Le roman numérique… réinventé

Le vendeur de goyaves vous plonge dans un conte au cœur de l’Inde, mais comme aucun autre livre ne le ferait : défilant sur un iPad, au fil des chapitres rédigés comme un roman classique, photos, galeries, cartes, illustrations, vidéos ou ambiances sonores épousent la trame de l’histoire, formant un tout littéraire singulier.

Ces ingrédients multimédias, cueillis en 2007 au cours d’un voyage au pays de Gandhi avec la complicité d’une réalisatrice, ont macéré de longues années dans la tête d’Ugo Monticone, auteur, conférencier et globe-trotter québécois. Publier une simple édition papier de son roman ? Pas intéressé. « Je voulais aller beaucoup plus loin, mais je ne savais pas comment intégrer ensemble tous les éléments dont je disposais », évoque celui qui a d’abord pensé à joindre un DVD d’ambiance à son récit. Mais tout ceci était novateur – et coûteux : de quoi rebuter les éditeurs frileux.

L’auteur organisera ainsi une campagne de sociofinancement qui lui permettra de monter une équipe technique intimiste, prête à bâtir un roman nouveau genre.

ROMAN+

Six années filent, le texte naît, mais Ugo tente toujours de le faire coïncider avec les autres éléments qu’il a en main. Le déclic a finalement lieu avec l’émergence des tablettes. « C’est le médium qui a permis de mettre toutes les pièces du puzzle ensemble », se souvient-il, soulignant qu’il a également été inspiré par… La Presse+. « L’intention était d’en faire davantage, créer le “livre du futur”, stimuler divers sens », dit-il.

Le vendeur de goyaves est finalement sorti en février 2015, en version papier (chez Triptyque), et en application numérique iPad, auto-éditée.

Avec une entrée remarquée dans la sphère techno : elle fait partie de la sélection des App Awards 2015 de France, et figure parmi les applications de livres les plus vendues au Canada dans l’App Store.

INSPIRATIONS, EXPIRATIONS

À moins de s’appeler Isaac Newton, l’inspiration ne tombe pas des arbres. Pour nourrir sa créativité, Ugo Monticone guette les réseaux sociaux et les initiatives multimédias audacieuses, citant en exemple le documentaire en ligne Fort McMoney, qui allie film et jeu interactif.

Autant d’incitations à l’exploration pour celui qui aimerait rénover le concept des « livres dont on est le héros », en créant des récits à embranchements multiples. « On pourrait faire changer l’ambiance du texte en fonction des choix du lecteur, en substituant certains mots ou qualificatifs. Ou encore adapter l’évolution de la trame sonore selon les développements du récit. La technologie actuelle le permet », esquisse-t-il.

Mais tout cela sans empiéter sur une autre créativité : celle du lecteur.

« Il est important de continuer à stimuler son imagination. J’espère que le livre du futur, ce ne sera pas une clé USB qu’on se branchera directement sur le cerveau ! »