Industrie de la construction

Un vent de renouveau ?

De nouvelles préoccupations secouent l’industrie de la construction, qui commence à ajuster ses façons de faire et à jeter un regard plus aiguisé sur les répercussions de ses actions sur l’environnement et la société. Le désir d’échanger sur cette question était palpable lors d’une conférence très courue, la semaine dernière à Montréal, témoignant qu’un changement de perspective est en train de s’opérer.

« L’objectif était de voir si le secteur prenait conscience des enjeux rattachés aux facteurs ESG, donc tout ce qui touche à l’environnement, au social et à la gouvernance », indique Francis Bissonnette, fondateur et président du conseil d’administration de Batimatech, un organisme à but non lucratif visant notamment à favoriser l’innovation et la collaboration dans l’industrie de la construction et de l’immobilier au Québec.

Lui-même s’intéresse grandement à ces sujets. « En matière de gouvernance, chez Batimatech, on est paritaires, il y a de la diversité, explique-t-il. En parallèle, on pousse la réflexion chaque fois qu’on invite des conférenciers, pour présenter des femmes, des jeunes, et ainsi travailler sur notre responsabilité sociale entrepreneuriale [RSE]. Sur le plan environnemental, on occupe un espace et on optimise les lieux. On ne tient pas des congrès à l’autre bout du monde, parce que c’est beaucoup de dépenses, de carburant. »

Le Petit Batimatech

Les facteurs ESG et leur influence sur la performance des entreprises dans la construction et l’immobilier étaient au cœur du Petit Batimatech, une version écourtée des colloques présentés habituellement, qui s’est déroulée à Montréal le 21 mars dernier.

« Parler des facteurs ESG, c’est une chose, mais passer à l’acte, c’en est une autre, a précisé M. Bissonnette. C’est fou, les panélistes qu’on a eus, qui provenaient du domaine [universitaire], du domaine bancaire, du domaine de la construction, du domaine de l’immobilier, et qui partageaient leur expérience. Des gens sont venus de différentes régions du Québec. Je pense que le secteur est beaucoup plus avancé que ce qui est perçu. Les entreprises font beaucoup d’actions sous différentes formes, de plus en plus. »

Un témoignage percutant

À la fin de la conférence, le témoignage d’un avocat de litige dans des dossiers de construction, Guy-Philippe Bouchard, du cabinet Belleau Lapointe, a été particulièrement révélateur quant à l’importance pour les entreprises de l’industrie de considérer les facteurs ESG lorsqu’elles réalisent un projet.

« Les entreprises qui font attention à leurs facteurs ESG sont des entreprises mieux gérées, plus profitables, plus sécures, avec de meilleurs investissements. »

— Guy-Philippe Bouchard, du cabinet Belleau Lapointe

« Je peux vous dire qu’elles font de meilleurs projets qui ne se ramassent pas devant le tribunal, a-t-il souligné. Les entreprises qui ne font pas attention à leurs facteurs ESG, je les découvre, parce que quand je prépare des interrogatoires et des dossiers, je regarde les sites web et j’entre dans les entrailles des documents de chantier. Cela fait des dossiers qui se ramassent invariablement devant un juge, parce qu’on ne peut pas les régler, et que tout a été mal géré lors du chantier. Cela finit par coûter très cher à l’industrie, puis des fois, ça laisse des immeubles qui ne valent rien à leurs propriétaires. »

Bref, la rigueur qui est de mise pour favoriser l’intégration des facteurs ESG ne profite pas uniquement aux entreprises, en meilleure position pour tirer leur épingle du jeu. Elle profite aussi aux clients, petits et grands.

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