Vaccination obligatoire des travailleurs de la santé

Un nouveau report n’est pas exclu, dit Legault

Québec — François Legault n’exclut pas de devoir reporter à nouveau la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé selon le secteur d’activité ou la région, le 15 novembre. Il y a des endroits « où on sera capables » de l’imposer et d’autres où ce sera plus difficile, a admis le premier ministre lors d’une tournée d’entrevues, lundi.

M. Legault ouvre la porte à une application sur mesure de son décret sur la vaccination obligatoire plutôt que de l’imposer partout dans la province. Comme au premier report, le 15 octobre, c’est sans surprise la pénurie de main-d’œuvre qui vient bousculer les visées du gouvernement Legault.

« On a à peu près 3 % des infirmières qui ne sont pas vaccinées actuellement. Ça peut sembler peu, mais à certains endroits, c’est beaucoup dans le contexte qu’on manque déjà d’infirmières », a expliqué le premier ministre au micro de Midi Info sur ICI Première.

« Il y a des endroits où l’on va pouvoir être un peu plus durs pour le 15 novembre, mais il y a peut-être des endroits où on n’y arrivera pas. On va regarder la balance des inconvénients », a-t-il ajouté. François Legault a multiplié les entrevues, lundi, pour revenir sur le début d’une nouvelle session parlementaire à Québec.

Toujours en entrevue à Radio-Canada, il a dit aimer « mieux reculer, [s’]ajuster plutôt qu’être entêté et par orgueil dire qu’on maintient les décisions ».

Un peu plus tôt, M. Legault a affirmé sur les ondes du 98,5 FM que son gouvernement sera « sûrement capable d’appliquer [le décret] à certains endroits » et dans « certaines régions ». Il a cité en exemple les urgences, où le personnel soignant est en contact étroit avec les patients. M. Legault a réitéré que le souhait du gouvernement est « d’appliquer [le décret] partout ».

Québec a reporté d’un mois l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire dans le réseau de la santé et des services sociaux alors que la suspension sans solde de milliers de travailleurs non vaccinés aurait entraîné une trop grande pression sur les services. On craignait notamment plusieurs ruptures de services.

Selon un bilan au 25 octobre, 18 562 travailleurs de la santé et des services sociaux ne sont toujours pas adéquatement vaccinés, dont 13 369 n’ont reçu aucune dose.

Québec compte notamment sur le succès de son opération de recrutement d’infirmières à temps complet dans le réseau pour prendre sa décision au 15 novembre. Jeudi dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux confirmait que 2164 infirmières prêteraient main-forte dans le réseau.

De ce nombre, 1628 sont des travailleuses à temps partiel qui ont accepté un rehaussement de poste à temps complet. Québec cherche à recruter 4300 infirmières et un millier d’infirmières auxiliaires.

Le Delta Plus suscite l’inquiétude

Par ailleurs, une nouvelle souche du SARS-CoV-2 soulève l’inquiétude au Royaume-Uni et aux États-Unis. Plus transmissible que le variant Delta, dont elle est issue, elle ne serait toutefois pas responsable de la flambée observée en Angleterre.

Le variant AY.4.2, surnommé « Delta Plus » par certains médias parce qu’il descend directement du Delta, est passé de 6 % à plus de 10 % des échantillons séquencés en Angleterre depuis la fin de septembre. « Selon ce qu’on comprend, AY.4.2 est environ 10 % plus transmissible que le variant Delta », explique François Balloux, directeur de l’Institut de génétique du Collège universitaire de Londres, qui a été le premier à analyser le risque de mutations du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, en mai 2020.

« Ce n’est pas assez pour expliquer la récente augmentation du nombre de cas en Angleterre. Le variant Delta était 50 % plus contagieux que le variant Alpha, qui lui-même était 50 % plus contagieux que la souche originale. »

— François Balloux, directeur de l’Institut de génétique du Collège universitaire de Londres

Les épidémiologistes Gaston De Serres, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), et Benoît Mâsse, de l’Université de Montréal, confirment que pour le moment, AY.4.2 n’est pas inquiétant. « L’Angleterre a mis un terme à beaucoup de mesures sanitaires, comme l’Alberta, je crois que c’est surtout ça qui a provoqué le récent pic de COVID-19 », dit le DDe Serres. La souche initiale de SARS-CoV-2 avait un « R0 » de 3 ou 4, ce qui signifie que chaque patient infectait trois ou quatre personnes, et le variant Delta a un R0 de 6 à 8, souligne M. Mâsse. « Ce qui va jouer un grand rôle, c’est la vaccination des enfants de 5 à 11 ans en décembre ou janvier, pas l’AY.4.2 », dit M. Mâsse.

M. Balloux note que le variant AY.4.2 a aussi été présent au Danemark, où il a atteint 2 % des échantillons séquencés en août, avant de redescendre dans le classement des variants. Pour compliquer le tout, un autre descendant du variant Delta a aussi été appelé « Delta Plus » le printemps dernier.

En mai 2020, dans la revue Infection, Genetics and Evolution, M. Balloux avait démontré que le SARS-CoV-2 était plutôt stable. « Ensuite, on a eu l’Alpha, le Bêta, le Gamma et le Delta qui sont tous apparus à la fin de 2020, puis plus rien, dit M. Balloux. On ne peut pas expliquer ces changements rapides, ces mutations, toutes au même moment. »

M. Balloux pense-t-il que le cauchemar des virologues, un variant qui serait résistant aux vaccins, apparaîtra ? « Tout est possible, mais je ne pense pas que ce sera cet hiver », dit-il.

96,2 %

Proportion du variant Delta parmi les échantillons séquencés au Québec dans la semaine du 10 octobre

Source : INSPQ

Bilan de la COVID-19 

324 nouveaux cas, 5 morts

La forte tendance à la baisse du nombre de cas de COVID-19 se poursuit au Québec, mais les décès demeurent stables. La province a rapporté lundi 324 nouveaux cas, portant à 409 la moyenne quotidienne calculée sur sept jours. Bien que la COVID-19 affiche une tendance à la baisse, le Nunavik est aux prises avec une forte éclosion. La région affiche un taux de propagation quotidien de 79 nouveaux cas par 100 000 habitants. Aucune région n’avait connu une telle propagation.

Les cinq décès supplémentaires rapportés portent quant à eux à quatre la moyenne quotidienne. La tendance est ainsi stable sur une semaine. Les hospitalisations ont augmenté au cours de la fin de semaine. Le Québec recense 259 personnes hospitalisées, soit 9 de plus que la veille. Du nombre, 69 se trouvent aux soins intensifs, soit 4 de plus. La vaccination continue de progresser lentement. À ce jour, 79,2 % des Québécois ont reçu au moins une dose et 76,7 % sont considérés comme pleinement vaccinés.

— Pierre-André Normandin, La Presse

Voyages aériens

Les enfants n’auront pas besoin d’être vaccinés pour entrer aux États-Unis

Les mineurs âgés de moins de 18 ans n’auront pas besoin de prouver qu’ils sont vaccinés contre la COVID-19 pour entrer aux États-Unis après le 8 novembre, a indiqué lundi l’administration américaine. Un haut responsable de la Maison-Blanche, lors d’une conférence téléphonique précisant les modalités de la réouverture des frontières aux voyages aériens, a indiqué que cette exemption tenait compte à la fois des différences réglementaires entre pays sur la vaccination des enfants et de la disponibilité des vaccins. Les enfants âgés de plus de 2 ans, et non vaccinés, devront se faire tester dans les trois jours avant le départ s’ils voyagent avec des adultes vaccinés. Le délai est réduit à un jour s’ils voyagent seuls ou avec des adultes non vaccinés.

— Agence France-Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.