Un bureau confortable pour travailler à domicile

Après avoir emménagé dans sa nouvelle demeure, à Rosemère, Mélanie Coulombe a rapidement senti le besoin d’aménager l’espace ouvert, à l’étage, qui était appelé à devenir son bureau. Pandémie oblige, elle travaille davantage à la maison que dans les restaurants L’Ardoise et Pied d’Poule Snack Bar, à Sainte-Thérèse, qu’elle possède avec son conjoint.

« On travaille autrement », souligne-t-elle, faisant tout en son pouvoir pour s’adapter à des consignes sans cesse appelées à changer.

Elle désirait donner une nouvelle vie à une grande table de cuisine, achetée il y a quelques années dans une brocante. Elle n’est en effet pas toujours seule lorsqu’elle travaille : elle aime garder un œil sur ses deux fils de 9 ans et 12 ans, Louis et Thomas, lorsqu’ils font leurs devoirs sur leur ordinateur portable. Elle cherchait aussi une façon de camoufler un spacieux classeur noir et une volumineuse imprimante lorsqu’elle a pris contact avec l’équipe de Hop Déco. Celle-ci a soumis des idées astucieuses, qui ont permis de mettre en valeur une section encore inexploitée de la maison.

La petite entreprise, cofondée par les designers d’intérieur Anne Tremblay et Sandrine Lucier-Jobin, en novembre 2018, n’aurait pu mieux tomber avec ses consultations virtuelles. Tout le processus se fait en ligne, peu importe le forfait, que ce soit Hop rendez-vous (75 $), Hop Top (400 $, pour la déco complète d’une pièce) et Hop La Totale (630 $, pour la déco complète d’un salon double ou un concept de cuisine).

La demande pour aménager un coin tranquille, pour le télétravail, a explosé depuis le printemps, constate Anne Tremblay.

« Pendant la première vague de la pandémie, beaucoup se contentaient de travailler sur un coin de la table, précise-t-elle. Maintenant, les gens veulent s’organiser davantage, parce que le télétravail risque de durer longtemps. Ils ont besoin de s’installer correctement et désirent créer un espace de travail chez eux, que ce soit dans le grenier, le solarium ou le sous-sol. Ils sont fatigués d’être mal assis. Beaucoup aussi cherchent un meuble pour travailler en position debout ou assise. Nous proposons différentes options pour revoir l’espace ou lui donner une double fonction, sans dénaturer sa fonction première. Dans une chambre, par exemple, le mobilier de bureau doit être en harmonie avec le restant de la pièce. »

Virage « résimercial »

Un rapprochement avait déjà commencé à se faire entre les espaces de bureau et la maison. Cette tendance, définie par le terme « résimercial » et marquée par l’apparition de designs et de matières résidentielles dans les espaces commerciaux, s’est déplacée à la maison. Diverses entreprises, spécialisées dans la fabrication de mobilier de bureau, ont saisi l’occasion au cours des derniers mois pour mettre au point du mobilier de qualité commerciale, fonctionnel, pouvant trouver sa place dans un environnement résidentiel.

« La frontière existe de moins en moins entre le mobilier de bureau destiné à un usage commercial et celui destiné à la maison, constate Daniel Pelletier, président et chef de la direction d’Artopex, qui a récemment lancé trois types de bureaux adaptés au télétravail. L’échelle du mobilier est revue en conséquence. »

L’entreprise de Granby, qui exploite six usines au Québec et dont 90 % du mobilier est traditionnellement destiné à un usage commercial, se sert de son expertise pour explorer de nouveaux marchés. Elle a établi un partenariat original avec Devimco Immobilier, un des leaders dans la construction résidentielle au Québec. Ensemble, les deux firmes ont conçu trois gammes de produits adaptés au télétravail pouvant s’intégrer dans différents espaces.

« Les condos et les appartements de 350 à 550 pi2 sont extrêmement populaires à Montréal, indique Serge Goulet, président de Devimco Immobilier. Ce sont les studios et les logements avec une chambre qui s’envolent en premier. Chaque pied carré est important. Il ne suffit pas de mettre une table et une chaise. Il faut penser à du mobilier fixé au mur ou amovible, placé au bon endroit, pour faciliter le télétravail. Nous avons dû revoir le design de certains appartements pour intégrer les produits sans nuire à d’autres fonctions. Les produits sont de la même qualité que si on se trouvait au bureau. Ils sont solides et ergonomiques, bien faits et confortables.

« C’est dans notre ADN d’offrir du mobilier éprouvé pour une utilisation plus intensive, commerciale », précise M. Pelletier.

« Les besoins ont changé. Il faut avoir du mobilier adapté au travail à la maison, sept à huit heures par jour, qui s’intègre dans l’espace disponible. »

— Daniel Pelletier, président et chef de la direction d’Artopex

Les trois types de produits ont des volumes différents. Le plus compact, nommé Nook, est une unité murale qui s’ouvre pour offrir une surface de travail confortable. Le deuxième type de produit, Edmond, est une huche, qui s’installe au mur dans des unités où il y a une alcôve. « C’est une solution originale, avec une surface rétractable qui permet de ne pas toujours faire face au mur et de se tourner vers une fenêtre pour travailler, indique Jean Barbeau, directeur de la recherche et du développement chez Artopex. On l’appelle notre canif suisse. »

Le troisième produit, Aria, conçu pour de plus grands espaces, est doté d’un système pneumatique pour permettre de travailler debout. « L’idée est de s’oxygéner un peu, souligne M. Goulet. Il a été démontré qu’en télétravail, les employés restent assis toute la journée. »

Au cours des prochains mois, Devimco Immobilier installera les trois gammes de produits dans ses appartements locatifs en construction, en fonction de la superficie des unités. Puis ils seront offerts aux futurs occupants de ses tours de condos. « On n’aura pas le choix, estime M. Goulet. Le télétravail est une habitude qui va demeurer. »

Ergonomie et santé

Stéphane Tremblay, président de l’entreprise Aura, qui représente 10 fabricants canadiens et américains de mobilier de bureau, insiste lui aussi sur l’importance d’être adéquatement équipé pour le télétravail.

« Maintenant que les gens sont forcés de travailler chez eux, les employeurs devraient s’assurer que leurs employés sont bien installés et ont du mobilier adapté pour éviter qu’ils aient mal au dos, aux épaules ou au cou, dit-il. Les entreprises soucieuses du bien-être de leurs employés devraient avoir une politique d’aide pour le télétravail, entre autres parce que la qualité et la robustesse des produits conçus pour les entreprises sont de loin supérieures à ceux fabriqués pour un usage résidentiel. »

Un programme d’aide amènerait une uniformité dans l’équipement utilisé par les employés à la maison, autant sur le plan de la qualité que du rendement, croit-il. Un plan donnerait aussi accès à des produits spécialisés construits pour une utilisation à long terme.

Il a ainsi conclu certaines ententes avec des entreprises, qui remboursent par exemple 300 $ à l’achat d’une chaise de bureau. « Un calcul doit être fait en ce qui concerne la qualité de l’installation à la maison pour augmenter le confort, la concentration et le rendement, et diminuer les blessures à long terme dues à une mauvaise posture », précise-t-il.

Différents types de produits peuvent s’avérer utiles dans différentes situations, que ce soit pour travailler ou étudier. Les adolescents et les adultes n’ont pas nécessairement les mêmes habitudes, constate-t-il lui-même à la maison. « L’important est de varier les positions dans lesquelles on travaille, que ce soit debout ou assis sur une chaise, un tabouret ou un fauteuil. »

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