Comment faut-il utiliser les tests rapides à l’approche des Fêtes ?

Faut-il utiliser les tests rapides seulement en présence de symptômes de la COVID-19 ? Si Québec le recommande formellement, des experts rappellent toutefois qu’ils sont pourtant des outils essentiels, même pour les cas asymptomatiques. Ils appellent plutôt le gouvernement à être transparent avec le public.

« En ce moment, les gens veulent se servir des tests rapides et des centres de dépistage pour s’assurer qu’ils ne l’ont pas, même s’ils ne sont pas symptomatiques, pour aller dans un rassemblement. On ne peut plus faire ça, l’approche qu’on avait ne fonctionne plus », a reconnu le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, en conférence de presse, lundi.

Dans un communiqué, son cabinet insiste aussi sur le fait que « les tests rapides devraient être utilisés par les personnes présentant des symptômes s’apparentant à ceux de la COVID-19 ».

Des experts rappellent toutefois que les tests rapides fonctionnent bel et bien quand une personne est contagieuse et a une forte charge virale. « Et la charge virale n’a rien à voir avec les symptômes. Tu peux être hyper contagieux mais n’avoir aucun symptôme. Dire l’inverse, c’est un énorme mensonge à la population », dit la professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM) Roxane Borgès Da Silva.

« Je comprends qu’on a une rareté des ressources, et je comprends aussi que le dépistage PCR ne fournit pas en ce moment. Mais c’est un peu la situation qu’on a vécue avec les masques en avril 2020. On nous disait qu’il ne fallait pas porter de masque, alors que c’était surtout parce qu’il y avait une pénurie. »

« Je prône plus la vérité et l’explication à la population. Il faudrait dire à la population qu’on n’a pas les moyens que chacun se fasse tester tous les deux jours, tout simplement. »

— Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

« Ça donne le mauvais message. Et ça finit toujours par nous rattraper quand on fait ça. Ils sont utiles dans le bon contexte, même chez les asymptomatiques », juge aussi de son côté le DAndré Veillette, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) et membre du groupe de travail fédéral sur les vaccins contre la COVID-19.

Plusieurs experts conseillent en effet aux gens d’utiliser les tests rapides même s’ils sont asymptomatiques, en dépit des avis du gouvernement qui, pour plusieurs, cherche surtout à contrôler les stocks en place et à limiter l’usage abusif de ces tests. « C’est un élément qui, comme plusieurs autres, fait qu’en fin de compte, on minimise les chances que quelqu’un va transmettre la COVID », dit M. Veillette.

Appel au calme

Québec en a aussi profité pour appeler au calme, lundi, alors que les tests rapides ont provoqué une véritable ruée vers les pharmacies.

« On demande aux parents qui ont déjà eu des boîtes de tests, soit par les écoles ou un service de garde, de laisser la priorité aux personnes qui n’en ont pas encore reçu. »

— Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Pour contrôler l’important afflux vers les cliniques de dépistage, Québec demandera dorénavant aux Québécois qui ont obtenu un test positif à la COVID-19 de s’isoler, puis de contacter si possible eux-mêmes les autres personnes avec lesquelles ils pourraient avoir été en contact. La mesure permettra, selon le gouvernement, de soulager les employés de ces centres, qui sont actuellement surchargés.

Il a aussi prévenu que du délestage sera vraisemblablement nécessaire dans le réseau de la santé. À ce jour, plus de la moitié de la capacité des lits réservés à la COVID-19 dans le réseau québécois est déjà occupée.

« On veut éviter le délestage d’urgence, donc les [interventions chirurgicales], par exemple. On n’est pas là du tout », a toutefois soutenu le ministre Dubé, en se voulant rassurant.

Une tranche d’âge exclue

Les élèves du secondaire âgés de moins de 14 ans ne peuvent pas se procurer de tests rapides de dépistage de la COVID-19 pour le moment. Dans les dernières semaines, des tests rapides ont été distribués en garderie et dans les écoles primaires. Depuis lundi, des tests sont offerts gratuitement dans les pharmacies du Québec pour les personnes âgées de 14 ans et plus. « Nous ne pouvons distribuer des boîtes de tests rapides via les pharmacies pour les enfants de moins de 14 ans, comme ils n’ont pas d’autonomie médicale », a expliqué à La Presse Marjaurie Côté-Boileau, attachée de presse du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Les élèves du secondaire qui n’ont pas encore 14 ans n’entrent donc dans aucune catégorie leur permettant de s’en procurer. Mme Côté-Boileau s’attend à ce que ces jeunes aient tout de même accès aux tests rapides en cas de besoin, puisque leurs parents peuvent s’en procurer une trousse.

— Alice Girard-Bossé, La Presse

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