Immobilier commercial

« Chabanel, c’est la prochaine frontière »

Howard Szalavetz, nouveau propriétaire d'immeubles du quartier de la mode, est confiant de remplir les bureaux

« Il faut juste du temps », répond simplement le nouveau propriétaire quand on lui demande ce qu’il manque au quartier de la mode de Montréal pour retrouver son effervescence d’antan.

« Le Mile End et le Mile-Ex sont en train de se remplir. On est la prochaine frontière. C’est juste une question de temps. Ça viendra », poursuit Howard Szalavetz.

Le 13 février, son entreprise a racheté de la caisse de retraite des fonctionnaires fédéraux (Investissements PSP) les immeubles de grand gabarit des 99, 333 et 433, rue Chabanel, pour la somme de 84 millions, d’après l’information apparaissant aux actes de vente. Elle a rapidement négocié un financement de 100 millions en donnant ses bâtisses en garantie.

Investisseur de long terme

La Presse a rencontré M. Szalavetz, 51 ans, à son bureau au 433, rue Chabanel.

Le comptable de profession n’a pas perdu de temps depuis qu’il a pris possession des lieux. Il a récupéré à l’interne la gestion des immeubles des mains de Crofton Moore et il y a déménagé le siège social de sa société, auparavant sur Décarie. Des rénovations sont en cours dans les bureaux de l’administration. « Hier, je suis arrivé à 7 h 30 du matin et j’ai fini passé 22 h, dit-il. Mes locataires paient 100 % de loyer ; je veux qu’ils aient 100 % de service, même si on est en transition », a expliqué l’homme d’affaires qui compte plus de 25 ans d’expérience en immobilier.

Le président de Howard Szalavetz Properties, qui se qualifie d’investisseur de long terme, aime les défis. Son modèle d’affaires ? Acheter des immeubles à moitié vides à bon prix et les remplir en offrant des loyers abordables. Le groupe immobilier détient 1000 logements locatifs traditionnels et quatre résidences pour personnes âgées, regroupés sous la bannière Six étoiles. Il possède aussi le 3333, ch. Queen Mary, près de l’Université de Montréal, et le 9600, rue Meilleur, qu’il a acquis en avril 2014.

Lundi, un article de La Presse racontait les difficultés de ce que l’on a longtemps appelé le quartier de la mode à se remettre de la disparition des manufactures de vêtements, depuis la levée des quotas sur le textile étranger. Un courtier immobilier est allé jusqu’à dire que les locataires potentiels montraient peu ou pas d’intérêt quand il leur parlait de Chabanel.

À titre d’exemple, le taux d’inoccupation des bureaux dépasse les 20 % au 433, rue Chabanel, au 9292, rue Meilleur, au 9300, boul. Saint-Laurent et au 101, rue Louvain, d’après une compilation de la firme Altus InSite.

Des loyers abordables

M. Szalavetz n’en démord pas. « Chabanel est bien placée et les loyers sont abordables comparés à ceux du centre-ville et des autres quartiers », rétorque-t-il aux détracteurs du secteur.

La rue Chabanel, bien placée ?

« On est central : à 12 minutes de Décarie, à 9 minutes de Laval, à 20 minutes de Dollard-des-Ormeaux. »

— Howard Szalavetz

Côté prix, le secteur Chabanel est dur à battre. Les loyers bruts (incluant les frais) reviennent à 25 % du prix payé dans un immeuble comme la tour Place du Canada au centre-ville. Comparée au Mile End et Mile-Ex, Chabanel est à moitié prix, selon lui. Le stationnement est aussi meilleur marché qu’au centre-ville.

Autre avantage, Chabanel offre ce que d’autres n’ont pas. Par exemple, le 333, rue Chabanel offre une superficie de plancher de 110 000 pieds carrés.

C’est là que s’est installée, il y a quelques années, la société de mode et de commerce électronique SSense, de Rami Atallah, qui emploie aujourd’hui 500 personnes sur un seul niveau.

Trois ans pour remplir ses bâtisses

Questionné sur sa vision du quartier, M. Szalavetz parle des caractéristiques propres aux trois bâtisses. Le 433, rue Chabanel doit être considéré comme un immeuble de bureaux. Le 333, rue Chabanel, par ses caractéristiques uniques, est bien placé pour répondre aux besoins de ses entreprises créatives à la recherche de bureaux-lofts. Finalement, le 99, rue Chabanel, pourrait garder sa vocation de locaux d’entreposage ou encore accueillir des artistes à la recherche d’ateliers pas chers. Il se donne de deux à trois ans pour faire remonter le taux d’occupation comme il l’a fait au 9600, rue Meilleur.

« Tous les ordres de gouvernement disent vouloir aider le quartier. La meilleure façon de le faire, selon moi, serait que les gouvernements louent des locaux sur la rue. On a de l’espace » dit M. Szalavetz, qui entend jouer un rôle actif dans la nouvelle société de développement commercial (SDC) District Central.

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