Le parti de l’ancien premier ministre pakistanais emprisonné Imran Khan a remporté le plus grand nombre de sièges lors des élections législatives de la semaine dernière, infligeant une sévère réprimande aux puissants généraux du pays et plongeant le système politique dans le chaos.
Alors que les dirigeants militaires espéraient que ces élections mettent un terme aux troubles politiques qui agitent le pays depuis l’éviction de M. Khan en 2022, elles l’ont au contraire plongé dans une crise encore plus profonde, selon les analystes.
Jamais auparavant dans l’histoire du pays un homme politique n’avait connu un tel succès lors d’une élection sans le soutien des généraux et encore moins après avoir affronté leur poigne de fer.
Au terme du scrutin de jeudi, les candidats du parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), semblaient remporter environ 97 sièges à l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement, a rapporté samedi la commission électorale du pays.
Le parti préféré des militaires, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), dirigée par Nawaz Sharif, trois fois premier ministre, a remporté au moins 73 sièges, selon la commission. Seuls sept sièges n’ont pas été comptabilisés, ce qui n’est pas suffisant pour modifier les résultats tels qu’ils ont été annoncés par la commission.
Vers un gouvernement de coalition
Alors que les candidats alignés sur M. Khan devaient constituer le groupe le plus important au Parlement, ils n’ont pas obtenu la majorité simple, ce qui a déclenché une course entre les partis de MM. Khan et Sharif pour gagner d’autres législateurs et mettre en place un gouvernement de coalition.
Le succès du parti de M. Khan a été un bouleversement dans une élection que les militaires pensaient être une victoire facile pour M. Sharif. Avant les élections de la semaine dernière, les puissants généraux pakistanais avaient emprisonné Khan, arrêté les candidats qui lui étaient alliés et intimidé ses partisans afin d’éliminer son parti de la compétition ; c’est du moins ce qu’ils pensaient.
Au contraire, les résultats des élections ont confirmé que M. Khan reste une force redoutable dans la politique pakistanaise, malgré son éviction de la course et l’emprisonnement qui a suivi.
Le scrutin a également montré que la stratégie de M. Khan, qui consiste à prêcher la réforme et à s’en prendre à l’armée, a trouvé un écho profond auprès des Pakistanais, en particulier des jeunes, qui sont désillusionnés par le système politique.
Imran Khan, ancienne vedette du cricket devenue politicien populiste, a été condamné à 34 ans de prison au total après avoir été reconnu coupable dans quatre affaires distinctes, notamment de divulgation de secrets d’État et de mariage illégal, des accusations qu’il a qualifiées de politiquement motivées.
— The New York Times