Planète bleue, idées vertes

Subventionner le covoiturage ?

En déposant son plan de sobriété énergétique au début du mois d’octobre, la France a annoncé un programme de subventions de 100 euros par année (135 $) pour chaque personne inscrite à une plateforme de covoiturage. Une piste de solution pour faire face à la congestion provoquée par la fermeture partielle du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine au cours des trois prochaines années ?

Le contexte est fort différent. La France s’est vue forcée d’adopter un plan de sobriété énergétique afin de réduire sa consommation d’énergie, dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la pénurie de carburant. Les subventions pour le covoiturage ne sont qu’une des nombreuses mesures déployées par le gouvernement français pour réduire de façon significative la consommation d’énergie dans l’Hexagone.

Une telle solution au Québec pourrait néanmoins s’avérer « vraiment intéressante », estime Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie.

« Si on a des subventions à donner, ce serait bien mieux de le faire pour du covoiturage que pour l’achat de véhicules électriques qui vont venir s’entasser dans les embouteillages, lorsqu’ils ne sont pas stationnés à attendre un usage dans une place asphaltée », explique M. Pineau.

Un « bonbon » qui pourrait avoir « des effets positifs »

Selon Florence Junca-Adenot, professeure au département d’études urbaines et touristiques à l’UQAM, un tel « bonbon » de 100 euros (135 $ CAN) par personne pourrait avoir « des effets positifs ». Le problème selon elle, c’est que cela aurait déjà dû être planifié pour faire face à la fermeture partielle du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. La spécialiste en mobilité urbaine estime qu’une telle mesure fiscale pourrait s’appliquer pendant toute la durée des travaux dans le tunnel, soit pour une période de trois ans.

Le covoiturage est l’une des solutions qui peuvent être envisagées, même si les gains risquent d’être « relativement limités », d’après Pierre Barrieau, consultant en mobilité et chargé de cours en urbanisme à l’Université de Montréal. Le covoiturage local, pour se rendre au travail, n’est généralement pas une option très répandue au Québec, note-t-il.

Mercredi dernier, Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), a déclaré qu’on doit « limiter l’accès [au tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine] durant les heures de pointe : seulement le covoiturage, le transport collectif et les camions. Pas de voiture solo durant ces périodes ».

M. Leblanc dit ne pas souhaiter pour le moment la mise sur pied d’un programme de subvention pour le covoiturage. Il croit que les employeurs sont les mieux placés pour proposer des solutions de covoiturage à leurs employés, soulignant au passage que des entreprises comme Bombardier et Pratt & Whitney ont déjà de tels programmes en vigueur.

Projet de covoiturage à l’étude par l’ARTM

Un projet de covoiturage est à l’étude par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) afin d’encourager les usagers à privilégier ce mode de transport, selon Louis-André Bertrand, porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable. Il ne précise pas, cependant, si un tel projet inclurait des incitations financières pour les automobilistes.

Il existe déjà des plateformes de covoiturage établies depuis plusieurs années, comme Netlift ou Poparide. M. Bertrand précise que « des communications seront réalisées pour encourager ce mode de déplacement, notamment auprès des entreprises, qui peuvent à leur tour encourager leurs employés à se regrouper pour voyager ».

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