Couillard sort les gants contre la réforme du mode de scrutin
Philippe Couillard sort les gants et prévient ses adversaires : s’il perd l’élection et que les autres partis tentent de réformer le mode de scrutin, il faudra l’unanimité des parlementaires pour le faire. Et pour les libéraux, il n’en est tout simplement pas question.
« Ça prend au minimum un vote unanime. Ce qui est sur la table ne recueillera pas le soutien de mon parti », a réitéré hier le chef du Parti libéral.
La Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) ont signé une déclaration commune en 2016 s’engageant à transformer le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour en un modèle proportionnel mixte compensatoire.
En entrevue hier matin au Devoir, M. Couillard a dit qu’il « faut avoir l’assentiment des partis politiques ou […] demander au peuple de se prononcer sur une chose aussi fondamentale » par référendum.
Mais lors d’un point de presse quelques heures plus tard, le chef libéral n’a pas répété ce qu’il avait suggéré en matinée. Il a alors dit vouloir laisser les référendums aux péquistes et a réitéré qu’il fallait l’unanimité des partis avant de procéder à une telle réforme.
« Les régions sont toujours les laissés pour compte [dans ces réformes]. Tous ces grands schémas [sont pensés] à Montréal. On ne parle pas des régions éloignées comme la mienne », a-t-il déploré.
Plus tôt en campagne, son principal adversaire, François Legault, s’est formellement engagé à réformer le mode de scrutin au début d’un premier mandat de la CAQ. « On ne fera pas comme Justin Trudeau », a-t-il dit, assurant ainsi que son engagement était ferme.
« Il n’y a pas de droit de veto pour le Parti libéral du Québec sur le mode de scrutin. Actuellement, trois partis sur quatre sont d’accord pour transformer le mode de scrutin vers un mode de scrutin proportionnel mixte. S’il y a une majorité de députés de l’Assemblée nationale qui appuie ce changement, il sera fait », a dit M. Legault hier.
« Les Québécois vont se prononcer le 1er octobre […]. Je vous le dis, si vous votez pour la CAQ, vous votez pour transformer le mode de scrutin vers un mode de scrutin proportionnel mixte. »
— François Legault
« Le système [actuel] sert bien le Parti libéral, alors ils ne veulent pas le changer. […] Il veut garder le pouvoir et ne pas avoir le référendum. Et si, comme je l’espère, il est renversé le 1er octobre, depuis l’opposition, il va faire une guérilla pour empêcher un système qui a servi les libéraux d’être modifié », a pour sa part affirmé le chef péquiste Jean-François Lisée.
Avec le mode de scrutin actuel, les Québécois votent pour le candidat d’un parti dans une circonscription. Le parti qui réussit à faire élire le plus de députés est appelé à former le gouvernement. C’est ce qu’on appelle le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour.
Or, par le passé, la formation politique qui a obtenu le plus grand pourcentage du vote populaire n’a pas toujours formé le gouvernement. Du côté des partis plus marginaux, ils ne sont pour leur part pas toujours représentés de façon proportionnelle à l’Assemblée nationale, comparativement au pourcentage national des votes qu’ils reçoivent. C’est pourquoi certains proposent un nouveau mode de scrutin.
Ce qui est défendu par la CAQ, le PQ et QS est un mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire. Dans ce modèle, les électeurs votent toujours pour un député dans leur circonscription, mais il y aurait aussi des candidats proposés par les partis sur des listes régionales. Ces derniers seraient élus en fonction du pourcentage des votes obtenu par chacune des formations pour que l’Assemblée nationale, au final, reflète la répartition proportionnelle du vote populaire.
— Avec Tommy Chouinard et Martin Croteau, La Presse, ainsi que La Presse canadienne
Démonstration de force à Laval
Une semaine jour pour jour avant la soirée électorale, les libéraux ont fait une démonstration de force, hier à Laval, rassemblant en soirée quelques centaines de militants. Devant un parterre énergique, dans une salle décorée aux allures de bal des finissants, ministres, députés sortants et candidats libéraux ont déclaré leur amour du Québec et du Canada, commençant leurs discours (tous bilingues) par un « Je suis libéral ». « Contrairement à la CAQ qui utilise [ce pays] comme stationnement temporaire en attendant des sondages meilleurs », a dit par exemple Christine St-Pierre. « La CAQ propose des idées brouillonnes », a plus tard renchéri Marc Tanguay, alors que d’autres députés ont même sorti des lignes contre Québec solidaire. « Ça sent la victoire majoritaire dans cette salle-là », a plus tard dit Philippe Couillard devant ses militants.
— Hugo Pilon-Larose, La Presse