COVID-19

La hausse du nombre de cas inquiète le ministre de la santé

Inquiet du relâchement constaté au sein de la population par rapport à la COVID-19, alors que 137 nouveaux cas sont enregistrés au Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a livré ce message jeudi après-midi : « Le virus n’a pas disparu avec le beau temps. »

Le ministre a du coup annoncé une série de trois mesures visant à limiter les éclosions dans les bars, dont l’interdiction de servir de l’alcool après minuit.

M. Dubé a dit vouloir livrer un « message très important » à ceux « qui pensent que la pandémie, c’est fini ». « Ceux qui pensent ça font une grave erreur », dit-il.

« En se laissant aller comme je le vois dans certains cas, on met la santé et la vie du monde en danger. On ne peut pas accepter ça après tous les sacrifices qui ont été faits par les Québécois. »

— Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Cette annonce survient alors que 137 nouvelles infections ont été enregistrées sur le territoire pour un total de 56 216 cas. Le nombre de patients hospitalisés a diminué de 23 tandis que le nombre de patients aux soins intensifs stagne. Le nombre de prélèvements réalisés a augmenté et atteint le chiffre de 9358.

Mais pour la première fois depuis le 4 juillet, les cas positifs dépassent la centaine. « Ça, ça m’inquiète », a répété M. Dubé, qui rappelle que le virus ne touche pas seulement Montréal, mais bien tout le Québec.

M. Dubé reconnaît qu’on ne peut se fier aux données d’une seule journée pour conclure que les cas sont repartis à la hausse. « Mais je veux juste être sûr qu’on ne verra pas une hausse […] Quand je vois qu’on passe de 60 cas à 137, je n’aime pas cette tendance », dit-il.

Le directeur national de santé publique du Québec, le DHoracio Arruda, affirme que la situation n’est pas hors de contrôle. Mais il se méfie grandement des semaines de vacances de la construction qui vont commencer bientôt. Il veut éviter que le scénario de la semaine de relâche, où des voyageurs « ensemençaient un peu partout le virus », ne se reproduise. « Imaginez-vous si on recommence à avoir des foyers partout au Québec et qu’on reflambe et qu’on est obligés d’annuler les vacances ou les déplacements interrégionaux. Est-ce que c’est de ça qu’on a envie au Québec ? Moi je pense que non. »

Mesures renforcées dans les bars

Estimant que les bars sont des endroits « propices à la contagion », le ministre a pris des « mesures pour éviter les éclosions ». Au cours des derniers jours, au moins 90 personnes ont contracté la COVID-19 dans des bars, a dit le DArruda.

Dès vendredi, les bars devront arrêter de vendre des boissons alcooliques à minuit. Les personnes qui s’y trouvent devront avoir quitté les lieux au plus tard à 1 h. Les bars ne pourront être remplis à plus de 50 % de leur capacité légale. Les clients devront rester assis et ne pas danser. Le ministre Dubé n’écarte pas la possibilité d’imposer des amendes ou de retirer le permis des bars récalcitrants.

Le ministre sait que ces mesures ne sont pas toutes bien accueillies. Mais il s’agit pour lui d’un « compromis basé sur la prudence ». « Ce qu’on dit depuis le début, c’est que c’est la santé avant tout. »

M. Dubé demande aussi aux clients de collaborer avec les bars qui seront invités à tenir un registre de leur clientèle.

« Ce registre permettrait de conclure et conduire les enquêtes beaucoup plus rapidement.  »

— Christian Dubé, qui parle d’un « effort collectif »

Questionné pour savoir si une aide financière serait accordée aux propriétaires de bars, M. Dubé répond que non. Pour lui, « la meilleure aide financière […], c’est de leur permettre d’ouvrir ». « On aurait pu décider de ne pas ouvrir non plus », dit-il. Citant un tableau publié dans le New York Times, M. Dubé a rappelé que « la plus grande cause de risque, c’est les bars ».

Par ailleurs, le ministre Dubé a dit que son gouvernement poursuivait sa réflexion sur le port du masque obligatoire dans les lieux publics fermés. Lundi, Montréal a annoncé que le port du masque deviendrait obligatoire dans ces lieux sur son territoire dès le 27 juillet. Québec dit « avancer à grands pas » dans sa décision.

Le virus gagne du terrain dans les Laurentides

Le virus de la COVID-19 progresse à l’hôpital de Saint-Jérôme, dans les Laurentides, où on compte maintenant plus de 160 personnes infectées, une augmentation de 45 depuis lundi. De ce nombre, 71 sont des employés, ce qui risque de poser des problèmes de personnel à l’hôpital en cette période de vacances. Ce chiffre devrait d’ailleurs augmenter parce que le dépistage massif chez les 1500 membres du personnel, entrepris mercredi, se poursuit ce vendredi. Les 89 autres personnes touchées sont des patients qui ont été victimes d’une transmission nosocomiale, c’est-à-dire qu’elles ont attrapé la COVID-19 à l’hôpital. « Depuis le 7 juin, 89 cas de transmission nosocomiale de COVID-19 dans différentes unités de soin ont été observés auprès des usagers de l’hôpital régional de Saint-Jérôme et de 71 employés », a fait savoir Julie Lemieux-Côté, mercredi, en fin de journée, porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides (CISSS). « Nous prenons la situation très au sérieux et ne ménageons aucun effort afin d’enrayer cette éclosion le plus rapidement possible. Il en va de la santé et de la sécurité de notre clientèle et de notre personnel », a-t-elle ajouté par courriel. L’hôpital de Saint-Jérôme est le centre désigné des Laurentides pour recevoir les personnes infectées à la COVID-19 dont l’état nécessite des soins hospitaliers.

— Suzanne Colpron, La Presse

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