalable l’avis d’un second médecin et dans quatre autres dossiers, le formulaire de demande a été contresigné par un soignant qui n’était pas un professionnel de la santé ou des services sociaux. Enfin, une des personnes ayant reçu l’aide médicale à mourir avait une carte d’assurance maladie expirée.

Personnes atteintes de cancer

Au total, 93 % des personnes qui ont reçu l’aide médicale à mourir en 2021-2022 avaient 60 ans et plus ; 66 % étaient atteintes de cancer et 84 % avaient un pronostic de survie de un an ou moins.

L’aide médicale à mourir a été administrée en moyenne 26 jours après la demande signée, peut-on lire, et elle l’a été dans près des deux tiers des demandes formulées.

Qu’est-il arrivé pour le tiers qui, malgré ses souhaits, ne l’a pas reçue ? Selon le rapport, 34 % sont mortes avant la fin de l’évaluation ou avant de recevoir l’aide médicale à mourir, 22 % ne répondaient pas aux critères et 18 % ont retiré leur demande.

Sans surprise, le nombre de médecins appelés à pratiquer cet acte a bondi aussi : 1418 médecins l’ont fait cette année, ce qui représente une augmentation de 26 % par rapport à l’année précédente.

Dans environ la moitié des cas, l’aide médicale à mourir s’est faite à l’hôpital, tandis que le tiers (33 %) s’est fait à domicile, 8 % en CHSLD et 5 % en maison de soins palliatifs.

Accès aux soins palliatifs

À partir des résumés cliniques rédigés par les médecins dans leurs déclarations, la Commission estime que « l’aide médicale à mourir n’est pas un choix que la personne fait par défaut au Québec. Il est fréquemment mentionné que la personne recevait des soins palliatifs ou que ceux-ci avaient été proposés, particulièrement pour les personnes atteintes de cancer ».

« Les données dont la Commission dispose ne permettent pas toutefois de vérifier la qualité des soins offerts, ni si ceux-ci étaient suffisants et offerts au bon moment pour répondre aux besoins de la personne. »

La Commission s’interroge donc « sur l’offre et l’accès aux soins palliatifs des personnes atteintes de maladies graves et incurables autres que le cancer ».


EN SAVOIR PLUS

5,1 %
Proportion des décès survenus au Québec à la suite d’une aide médicale à mourir en 2021-2022 (par rapport à 3,3 % en 2020-2021)

Source: Sources : Rapport annuel 2021-2022 de la Commission sur les soins de fin de vie et Institut de la statistique du Québec

54 %
Pourcentage des demandes d’aide médicale à mourir provenant d’hommes

Source: Sources : Rapport annuel 2021-2022 de la Commission sur les soins de fin de vie et Institut de la statistique du Québec

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