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Mettre fin à l’itinérance de rue

Depuis le début de la pandémie, les intervenants constatent une hausse majeure du nombre de personnes en situation d’itinérance, dont celles qui vivent dans la rue. Le milieu des affaires souhaite se mobiliser pour réduire l’itinérance de rue et y mettre fin.

Avant la crise sanitaire, la situation était déjà particulièrement difficile dans la région du Grand Montréal, où se concentre l’essentiel de l’itinérance de rue au Québec. Selon le dénombrement des personnes en situation d’itinérance dans l’île de Montréal réalisé en 2018, il y avait 678 personnes qui vivaient dans la rue, soit 269 personnes de plus qu’en 2015. La pandémie et les mesures sanitaires mises en place pendant deux ans ont eu un impact très négatif sur les personnes en situation d’itinérance, et ces chiffres sont probablement sous-estimés.

Le milieu des affaires de la métropole se préoccupe des personnes en situation d’itinérance de rue. Ce sont des individus extrêmement vulnérables, qui vivent dans des conditions plus que précaires et qui sont marginalisés par la société. Ces personnes qui vivent littéralement dans la rue sont très peu portées à utiliser les ressources disponibles en itinérance comme l’hébergement d’urgence.

C’est avec la volonté d’agir ensemble en faveur de mesures spécifiques pour les personnes en situation d’itinérance de rue que nous nous sommes unis afin de former la Coalition d’affaires pour mettre fin à l’itinérance de rue (CAMFIR).

48,6 millions sur quatre ans

Notre coalition demande l’attribution d’un financement additionnel de 48,6 millions de dollars pour la période de 2023 à 2026 afin de venir en aide à 1500 personnes en situation d’itinérance de rue. Avec le Plan d’action interministériel en itinérance 2021-2026 (PAII), les décideurs publics ont déjà montré qu’ils étaient sensibles à l’enjeu de l’itinérance.

Cependant, les mesures proposées dans le PAII ne ciblent pas les personnes en situation d’itinérance de rue. Nous sommes fermement convaincus que l’allocation de sommes visant spécifiquement ces personnes est essentielle dans le cadre d’une approche globale.

Soyons clairs, il ne s’agit pas de réduire le soutien public accompagnant les autres formes d’itinérance, mais de s’inspirer de la science pour répondre aux besoins de cette clientèle particulière.

Cet investissement doit venir soutenir des projets ciblés de type stabilité résidentielle avec accompagnement. Ceux-ci ont fait la preuve de leur efficacité lorsqu’ils ont été déployés grâce à des offres de logement répondant aux besoins et aux choix des personnes. Les projets assurent un vrai suivi des personnes bénéficiaires et une synergie entre les établissements publics, les organismes en itinérance et des OBNL. Cette approche s’articule autour du modèle « Logement d’abord », qui a déjà prouvé son efficacité dans des endroits comme Toronto, Calgary, la Finlande, la Norvège ou encore la France.

Surtout, ces projets permettent une réaffiliation sociale des personnes en situation d’itinérance de rue et un sentiment d’appartenance à la communauté.

Nous considérons qu’il est de la première importance d’ajouter des mesures qui s’appuient sur l’expertise des spécialistes du milieu pour solutionner l’itinérance de rue.

Nous recommandons également au gouvernement de désigner une instance publique capable de planifier et de coordonner les projets ciblés de stabilité résidentielle avec accompagnement nouvellement financés. Pour Montréal, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, du fait de son mandat régional en itinérance, nous semble être l’instance toute désignée.

La collaboration et l’implication des acteurs du milieu et du gouvernement du Québec sont essentielles. Il y a urgence, et le milieu des affaires, par l’entremise de la CAMFIR, souhaite apporter tout le soutien nécessaire pour aider les personnes en situation d’itinérance⁠1. Le gouvernement doit se montrer à la hauteur du défi et faire preuve d’ambition et de détermination pour mettre fin à l’itinérance de rue au Québec.

Une relance inclusive, harmonieuse, à portée sociale et communautaire est au cœur des préoccupations et des priorités du milieu des affaires. C’est, justement, l’affaire de tous.

* Cosignataires : Linda Carbone, directrice générale de BOMA Québec ; Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville ; Murielle Kwendé, directrice générale du Groupe conseil en développement de l’habitation (Groupe CDH) et Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal

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