Trafic d’armes

Le SPVM lance une escouade spéciale

La police de Montréal met en place une escouade de lutte contre le trafic d’armes à feu devant une « hausse atypique des évènements » violents dans le nord-est de la ville.

La mairesse Valérie Plante et le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, en ont fait l’annonce jeudi en matinée.

« Au cours des derniers mois, nous avons malheureusement constaté dans plusieurs secteurs de Montréal de nombreux incidents impliquant des armes à feu. Cette situation nous préoccupe énormément, a dit Mme Plante. Nous devons être en mesure de rassurer celles et ceux qui s’inquiètent. »

Selon une compilation effectuée par La Presse, il y a eu 6 meurtres avec arme à feu, 55 tentatives de meurtre avec arme à feu et 38 évènements de coups de feu sans victime depuis le début de l’année à Montréal. Une moyenne d’un évènement avec arme à feu tous les 3,6 jours.

« C’est inacceptable, ce qui s’est passé depuis le mois de juin, depuis le déconfinement », a dit Sylvain Caron, qui évoque des agressions impliquant des armes à feu « à toute heure du jour, près des écoles, dans des quartiers résidentiels ».

L’escouade comptera dans un premier temps « une vingtaine de policiers » recrutés un peu partout au SPVM et sera en place d’ici la fin janvier, a-t-il continué. À terme, une quarantaine de personnes feront partie de l’escouade. « On veut s’attaquer au réseau de distribution et d’approvisionnement en armes à feu », a-t-il ajouté.

L’escouade « aura le mandat d’approfondir les enquêtes dans le but d’arrêter les têtes dirigeantes des réseaux existants de trafic d’armes et de s’attaquer à ce marché », a expliqué Valérie Plante. Elle espère que ce « geste fort » sera suffisant pour « renverser la tendance que nous observons depuis quelques mois ».

103 arrestations pour Quiétude

L’escouade Quiétude, créée il y a un an pour s’attaquer aux crimes avec armes à feu, se verra donc amputer d’un pan de ses activités. Jusqu’à maintenant, elle a traité 153 informations en matière d’armes à feu, ayant conduit à 103 arrestations, 83 perquisitions et 44 saisies d’armes à feu.

Caroline Bourgeois est la mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, arrondissement où se sont produites plusieurs des tirs des derniers mois. Elle vient d’être nommée responsable de la police au sein du comité exécutif.

« Je peux vous dire que je reçois un nombre énorme de courriels et d’appels de citoyens qui ont des inquiétudes extrêmement légitimes. C’est important qu’ils sachent qu’ils sont entendus. »

— Caroline Bourgeois, mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

L’élue a vanté les initiatives prises par le SPVM au cours des derniers mois, notamment des campagnes de visibilité et le déploiement de policiers supplémentaires.

Mme Bourgeois a souligné que les autres ordres de gouvernement devaient aussi jouer leur rôle. Elle a notamment renouvelé l’appel de nombreux maires canadiens – dont Valérie Plante – à l’interdiction pure et simple de la possession privée d’armes de poing au Canada.

L’opposition ambivalente

L’opposition officielle à l’hôtel de ville affirme toutefois que l’escouade anti-trafic d’armes arrive un peu tard.

« Je suis content de voir le SPVM prendre cette décision, a réagi son chef, Lionel Perez. Cependant, Ensemble Montréal est surtout surpris qu’elle n’arrive pas plus rapidement et que la présentation budgétaire 2021 du SPVM n’ait pas présenté cette nouvelle équipe spécialisée. »

M. Perez en a profité pour attaquer l’action de l’administration sur d’autres fronts : « Nous aurions aimé que l’administration démontre la même volonté politique d’agir sur les enjeux de santé mentale et d’itinérance. »

— Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse

Hells Angels

Pas d’arme à feu légale pour les sympathisants

Dans une démarche nouvelle et inaccoutumée, la Sûreté du Québec a révoqué jeudi les permis de possession et d’acquisition d’une arme à feu légale de 11 membres de clubs de motards sympathisants des Hells Angels.

Dans la foulée, elle a également refusé des demandes d’acquisition et de possession d’arme à feu légale qu’avaient déjà déposées sept autres personnes faisant partie de groupes supporteurs des Hells Angels.

« Cette opération de la Division du renseignement sur le crime organisé (DRCO), en collaboration avec le Bureau du contrôle des armes à feu et des explosifs (BCAFE), a pour objectif de limiter l’accès légal aux armes à feu par des gens ayant des liens avec le crime organisé.

« Ce projet d’envergure constitue une première au Canada dans le contexte du contrôle des armes à feu et démontre aux membres de groupes supporteurs que leur allégeance envers le crime organisé a un impact direct sur leur privilège de posséder un permis de possession et d’acquisition d’armes à feu. »

— Extrait d’un communiqué de la Sûreté du Québec

Les personnes visées par cette démarche appartiennent aux clubs Red Devils, Dark Souls, Devils Ghosts, Devils Riders, Death Messengers, Brotherhood, Rolling Aces, Heaven Demon, Survivor Bikers et Sacrilège. On retrouve également parmi les individus concernés un hang-around des Hells Angels de Sherbrooke, ce qui constitue le premier grade dans la hiérarchie du club de motards international.

En septembre 2018, une première phase de ce projet a visé 97 membres de clubs de motards supporteurs des Hells Angels et mené à la révocation de 75 permis de possession et d’acquisition d’armes à feu, et au refus de 14 demandes.

Pas des enfants de chœur

En février dernier, La Presse avait rapporté que trois membres d’un autre club sympathisant des Hells Angels, les Rebel Riders, s’étaient adressés à la Cour du Québec pour récupérer leurs permis d’arme à feu légale, mais avaient été déboutés.

Le président des Rebel Riders, Jean-Guy Alarie, avait témoigné que son club était seulement « un groupe d’amis qui font des randonnées à moto ».

Il avait admis que lui et des compagnons portaient des bijoux affichant leur soutien aux Hells Angels, mais avait nié toute affiliation avec ces derniers.

« Se promener en public avec un insigne qui manifeste son appui pour les Hells Angels est pour le moins troublant. Nul ne peut ignorer ce que représentent les membres en règle de cette organisation. Loin d’être des enfants de chœur, ces personnes sont impliquées, entre autres, dans le trafic de stupéfiants, le contrôle de la prostitution et plusieurs meurtres au bénéfice de leur organisation.

« Dans notre pays, la possession d’une arme à feu est un privilège. Ce privilège est hautement réglementé et un permis est nécessaire à la possession d’une telle arme », avait notamment déclaré le juge Thierry Potvin, de la Cour du Québec.

— Avec Isabelle Ducas, La Presse

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

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