COVID-19

Québec veut des dizaines de millions de masques d’ici juin 

Québec — S’il faut imposer le masque dans les transports en commun, Québec doit d’abord en avoir « des dizaines de millions » en stock pour les distribuer à la population. Le gouvernement Legault a affirmé mercredi qu’il espérait y arriver d’ici juin. Il s’est aussi dit insatisfait du nombre de tests de dépistage de la COVID-19 qui sont effectués quotidiennement jusqu’à présent.

Le masque a été le thème central de la journée de la rentrée parlementaire, mercredi, alors qu’un quorum restreint de députés se réunissait pour la première fois depuis le début de la pandémie pour une période de questions au parlement de Québec.

Lors du point de presse de 13 h, le premier ministre François Legault s’est dit inquiet de la situation qui se vivra dans les prochaines semaines dans les transports en commun, et particulièrement à Montréal, où plus de 500 000 personnes utilisent en temps normal le métro chaque jour.

« On a une équipe qui [travaille très fort] depuis plusieurs semaines […] avec des compagnies québécoises qui pourraient éventuellement nous fournir des dizaines de millions de masques. Mais ça va prendre encore quelques semaines. On n’ose pas me donner une date, mais on dit [que] ça ne sera pas avant le 1er juin », a dit M. Legault.

« Pour rendre [le masque] obligatoire, puis pour que tout le monde le [porte], pour que ça devienne une norme sociale, ça prend aussi la collaboration de la population. »

— Le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique

En matinée, dans le Salon rouge exceptionnellement reconverti en salle de mêlée de presse (élus et journalistes devant eux aussi garder une distance de deux mètres), le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti québécois (PQ) ont réclamé que Québec impose le masque dans les transports en commun et qu’il s’acquitte de la facture pour fournir le matériel aux citoyens. Le gouvernement Legault affirmait mardi qu’il pouvait y avoir des enjeux légaux à obliger le port du masque, un argument qui n’a pas été remis de l’avant mercredi.

« Donnons les moyens à la Ville de Montréal d’acheter des masques. […] Décaissons de l’argent pour Montréal », a réclamé le chef péquiste par intérim, Pascal Bérubé. Ce dernier a aussi suggéré qu’il fallait « sérieusement considérer » le confinement du Grand Montréal si la situation liée à la pandémie de COVID-19 ne s’améliore pas.

Toujours pas assez de tests

François Legault a également reconnu mercredi que le Québec n’avait toujours pas atteint sa propre cible du nombre de tests de dépistage de la COVID-19 qu’il faut réaliser par jour, alors que le déconfinement est commencé à l’extérieur de la région métropolitaine. Le gouvernement s’était fixé l’objectif d’en réaliser 14 000 quotidiennement vendredi dernier. La province a réussi à faire monter le nombre de tests quotidiens de 6000 à environ 9000 pour l’instant.

« Juste vous dire que je n’accepte pas ça. Je ne suis pas content, je l’ai dit aux personnes concernées, puis j’espère, dans les prochains jours, qu’on va être capables d’augmenter à 14 000 tests. »

— François Legault, au sujet du nombre de tests de dépistage

« Je prends une partie du blâme en disant : il faut mieux expliquer que les tests sont maintenant disponibles à grande échelle. […] Je suis le dossier personnellement », a-t-il ajouté.

Le bilan de la pandémie de COVID-19 au Québec s’est à nouveau alourdi mercredi : 39 931 Québécois ont désormais obtenu la confirmation qu’ils étaient infectés par le coronavirus, en augmentation de 706 cas depuis mardi ; 1876 personnes sont désormais hospitalisées en raison de la maladie, une augmentation de 35, dont 194 aux soins intensifs. La province déplore également 89 nouveaux décès, portant le bilan des morts à 3220.

À ce sujet, le DHoracio Arruda a affirmé mercredi qu’il y avait certainement au Québec de « la surmortalité » associée à la COVID-19. En avril 2019, « on avait 12 800 décès », comparativement à 14 009 en 2020, ce qui montre l’ampleur de la pandémie.

Un déconfinement trop rapide ?

Pour la nouvelle cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, « plus on avance, plus on se pose la question à savoir si le gouvernement fait suffisamment preuve de prudence » dans son plan de déconfinement, a-t-elle dit mercredi lors de la période des questions.

Selon elle, Québec a précipité la réouverture de l’économie sans respecter tous les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme le dépistage massif. Le premier ministre disait vouloir « relancer l’économie, pas la pandémie », mais Mme Anglade se demande si « le plan du gouvernement va relancer la pandémie et pas l’économie ».

François Legault a soutenu que les six critères de l’OMS sont respectés à l’extérieur du Grand Montréal et que s’ils ne le sont pas pour la région métropolitaine, le déconfinement sera repoussé au-delà du 25 mai.

Le chef péquiste Pascal Bérubé a aussi dit en point de presse que le gouvernement est « téméraire » avec son plan de déconfinement. Au Salon bleu, il a déploré que le gouvernement ne présente pas les conditions devant être réunies avant de procéder au déconfinement, alors que New York a diffusé un document de 51 pages à ce sujet.

Pour Manon Massé, de Québec solidaire, « le gouvernement semblait prêt rapidement à déconfiner, [il semblait] plus intéressé à donner des dates de déconfinement que des dates [sur] comment il allait reprendre le contrôle dans les CHSLD, notamment dans la grande région de Montréal ». Elle a déploré les conditions de travail et le salaire des préposés aux bénéficiaires. François Legault s’est dit prêt à augmenter les salaires de 12 %, mais il a accusé « certains syndicats » de réclamer que cette augmentation s’applique à tous les employés de l’État.

— Avec Fanny Lévesque, La Presse

« Toutes les promesses électorales vont être respectées », dit Legault

Même si le Québec vivra des conséquences économiques et financières de la pandémie de COVID-19, le premier ministre François Legault s’est engagé mercredi à respecter « toutes les promesses électorales, [tous] les engagements qu’on avait pris pour la durée du mandat ». Plus tôt en journée, le ministre des Finances, Eric Girard, avait aussi rappelé que le gouvernement prévoyait un déficit estimé entre 12 et 15 milliards et un PIB en baisse de 5 % pour l’année 2020. M. Girard présentera un énoncé économique en juin.

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