Sous pression, Donald Trump et Mike Pompeo sont sortis lundi de leur silence pour défendre le limogeage de l’inspecteur général du département d’État remercié alors qu’il menait, selon les démocrates, plusieurs enquêtes potentiellement embarrassantes pour le chef de la diplomatie américaine.
« J’ai le droit absolu, en tant que président, de le relever de ses fonctions », a déclaré le milliardaire républicain en affichant sans détour sa volonté de se « débarrasser » des inspecteurs généraux nommés par son prédécesseur démocrate Barack Obama.
La polémique a éclaté lorsque le président des États-Unis a limogé vendredi soir, à la demande du secrétaire d’État Mike Pompeo, l’inspecteur général du ministère des Affaires étrangères Steve Linick.
L’opposition démocrate s’est aussitôt insurgée en rapportant que ce fonctionnaire de haut rang venait d’ouvrir une enquête sur des plaintes accusant M. Pompeo de confier des tâches domestiques à un agent payé avec l’argent des contribuables – sortir le chien de la famille, aller chercher leurs vêtements au nettoyeur ou encore faire des réservations au restaurant pour des repas privés.
« Le président doit rompre avec cette habitude d’exercer des représailles et de se venger contre les fonctionnaires qui travaillent au service de la sécurité des Américains », a protesté la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
« Il négocie avec Kim »
« Je ne vais répondre à aucune de toutes ces allégations non étayées », a tranché Mike Pompeo, dans un entretien accordé au Washington Post.
Il a assuré qu’il n’était pas au courant d’une telle enquête le visant. « Il est donc simplement impossible qu’il s’agisse d’un acte de représailles. Fin de l’histoire », a-t-il martelé, accusant seulement, sans plus de précisions, l’inspecteur général d’avoir « sapé » la mission de son ministère.
Comme à son habitude, Donald Trump a, lui, été plus direct dans la défense de son secrétaire d’État, « un gars brillant » qui « est censé négocier la guerre et la paix ». Il a évoqué l’hypothèse que Pompeo était peut-être occupé à « négocier avec [le dirigeant nord-coréen] Kim Jong-un au sujet des armes nucléaires » et qu’il avait manqué de temps pour des activités triviales comme promener son chien.
Mais depuis, le récit s’est étoffé à propos des faits sur lesquels enquêtait Steve Linick, censé disposer de toute indépendance pour contrôler l’exercice du pouvoir exécutif au sein de la diplomatie de la première puissance mondiale.
Selon l’élu démocrate Eliot Engel, l’inspecteur était aussi sur le point de boucler une autre enquête, politiquement sensible, sur une procédure d’urgence invoquée par le secrétaire d’État il y a tout juste un an afin de débloquer des ventes d’armes à l’Arabie saoudite malgré l’opposition du Congrès.
Les élus démocrates avaient alors dénoncé un « abus de pouvoir ».
Lundi, à la lumière de ces nouvelles informations, Nancy Pelosi a écrit à Donald Trump une lettre « alarmée » pour qu’il justifie « en détail » ce limogeage.
— Agence France-Presse