Francouvertes

À quelques heures du grand plongeon

La finale des 28es Francouvertes, ce lundi soir, au Club Soda, fera place aux ultimes performances de trois artistes pour qui le concours est un tremplin qui arrive à point nommé dans leurs parcours florissants. Portrait des finalistes.

Finale des Francouvertes

Soleil Launière

La finale des 28es Francouvertes, ce lundi soir, au Club Soda, fera place aux ultimes performances de trois artistes pour qui le concours est un tremplin qui arrive à point nommé dans leurs parcours florissants. Portrait des finalistes.

Qui ?

Artiste multidisciplinaire, Soleil Launière est metteuse en scène, actrice, danseuse et, bien sûr (et avant tout), chanteuse. Originaire de la communauté innue Mashteuiatsh, établie à Montréal, elle souhaite à travers son art « donner une voix à celles et ceux qu’on entend moins ». « Le projet porte beaucoup de réappropriation de la langue et veut montrer ce que c’est d’être autochtone, avec tous les multiples visages que ça inclut. » Celle qui chante en français et en innu-aimun a découvert son écriture alors qu’elle étudiait à l’École nationale de théâtre. Elle a senti qu’elle devait d’abord mieux se comprendre en tant qu’auteure, trouver sa direction, avant de se lancer pleinement en musique. C’est désormais clairement le cas et la voici maintenant en tant que première artiste autochtone en finale des Francouvertes.

Le parcours

Si elle considère que les disciplines sont faites pour cohabiter (et même que c’est un acte décolonisateur que de les faire vivre ensemble), Soleil Launière explique également que la musique fait partie de sa vie depuis plus longtemps que le reste. « J’ai suivi un cours de chant à 17-18 ans et j’ai appris à ce moment-là que j’étais capable de chanter, raconte-t-elle. C’est comme si c’était ça qui m’avait ouvert aux arts en général. J’ai essayé plein de choses, plein de formats. » Elle ne connaissait pas vraiment les Francouvertes, mais quand on lui a conseillé de s’inscrire, celle qui se décrit comme « quelqu’un de pas très compétitif » s’est réjouie de pouvoir donner une vitrine et faire entendre des voix autochtones dans ce contexte.

La musique

Le projet musical de Soleil Launière lui permet « d’écrire ce [qu’elle a] toujours voulu chanter ». Plus confiante en son écriture (grâce au théâtre notamment) et en son instinct, elle a réussi à se construire un répertoire, une identité musicale. Des chansons de musique pop alternative dans les tons soul et roots, elle se présente sur scène avec les musiciens de CHANCES et Simon Walls. Elle a fait paraître en octobre dernier l’album Taueu, où elle aborde le territoire, l’identité de genre, la féminité et le matriarcat.

La suite

Elle le dira plusieurs fois durant notre conversation : ce qui compte pour Soleil Launière, c’est de faire ce projet et d’avancer dans cette aventure musicale en accueillant tout ce qui lui arrive « le cœur ouvert ». Sans rien forcer, en étant reconnaissante toujours, portée par son processus de réappropriation d’identité culturelle et de la langue. Tout juste revenue d’une vitrine en Colombie avant la finale des Francouvertes, elle s’est arrêtée dimanche pour le festival Santa Teresa et mènera son spectacle dans de nombreuses villes du Québec durant les prochains mois, notamment grâce à des prix gagnés aux Francouvertes. « On prend la vague, on voit où ça nous mène, dit-elle. Avec mon réalisateur, on a plein d’idées pour la suite, on prend chaque chose en son temps et on vit tout ça à fond. »

Finale des Francouvertes

Sensei H

La finale des 28es Francouvertes, ce lundi soir, au Club Soda, fera place aux ultimes performances de trois artistes pour qui le concours est un tremplin qui arrive à point nommé dans leurs parcours florissants. Portrait des finalistes.

Qui ?

Née dans le sud de la France, arrivée au Québec en 2015, Sensei H présente un rap frondeur et percutant. La jeune MC a découvert l’écriture comme un exutoire. « Je viens d’une famille immigrante d’Algérie, donc relativement pauvre, et mes parents avaient l’ambition que leurs enfants soient cultivés. Ça a commencé avec des cours de musique. Moi, c’était le piano, et j’ai vraiment aimé ça. Mais le rap est arrivé et c’était une musique que je n’étais pas nécessairement autorisée à écouter quand j’étais jeune. Mais j’ai vraiment eu la piqûre. » En rappant, Sensei H construit quelque chose de personnel, qui lui appartient. « C’est ma façon de me découvrir. »

Le parcours

Le rap pour Sensei H (Sirine de son vrai nom) a commencé par des histoires, puis des poèmes. Elle s’est ensuite mise à écrire des vers une fois arrivée à Rimouski, en rencontrant d’autres artistes et en participant à des freestyles. « C’est devenu plus sérieux au fil du temps, mais vraiment de façon naturelle, raconte-t-elle. J’avais besoin que ce que je faisais existe, alors j’ai commencé à sortir de la musique assez tôt. » Même si elle poursuivait ses études à l’époque, elle avait « une ambition de terminer un album, de faire en sorte que ça aille le plus loin possible et de développer une carrière ». Sensei H a déjà une grande expérience sur scène, mais pour elle, les Francouvertes arrivent au parfait moment. « Ça fait une grande différence de recevoir les commentaires des gens. En spectacle, on [n’a pas de retour]. Le concours, ça me donne la nécessité de m’améliorer à chaque show. C’est puissant. »

La musique

Influencée par l’époque du rap français débutée au mitan des années 2000, Sensei H s’allie sur scène à Vérone (contrebassiste pour l’Orchestre symphonique de Québec) à la contrebasse et au MPC1000, offrant en duo une énergie minimaliste qui parfois devient explosive. La rappeuse désormais installée dans la capitale nationale explique que son rap montre les aspects les plus profonds de sa personnalité et de ses expériences. Ses inspirations (notamment le groupe Sniper) teintent son rap, qui ne cesse d’évoluer depuis ses débuts à l’adolescence.

La suite

« Avant même d’être sélectionnée pour les Francouvertes, j’avais un album de prêt », confie la MC. Elle souhaitait « vivre l’expérience du concours correctement », mais compte bien donner vie à ce disque dès l’automne. « Cet album, c’est le résultat de huit années de travail, je sens que j’ai un produit qui me correspond, qui montre ma vision. Je suis contente de pouvoir le sortir dans les bonnes conditions. Je suis reconnaissante. Pour toutes les années où je me suis dit que je trouvais ça long, maintenant je suis contente que ça se passe, que ça éclose. »

Finale des Francouvertes

Loïc Lafrance

La finale des 28es Francouvertes, ce lundi soir, au Club Soda, fera place aux ultimes performances de trois artistes pour qui le concours est un tremplin qui arrive à point nommé dans leurs parcours florissants. Portrait des finalistes.

Qui ?

Lancé dans l’autoproduction durant la pandémie, Loïc Lafrance a déjà un album (Le monde des adultes) et un EP (Théâtre/Violence) à son actif. La musique, il l’a d’abord côtoyée… en jouant à Guitar Hero, le « meilleur jeu du monde », quand il était jeune. « J’étais même pas bon avec la vraie guitare, lance en riant le coloré auteur-compositeur-interprète. Mais je l’ai repognée quand j’étais au cégep, j’avais un premier projet musical [à l’époque]. » Depuis, il a expérimenté par lui-même, enregistré ses disques dans son studio maison (sa chambre dans Saint-Sauveur, à Québec, où il est installé depuis quelques années) et porté son projet musical aux accents rock jusqu’aux Francouvertes.

Le parcours

Ayant grandi avec les grands classiques québécois (Leloup, Harmonium) que lui faisaient écouter ses parents mélomanes, il s’en éloigne au moment où il décide de créer ses propres chansons. Du haut de ses 22 ans, Loïc Lafrance se dit heureux d’être arrivé aux Francouvertes « au bon moment », alors qu’il se sent « sur son X ». Il a déjà participé à quelques concours, dont une audition à La voix (« On peut dire que c’est un concours ? »). Il sait comment bien amener son projet dans ces environnements où il est nécessaire de se présenter et de faire comprendre son essence au public rapidement, dit-il, confiant dans ce qu’il a entre les mains.

La musique

Dans sa musique, on entend sa frustration envers le système, sur des sons maximalistes inspirés du rock des années 1970. Ses vrais premiers amours, les arts visuels et de la scène, avec lesquels il compte bien renouer dans le futur, lui donnent l’inspiration pour sa présence scénique. Tant en concert que dans ses enregistrements, Loïc Lafrance se permet d’être qui il veut et c’est ce qui fait sa force.

La suite

« Pour le prochain album, cette fois, je vais vouloir quelqu’un de l’extérieur pour la réalisation. C’est Julien Mineau, de Malajube, qui va prendre ce rôle. Je veux prendre une direction plus rock, plus grunge, ça va être plus intense », décrit Loïc Lafrance. C’est ainsi qu’il voit la suite : avec clarté et ambition. « C’est un bon timing, les Francouvertes, ajoute-t-il encore. Je pense que l’identité du projet est bien définie, mais je n’ai pas encore trop de choses de sorties. Je sais où je veux m’en aller, alors j’ai une idée claire de ce qui vient dans le futur. » Des spectacles sont prévus tout l’été et Loïc Lafrance se sent le vent dans les voiles.

La grande finale se déroulera ce lundi à 19 h 30 au Club Soda.

Le gagnant repartira avec la bourse SiriusXM de 15 000 $.

Les porte-parole Lou-Adriane Cassidy et Thierry Larose livreront une courte prestation avant la finale.

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