Y a-t-il un bon moment pour contacter un syndic ?

Vous avez perdu le contrôle de vos finances. Les dettes s’accumulent et vous n’en voyez plus le bout. Mais vous n’êtes quand même pas rendu au point de consulter un syndic… Ou l’êtes-vous ? Voici cinq points à considérer dans votre réflexion.

UN DOSSIER DE STÉPHANIE BÉRUBÉ

Si vous avez plus de dettes ce mois-ci que le mois précédent et que la tendance risque de se maintenir le mois prochain, il faut prendre le temps de se poser de (bonnes) questions. Plus que tout, il ne faut plus creuser ce trou duquel il vous sera impossible de sortir.

Voir au-delà du stress

« Le stress fait en sorte que c’est très difficile de s’en sortir seul », dit Julie Brissette. Cette conseillère budgétaire à l’ACEF de l’Est de Montréal voit « quelques drapeaux rouges » à reconnaître, pour admettre que les choses ne vont plus du tout.

« Le premier, c’est un stress financier important, dit-elle. Que ça soit parce que nos dettes nous empêchent de dormir, de fonctionner au travail ou que ça crée des chicanes dans le couple. »

Autre point à surveiller : les retards de paiement qui s’accumulent. Si une importante partie de vos revenus sert à payer le minimum à rembourser sur les cartes de crédit, c’est un mauvais signal.

« Il ne faut pas être rendu à se priver de besoins essentiels parce que l’on paye de trop gros montants pour nos dettes mensuelles, par exemple le paiement minimum de carte de crédit », appuie Julie Brissette.

Bien sûr, le contexte économique n’est pas du tout favorable pour une personne qui a une accumulation de dettes. « Et il ne faut pas croire que demain matin le coût à l’épicerie va redescendre et qu’on va avoir plein de logements abordables, dit Julie Brissette. Ça n’est pas la réalité. »

La solution : le budget

« Il faut avoir une vue d’ensemble de la situation pour évaluer quelle sera la solution la plus adaptée, dit Julie Brissette. Parce qu’il y a plusieurs solutions aux dettes. La proposition au consommateur et la faillite chez le syndic en font partie, mais il y en a d’autres. »

On ne le répétera jamais assez, plusieurs outils sont disponibles pour faire des budgets facilement, notamment ceux offerts par les institutions financières ou l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.

Si des dépenses peuvent être arrêtées immédiatement ou réduites, c’est ainsi qu’on le voit. C’est aussi en ayant entre les mains l’ensemble des dépenses qu’il est possible de consolider des dettes, c’est-à-dire les regrouper sous un même prêt avec un taux d’intérêt plus bas que la plupart de ces dettes individuelles.

Consultez le planificateur budgétaire du Gourvernement du Canada https://itools-ioutils.fcac-acfc.gc.ca/BP-PB/planificateur-budgetaire

Des actions possibles

Avant même de poursuivre la démarche, il est possible d’envisager de faire une entente avec certains créanciers.

Avec en main la liste de vos prêteurs, vous avez une bonne idée des personnes et institutions avec qui il est possible de faire une entente de paiement, que ça soit votre beau-frère ou Hydro-Québec.

« Nous proposons à nos clients des ententes de paiement flexibles dans le cadre desquelles les frais d’administration sont suspendus tant que l’entente de paiement est valide et respectée. Les ententes, lorsqu’elles sont respectées, assurent de plus qu’il n’y a pas d’interruption de service », explique Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec, qui conseille aux clients mal pris de contacter leur service le plus rapidement possible.

Plusieurs institutions, publiques ou privées, proposent des arrangements du genre. Dans le cas où tous ces efforts ont été faits, mais que ça ne suffit pas ou que la consolidation de dettes a été refusée, la conseillère budgétaire Julie Brissette croit que la faillite ou la proposition doit être envisagée.

166 000

Hydro-Québec a conclu des ententes de paiement avec 166 000 clients pour les neuf premiers mois de 2023, une légère diminution par rapport à l’année dernière.

Source : Hydro-Québec

Quand ça n’arrive vraiment plus

Les gens attendent trop avant de se présenter devant un syndic, déplore Véronique Vachon, associée, syndic autorisée en insolvabilité, chez Raymond Chabot.

Selon elle, il y a encore de la gêne à consulter un syndic, alors que plusieurs solutions autres que la faillite peuvent être envisagées. « Plus rapidement les gens viennent nous consulter, plus il y a d’options qu’on peut leur proposer, dit-elle. Et c’est notre obligation de regarder toutes les options possibles. Dans certains cas, on va référer la personne à son institution financière pour tenter de consolider ; dans d’autres, ça sera un dépôt volontaire. »

Avec ce dépôt volontaire, toute la dette est remboursée, sous encadrement : les paiements sont proportionnels aux revenus et le salaire est protégé.

Véronique Vachon admet que, de plus en plus, les syndics accueillent des gens dont les budgets ne balancent pas à cause du contexte actuel. Dans les 12 derniers mois, il y a eu une augmentation des dossiers d’insolvabilité de 17 %, mais il reste un retard comparativement à la période prépandémie. « Des gens ont encore un petit coussin devant eux », dit Véronique Vachon.

Les syndics sont les seuls professionnels autorisés à déposer une proposition de consommateur ou une faillite. La proposition permet le remboursement d’une partie des dettes, sur une période déterminée.

Ils ont aussi autorité sur les créanciers, ce qui n’est évidemment pas le cas lorsque l’on entreprend une démarche individuelle. Les syndics font une offre à la masse des créanciers plutôt que de contacter chacun individuellement.

« Pour que la proposition soit acceptée, la moitié des créanciers doit l’accepter », précise Véronique Vachon, qui confirme que, une fois la démarche entreprise, les créanciers ne peuvent plus intenter d’actions contre leur client.

Fait à noter : l’année dernière, la part des jeunes de 18 à 34 ans qui ont déposé un dossier d’insolvabilité au Canada a augmenté – en proportion, pour l’ensemble des cas. C’est le seul groupe d’âge où il y a eu une augmentation des cas d’insolvabilité.

36 %

Plus du tiers des dossiers d’insolvabilité déposés en 2022 (36 %) ont été remplis par des consommateurs de 35 à 49 ans.

Source : Bureau du surintendant des faillites du Canada

Être bien accompagné

Si le syndic est un professionnel aguerri qui peut vous accompagner dans une situation de détresse financière, il n’est pas le seul. Les associations coopératives d’économie familiale (ACEF), qui se trouvent partout au Québec, offrent des formations et des conseils budgétaires qui permettent de franchir la première étape.

Il faut aussi noter que, comme lorsque vous magasinez votre prêteur hypothécaire, vous pouvez consulter quelques syndics avant de décider qui vous accompagnera dans cette démarche importante. Les tarifs des syndics sont régis par la loi, mais chacun va présenter la solution qui lui semble la plus efficace. La première rencontre est gratuite.

La conseillère budgétaire Julie Brissette ajoute que, peu importe quelle sera l’avenue choisie, le travail sur le comportement avec l’argent et le budget doit être entrepris pour éviter qu’une personne perpétue des comportements néfastes pour sa santé financière.

« Quelqu’un qui a tendance à dépenser au-dessus de ses moyens, dit-elle, qui fait des dépenses impulsives, doit faire un travail conjointement à une solution aux dettes. »

Voir au-delà du stress

Vous avez perdu le contrôle de vos finances. Les dettes s’accumulent et vous n’en voyez plus le bout. Mais vous n’êtes quand même pas rendu au point de consulter un syndic… Ou l’êtes-vous ? Voici cinq points à considérer dans votre réflexion.

Si vous avez plus de dettes ce mois-ci que le mois précédent et que la tendance risque de se maintenir le mois prochain, il faut prendre le temps de se poser de bonnes questions. Plus que tout, il ne faut plus creuser ce trou duquel il vous sera impossible de sortir.

« Le stress fait en sorte que c’est très difficile de s’en sortir seul », dit Julie Brissette. Cette conseillère budgétaire à l’ACEF de l’Est de Montréal voit « quelques drapeaux rouges » à reconnaître, pour admettre que les choses ne vont plus du tout.

« Le premier, c’est un stress financier important, dit-elle. Que ça soit parce que nos dettes nous empêchent de dormir, de fonctionner au travail ou que ça crée des chicanes dans le couple. »

Autre point à surveiller : les retards de paiement qui s’accumulent. Si une importante partie de vos revenus sert à payer le minimum à rembourser sur les cartes de crédit, c’est un mauvais signal.

« Il ne faut pas être rendu à se priver de besoins essentiels parce que l’on paye de trop gros montants pour nos dettes mensuelles, par exemple le paiement minimum de carte de crédit », appuie Julie Brissette.

Bien sûr, le contexte économique n’est pas du tout favorable pour une personne qui a une accumulation de dettes. « Et il ne faut pas croire que demain matin, le coût à l’épicerie va redescendre et qu’on va avoir plein de logements abordables, dit Julie Brissette. Ça n’est pas la réalité. »

La solution : le budget

Vous avez perdu le contrôle de vos finances. Les dettes s’accumulent et vous n’en voyez plus le bout. Mais vous n’êtes quand même pas rendu au point de consulter un syndic… Ou l’êtes-vous ? Voici cinq points à considérer dans votre réflexion.

« Il faut avoir une vue d’ensemble de la situation pour évaluer quelle sera la solution la plus adaptée, dit Julie Brissette. Parce qu’il y a plusieurs solutions aux dettes. La proposition au consommateur et la faillite chez le syndic en font partie, mais il y en a d’autres. »

On ne le répétera jamais assez, plusieurs outils sont disponibles pour faire un budget facilement, notamment ceux offerts par les institutions financières ou l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.

Si des dépenses peuvent être arrêtées immédiatement ou réduites, c’est ainsi qu’on le voit. C’est aussi en ayant entre les mains l’ensemble des dépenses qu’il est possible de consolider des dettes, c’est-à-dire les regrouper sous un même prêt avec un taux d’intérêt plus bas que la plupart de ces dettes individuelles.

Des actions possibles

Vous avez perdu le contrôle de vos finances. Les dettes s’accumulent et vous n’en voyez plus le bout. Mais vous n’êtes quand même pas rendu au point de consulter un syndic… Ou l’êtes-vous ? Voici cinq points à considérer dans votre réflexion.

Avant même de poursuivre la démarche, il est possible d’envisager de faire une entente avec certains créanciers.

Avec en main la liste de vos prêteurs, vous avez une bonne idée des personnes et institutions avec qui il est possible de faire une entente de paiement, que ça soit votre beau-frère ou Hydro-Québec.

« Nous proposons à nos clients des ententes de paiement flexibles dans le cadre desquelles les frais d’administration sont suspendus tant que l’entente de paiement est valide et respectée. Les ententes, lorsqu’elles sont respectées, assurent de plus qu’il n’y a pas d’interruption de service », explique Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec, qui conseille aux clients mal pris de contacter leur service le plus rapidement possible.

Plusieurs institutions, publiques ou privées, proposent des arrangements du genre. Dans le cas où tous ces efforts ont été faits, mais que ça ne suffit pas ou que la consolidation de dettes a été refusée, la conseillère budgétaire Julie Brissette croit que la faillite ou la proposition doit être envisagée.

166 000

Hydro-Québec a conclu des ententes de paiement avec 166 000 clients pour les neuf premiers mois de 2023, une légère diminution par rapport à l’année dernière.

Source : Hydro-Québec

Quand ça n’arrive vraiment plus

Vous avez perdu le contrôle de vos finances. Les dettes s’accumulent et vous n’en voyez plus le bout. Mais vous n’êtes quand même pas rendu au point de consulter un syndic… Ou l’êtes-vous ? Voici cinq points à considérer dans votre réflexion.

Les gens attendent trop avant de se présenter devant un syndic, déplore Véronique Vachon, associée, syndic autorisée en insolvabilité, chez Raymond Chabot.

Selon elle, il y a encore de la gêne à consulter un syndic, alors que plusieurs solutions autres que la faillite peuvent être envisagées. « Plus rapidement les gens viennent nous consulter, plus il y a d’options qu’on peut leur proposer, dit-elle. Et c’est notre obligation de regarder toutes les options possibles. Dans certains cas, on va diriger la personne vers son institution financière pour tenter de consolider ; dans d’autres, ça sera un dépôt volontaire. »

Avec ce dépôt volontaire, toute la dette est remboursée, sous encadrement : les paiements sont proportionnels aux revenus et le salaire est protégé.

Véronique Vachon admet que, de plus en plus, les syndics accueillent des gens dont le budget ne balance pas à cause du contexte actuel. Dans les 12 derniers mois, il y a eu une augmentation des dossiers d’insolvabilité de 17 %, mais il reste un retard comparativement à la période prépandémie. « Des gens ont encore un petit coussin devant eux », dit Véronique Vachon.

Les syndics sont les seuls professionnels autorisés à déposer une proposition de consommateur ou une faillite. La proposition permet le remboursement d’une partie des dettes, sur une période déterminée.

Ils ont aussi autorité sur les créanciers, ce qui n’est évidemment pas le cas lorsque l’on entreprend une démarche individuelle. Les syndics font une offre à la masse des créanciers plutôt que de contacter chacun individuellement.

« Pour que la proposition soit acceptée, la moitié des créanciers doit l’accepter », précise Véronique Vachon, qui confirme que, une fois la démarche entreprise, les créanciers ne peuvent plus intenter d’actions contre leur client.

Fait à noter : l’année dernière, la part des jeunes de 18 à 34 ans qui ont déposé un dossier d’insolvabilité au Canada a augmenté – en proportion, pour l’ensemble des cas. C’est le seul groupe d’âge où il y a eu une augmentation des cas d’insolvabilité.

36 %

Plus du tiers des dossiers d’insolvabilité déposés en 2022 (36 %) ont été remplis par des consommateurs de 35 à 49 ans.

Source : Bureau du surintendant des faillites du Canada

Être bien accompagné

Vous avez perdu le contrôle de vos finances. Les dettes s’accumulent et vous n’en voyez plus le bout. Mais vous n’êtes quand même pas rendu au point de consulter un syndic… Ou l’êtes-vous ? Voici cinq points à considérer dans votre réflexion.

Si le syndic est un professionnel aguerri qui peut vous accompagner dans une situation de détresse financière, il n’est pas le seul. Les associations coopératives d’économie familiale (ACEF), qui se trouvent partout au Québec, offrent des formations et des conseils budgétaires qui permettent de franchir la première étape.

Il faut aussi noter que, comme lorsque vous magasinez votre prêteur hypothécaire, vous pouvez consulter quelques syndics avant de décider qui vous accompagnera dans cette démarche importante. Les tarifs des syndics sont régis par la loi, mais chacun va présenter la solution qui lui semble la plus efficace. La première rencontre est gratuite.

La conseillère budgétaire Julie Brissette ajoute que, peu importe quelle sera l’avenue choisie, le travail sur le comportement avec l’argent et le budget doit être entrepris pour éviter qu’une personne perpétue des comportements néfastes pour sa santé financière.

« Quelqu’un qui a tendance à dépenser au-dessus de ses moyens, dit-elle, qui fait des dépenses impulsives, doit faire un travail conjointement à une solution aux dettes. »

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