Camelot point de vente métro Berri-UQAM, sortie Sainte-Catherine

Zoom sur Gabriel Bissonnette

Gabriel est le plus ancien camelot actuel de L’Itinéraire. Il porte fièrement le numéro 1. « Je suis vendeur, c’est mon talent, j’ai été vendeur toute ma vie. »

Il a passé une bonne partie de son enfance à Saint-Rémi, en Montérégie, et connaît bien le travail de la terre. Au début de sa vie d’adulte, il a occupé différents emplois : à la SAQ à Châteauguay, puis dans la vente. Il a aussi été disc-jockey et a fait de la radio bénévolement. Mais il a développé des problèmes de consommation : alcool, drogues dures. « J’ai eu une vie d’adulte assez rough. »

En 1991, il est déménagé à Montréal. Il a suivi une thérapie dans une ferme gérée par La Maison du Père. Le travail agricole lui convenait bien, mais son retour à Montréal a été difficile. Il a connu une période d’itinérance et a recommencé à consommer. Il arrivait parfois à contrôler sa consommation pour travailler.

En 1994, il a rencontré un camelot qui lui a présenté L’Itinéraire, qui venait juste de naître. « Il avait une pile de journaux dans les mains et je lui ai demandé : “C’est quoi ça ?” Il m’a expliqué. »

« J’ai commencé à vendre le journal le 26 mai 1994. J’étais le quatrième vendeur. Je consommais, mais avec réticence. »

— Gabriel Bissonnette

Pour vendre, il parcourait la rue Saint-Denis du boulevard de Maisonneuve à l’avenue du Mont-Royal, de deux à trois fois par jour.

En 1997, il fait une seconde thérapie. Il a arrêté un an son travail de camelot pour « faire ce qu’il fallait ». L’année suivante, il est revenu à L’Itinéraire et s’est impliqué en travaillant à la distribution, puis en devenant membre du conseil d’administration. Peu de temps après, il a lâché les drogues dures.

En 2018, Gabriel a pris soin de sa mère malade. « Je me suis occupé d’elle pendant un an et demi, puis elle est décédée. » Est arrivée ensuite la COVID-19. Pendant la pandémie, il a souffert de la solitude.

« Le contact avec les gens, c’est ce qui m’a toujours nourri. Ça me manquait, j’ai trouvé ça très dur. Aussi, j’ai eu un cancer et je fais de l’emphysème. Les cinq dernières années ont été difficiles. »

— Gabriel Bissonnette

Il a dû changer ses habitudes de vente à cause de sa santé. Actuellement, il vend à la station Berri-UQAM et sur l’avenue du Mont-Royal. « À Berri, je trouve ça très dur. Il y a beaucoup de transactions de drogue. Ça fait 29 ans que je vends le journal. Avec les sans-abri, il y avait un genre de respect entre nous. Y’en a plus maintenant. Ce n’est pas de leur faute : avec les drogues qui se vendent aujourd’hui, ils sont complètement absents, ils sont trop maganés. Je vois beaucoup de misère autour de moi. Faut que tu sois fort des fois pour aller travailler. »

Mais pour lui, la vente du magazine est thérapeutique. « J’ai besoin de vendre le journal. J’y suis rendu accro. Je veux être là le plus longtemps possible. J’ai besoin de ça pour ma tête. J’ai besoin des gens. »

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