Plante et Price deux époques
Les époques
La grande dynastie
Jacques Plante a eu le privilège de garder les buts lors de l’époque la plus prolifique de l’histoire du Canadien. Il a remporté la Coupe Stanley à six reprises lors des dix saisons où il a porté l’uniforme, dont une séquence record de cinq conquêtes d’affilée.
Carey Price a obtenu une médaille d’or aux championnats mondiaux juniors, aux Jeux olympiques et il a remporté la Coupe Calder dans la Ligue américaine, mais il n’a toujours pas inscrit son nom sur la Coupe Stanley.
AVANTAGE PLANTE
LA FORMATION
Une bien meilleure équipe
Le Canadien des années 1955 à 1960 a possiblement constitué la meilleure équipe de l’histoire de la LNH. En plus de Jacques Plante dans les buts, le Canadien comptait sur Doug Harvey et Tom Johnson à la défense, Jean Béliveau, Bernard Geoffrion, Dickie Moore, Henri et Maurice Richard à l’attaque, tous élus au Temple de la renommée du hockey.
Carey Price n’a jamais eu une équipe aussi puissante devant lui. Seuls Andrei Markov, P.K. Subban et Shea Weber ont une chance d’un jour être intronisés. À moins que Jesperi Kotkaniemi…
AVANTAGE PLANTE
La parité
Une ligue à six équipes
Lors du séjour de Plante devant le filet du Canadien (1952 à 1963), la LNH n’était constituée que de six équipes. Boston, New York et Chicago ont traversé de longues séquences où elles peinaient à faire les séries éliminatoires (Chicago a toutefois remporté la Coupe Stanley en 1962). Seules Toronto et Detroit rivalisaient avec constance avec Montréal.
La LNH de Carey Price compte cinq fois plus d’équipes. La parité règne sur cette ligue, et le plafond salarial rend quasi impossible l’instauration d’une dynastie. En considérant que Béliveau, Harvey et Maurice Richard réclameraient un salaire annuel d’environ 10 millions chacun, combien aurait coûté le Canadien de Plante aujourd’hui ?
AVANTAGE PLANTE
Les entraîneurs
Un steak avant la partie
Aucune comparaison possible. Carey Price a le soutien de Stéphane Waite, que l’on considère comme un des meilleurs entraîneurs des gardiens de la planète LNH. Il bénéficie en plus de tous les services de pointe (nutritionniste, physiothérapeute, etc.). On gère soigneusement son utilisation alors que Plante devait se débrouiller seul, sans même avoir un substitut pour lui accorder un repos occasionnel.
AVANTAGE PRICE
Les voyages
L’avion ou le train
Jacques Plante n’a jamais eu à voyager aussi loin que Los Angeles ou Phoenix. Chicago était la ville la plus éloignée de Montréal à ce moment-là, mais le voyage s’effectuait en train. Deux éreintantes journées. Aussitôt la partie terminée, l’équipe s’affairait pour ne pas manquer le dernier train de retour à Montréal. C’est d’ailleurs pour cette raison que la Ligue permettait les parties nulles.
Vols nolisés, hôtels de luxe sans cochambreur et abondant personnel de soutien : les conditions de voyage actuelles visent la performance optimale des joueurs, pas les économies comme à l’ère de Plante.
AVANTAGE PRICE
Le masque
La dureté… du visage
Au-delà de sa fiche avec le Canadien, Jacques Plante est surtout reconnu pour avoir instauré le port du masque de gardien de but. Son entraîneur Toe Blake le tenait en horreur, mais Plante ne lui a guère laissé le choix le 1er novembre 1959. Atteint au visage par un dur tir d’Andy Bathgate, des Rangers de New York, Plante s’effondre dans une mare de sang, et on doit lui faire sept points de suture. Il refuse de continuer la partie si Blake ne lui permet pas de porter le masque qu’il réservait aux séances d’entraînement. Peu de gardiens n’arboraient pas de généreuses cicatrices au visage à l’époque.
AVANTAGE PRICE
Courage ou folie ?
Plusieurs gardiens ont écourté leur carrière à cause des dangers de jouer sans masque. Bill Durnan, qui détenait le record du plus grand nombre de victoires avec le Canadien avant Jacques Plante, a abandonné le hockey après seulement sept saisons avec le Canadien pour cause de « stress ». Durnan venait pourtant d’être élu dans l’équipe d’étoiles de la ligue pour la cinquième fois.
Le calendrier
Une saison plus longue sans partie nulle
Le Canadien joue 82 parties dans la saison alors qu’on en jouait 70 à l’époque de Plante. Mais Plante n’avait pas de substitut. Il jouait les 70 matchs du calendrier, sauf en cas de blessure, auquel cas on rappelait un gardien des ligues mineures. En revanche, il n’y avait pas de période de prolongation. Le Canadien avec Plante dans les buts a obtenu 108 parties nulles. Avec une attaque aussi dévastatrice devant lui, on suppose que le Canadien aurait remporté sa large part de victoires en prolongation.
AVANTAGE PRICE
Les mauvaises saisons
La tuque ou la casquette
Plante a eu des relations tendues avec ses entraîneurs Dick Irvin et Toe Blake lors de son passage avec le Canadien. Les deux trouvaient son style trop avant-gardiste. Dès son arrivée, Dick Irvin n’aime pas son habitude de porter une tuque de laine (qu’il tricotait lui-même). Les tuques ont mystérieusement disparu avant son premier match. Sa saison 1960-1961 est particulièrement difficile. Il est même cédé aux mineures. Plante sera finalement échangé en 1963 aux Rangers pour Lorne Worsley (un gardien qui lui était inférieur) dans un échange comptant plusieurs autres joueurs.
Carey Price a retrouvé ses repères après une saison désastreuse. On l’a accusé de tous les maux et on a mis en doute son attitude. Et ce n’était pas la première fois. Rappelez-vous ce bilan de fin de saison où, casquette vissée sur la tête, il avait affirmé ne plus oser faire ses courses.
ÉGALITÉ
NUL N’EST PARFAIT
Tous les gardiens du Canadien ont connu de mauvaises saisons, même les plus grands. Même Ken Dryden a été conspué au Forum, et Patrick Roy a été échangé après un revers de 11-1 face aux Red Wings alors que son public le huait copieusement.