Gourmand

Tout lâcher pour suivre sa passion de la cuisine

On a beau aimer cuisiner, il y a tout un pas entre s’y adonner par plaisir et y consacrer sa carrière. Trois passionnées nous racontent comment elles ont eu le déclic qui les a poussées à faire le saut, parfois sur le tard, et en profitent pour faire partager une de leurs recettes préférées.

Des marinades « comme dans le temps »

« J’ai travaillé toute ma vie en administration ; si vous m’aviez dit il y a 15 ans que je ferais des marinades pour gagner ma vie, jamais je ne vous aurais cru », lance Karine Daigle en riant.

Elle vivait déjà sur la terre maraîchère de ses beaux-parents, à l’île d’Orléans, lorsque sa belle-mère est arrivée un jour, pendant son deuxième congé de maternité, les bras chargés de concombres. « Elle me dit : “Karine, il faudrait que tu fasses de quoi avec ça ; tu as le temps, tu ne travailles pas” », se souvient-elle avec humour.

« Finalement, je me suis amusée avec ses concombres et j’ai fait des cornichons marinés qu’on a vendus sur le bord du chemin. Ça s’est vraiment bien vendu et je me suis dit : “Il y a peut-être quelque chose là.” »

Quand sa belle-mère retourne la voir avec « une espèce de zucchini gros comme mon char », elle trouve une recette pour en faire du ketchup.

« Finalement, je me suis découvert une passion ! Ça a vraiment été une belle opportunité ; ça m’a donné l’occasion de rester à la maison avec mes garçons. »

— Karine Daigle

L’année suivante, après des cours à l’Institut de technologie agroalimentaire, à Saint-Hyacinthe, Compliments de Belle-Maman était née. C’était en 2014.

Expansion

En plus des marinades et des confitures, Karine Daigle a lancé depuis une gamme de produits cétogènes – tartinades, ketchup, relish. Et ses produits sont aujourd’hui vendus en ligne et par plus d’une centaine de détaillants.

Si l’intention de départ était de transformer les surplus de la terre maraîchère, elle s’approvisionne maintenant chez les producteurs locaux de l’île. « Mes beaux-parents ne fournissent plus ! »

Elle travaille beaucoup avec les légumes « déclassés » (les fameux « numéros 2 ») – « concombres croches, zucchinis trop gros, les pommes qui ont des petites taches », énumère-t-elle.

« Ils sont juste moins beaux, mais ça fait d’excellentes conserves », insiste Karine Daigle.

Même si elle s’est équipée d’outils pour stériliser ses contenants, entre autres, tout ce qui est à l’intérieur du pot est coupé à la main, précise-t-elle. « Comme faisait grand-maman, dans le temps. »

« Une marinade, ça a un côté super nostalgique. Moi, le plus beau compliment qu’on peut me faire, c’est quand quelqu’un ouvre le pot et me dit que ça goûte comme les marinades de sa mère ou de sa grand-mère. »

Recette

Salade de carottes et zucchinis

Cette recette simple et savoureuse, créée par son amie Chantale Bolduc avec son ketchup de zucchinis, se retrouve régulièrement à sa table. « Je la fais souvent pour les enfants, quand je ne sais pas quoi leur préparer comme légumes », dit Karine Daigle. Et pour ceux qui le souhaitent, l’ajout d’amandes permet de donner de la texture et du croquant à la salade.

Ingrédients

2 tasses de carottes râpées

2 généreuses cuillères à soupe de ketchup de zucchinis

Sel et poivre, au goût

Bâtonnets d’amande (facultatif)

Préparation

Mélanger les ingrédients et servir.

Gourmand

En cuisine avec les petits

Karine Desserre-Pezé a toujours aimé cuisiner. Depuis que sa grand-mère lui a montré les rudiments des fourneaux, toute petite, et offert un livre qui l’accompagne toujours à ce jour – La cuisine est un jeu d’enfants, du chef Michel Oliver.

Elle avait 6 ou 7 ans lorsqu’elle a préparé avec celle-ci la recette de côtes de porc aux pommes frites du livre. « C’était la première fois que je mangeais quelque chose comme ça. Pour moi, c’était extraordinaire de voir qu’on pouvait avoir cette liberté-là de mélanger du salé et du sucré, de mettre des fruits », se souvient-elle avec émotion.

Déjà, jeune adolescente, elle s’amusait à créer ses propres recettes. « Ç’a toujours été un centre d’intérêt, mais je n’ai jamais pensé à en faire une vraie profession », dit-elle.

C’est ainsi qu’elle a étudié en communication, en France, avant de travailler en prévention et promotion de la santé. Arrivée au Québec en 2009 avec sa famille, elle a poursuivi dans cette voie avec ce vieux rêve en tête : développer des ateliers de cuisine destinés aux enfants.

La mi-quarantaine approchant, elle commence à se demander ce qu’elle veut vraiment faire de sa vie ; elle crée d’abord un blogue pour le plaisir, où elle transmet ses idées aux parents pour faire participer les jeunes en cuisine, puis monte un projet pilote à l’école de ses enfants.

Rencontre marquante

Mais c’est sa rencontre avec le chef du restaurant Renoir, Olivier Perret, qui produira le vrai déclic. « Il a beaucoup aimé mon projet et m’a dit : “Si tu lances, j’embarque et je te soutiens.” On a donc organisé le premier atelier de C’est moi le chef ! en octobre 2017, au marché Jean-Talon. »

Le deuxième déclic opère lorsque sa candidature est acceptée dans le cadre d’un incubateur à HEC Montréal ; elle décide donc de quitter son emploi pour se consacrer entièrement à ses ateliers.

« Je n’ai jamais voulu faire des recettes “faciles” pour les enfants, c’est-à-dire des cupcakes ou des choses comme ça où les enfants vont embarquer facilement. Je voulais faire des recettes avec des légumes parce que c’est un peu le défi des parents – et je l’ai expérimenté avec les miens ! – de faire aimer les légumes aux enfants. »

— Karine Desserre-Pezé

Cinq ans plus tard, des cours en ligne se sont ajoutés à l’offre de C’est moi le chef !, alors qu’une série d’ateliers se consacre à faire découvrir les saveurs du monde aux enfants, un pays à la fois.

Recette

Quiche jardinière

Voici une recette facile à faire pour les enfants qui aimeraient mettre la main à la pâte, spécialement créée par Karine Desserre-Pezé pour s’adresser directement à eux. L’avantage, c’est qu’elle peut être déclinée de mille et une façons en fonction des légumes qu’on a sous la main. La fondatrice de C’est moi le chef ! y donne même quelques conseils pour éviter le gaspillage.

Ingrédients

2 croûtes profondes ou des mini-croûtes

1 pied de brocoli

1 grosse carotte ou 2-3 carottes fines

1 oignon

Huile

1/2 tasse d’eau ou du bouillon de légumes ou de poulet

6 œufs

1/2 tasse de crème à cuisson liquide

2 tasses de fromage râpé

1 conserve de thon ou de saumon à l’eau (option)

Pincée de sel

Ustensiles

Planche à découper

Couteau

Épluche-légumes

Cuillères à mesurer

Tasses à mesurer

Robot culinaire avec râpe ou râpe manuelle

Grand bol

Fouet

Fourchette

Poêle

Spatule

Petit bol

Lunettes de piscine (pour éviter de pleurer en épluchant l’oignon)

Préparation

1. Allumer le four à 410 °F (210 °C).

2. Éplucher l’oignon et l’émincer ou le hacher. Verser 1 cuillère à soupe d’huile dans la poêle et faire cuire les oignons à feu doux.

3. Couper le brocoli en fleurons et le haut du pied de brocoli en petits morceaux. Les ajouter aux oignons, verser 1/2 tasse d’eau ou de bouillon, une pincée de sel.

4. Éplucher le reste du pied de brocoli (qui est plus fibreux), puis couper en tranches et l’ajouter dans la poêle.

5. Éplucher la carotte, puis la râper et l’ajouter dans la poêle et laisser cuire encore 3-4 minutes sans couvercle jusqu’à ce que tous les légumes soient cuits (il ne doit plus y avoir d’eau dans la poêle).

6. Dans un grand bol, mélanger les œufs, la crème liquide et le fromage râpé. Ajouter le thon ou le saumon égoutté et émietté (option). Réserve.

7. Piquer le fond et les rebords de la croûte de tarte avec une fourchette.

8. Répartir les légumes dans la croûte de tarte, puis verser le mélange d’œufs par-dessus.

9. Glisser la quiche au four pour environ 30 minutes : la pâte et le dessus de la quiche doivent être bien dorés.

Attention !

Ne jamais hésiter à demander l’aide d’un adulte quand vous devez couper, mixer ou utiliser la plaque chauffante et le four.

Astuces antigaspillage

Saviez-vous que vous n’êtes pas obligé d’éplucher vos carottes ? Vous pouvez simplement bien les laver pour les débarrasser de toute trace de sable ou de terre, puis directement les râper.

Si vous préférez les éplucher (c’est tellement marrant de se servir de l’épluche-légumes !), vous pouvez utiliser les épluchures de plusieurs façons :

Faire des croustilles : mélangez les épluchures avec 1 cuillère à thé d’huile et 1 pincée de sel. Étalez-les bien sur une plaque de cuisson recouverte de papier parchemin ou d’une feuille de silicone et glissez-la au four (350 °F/180 °C) pendant environ 15 minutes, puis laissez les croustilles sécher à l’air libre.

Faire un bouillon de légumes : chaque fois que vous épluchez des légumes, mettez-les dans un sac ou un contenant alimentaire que vous garderez au congélateur jusqu’à ce qu’il soit plein. Ajoutez alors vos épluchures dans un grand chaudron rempli d’eau puis faites bouillir pendant environ 15 minutes. Filtrez le bouillon dans une passoire et versez-le dans des pots Mason que vous garderez au réfrigérateur ou au congélateur. Mettez les épluchures dans le bac à compost.

Dans tous les cas, si vous ne voulez rien faire avec vos épluchures de légumes, mettez-les toujours dans votre bac à compost : elles seront transformées en terreau qui sera ensuite utilisé pour faire pousser des plantes, des légumes ou des fruits !

Gourmand

Recettes véganes pour tous les palais

Pendant deux ans, Katia Bricka a été travailleuse sociale. Un métier qu’elle trouvait très difficile. « Quand je rentrais, le soir, je travaillais sur un projet personnel qui me rendait heureuse et qui m’a beaucoup aidée, se rappelle-t-elle. C’était comme un petit moment à moi. »

Ce projet, c’était un blogue de recettes véganes qu’elle a créé lorsqu’elle a amorcé sa transition de végétarienne à végétalienne et s’est mise à cuisiner beaucoup plus.

« La transition vers le végétalisme a quand même pris du temps parce que c’est quand même intense de tout couper du jour au lendemain. Moi, ça m’a pris environ un an, je dirais, avant de devenir végane à 100 % », explique-t-elle.

Déjà, toute petite, Katia Bricka n’aimait pas beaucoup la viande.

« J’en mangeais parce qu’on me disait qu’il fallait que j’en mange, parce que c’étaient des protéines ; mais je n’ai jamais adoré ça. »

— Katia Bricka, à propos de la viande

Il y avait aussi cette connaissance de la souffrance animale dans l’industrie qui la taraudait et qui l’a finalement poussée à devenir végétarienne. Mais c’est un reportage-choc sur les vaches laitières qui a été l’élément déclencheur et lui a fait faire le saut vers le végétalisme.

Passion qui grandit

Peu à peu, motivée par le désir de bien manger, elle s’est amusée à faire des essais, puis à inventer de vraies recettes, tout en suivant plusieurs blogues véganes. « C’est là que ma passion s’est développée », dit-elle.

Son blogue a pu grandir – de pair avec le nombre d’abonnés –, ce qui a lui a permis de créer des recettes pour des entreprises et de gagner un petit revenu. C’est ainsi qu’elle a finalement pu quitter le travail social pour se consacrer à La recette parfaite, qui existe officiellement depuis 2018.

En novembre 2021, elle a publié son premier livre, La recette parfaite : mealprep végane ; son deuxième est déjà prévu pour mars prochain. Mais d’ici là, elle s’apprête à vivre une tout autre expérience en accueillant son premier enfant.

Recette

Tofu parfait

Ce tofu parfait est la recette la plus populaire sur son blogue. « C’est une belle recette à faire quand on veut apprivoiser le tofu, dit Katia Bricka. Elle plaît autant aux enfants qu’aux personnes qui sont plus réticentes à en manger. »

On peut servir ce tofu parfait avec du riz et des légumes sautés, ou encore l’ajouter à une salade ou à un bol de poke. « Moi, je trouve ça vraiment très bon dans un wrap, avec une petite mayo végane, de la laitue et des tomates. C’est comme manger du poulet », ajoute-t-elle.

Et on peut même remplacer la cuisson au four par la friteuse à air chaud (en réduisant la durée et la chaleur).

Préparation : 5 minutes

Cuisson : 20 minutes

Rendement : 3 ou 4 portions

Ingrédients

1 bloc de 454 g de tofu ferme

1 c. soupe de moutarde de Dijon

1 c. à soupe d’huile de sésame

1 c. à soupe de sauce soya

1 c. à thé de sriracha

1/2 c. à thé de poudre d’ail

1/2 c. à thé de poudre d’oignon

1/2 c. à thé de gingembre moulu

1/4 de tasse de levure alimentaire

Préparation

1. Préchauffer le four à 220 °C (425 °F) et huiler légèrement une plaque de cuisson.

2. Dans un grand bol, mélanger la moutarde, l’huile, la sauce soya, la sriracha, la poudre d’ail, la poudre d’oignon et le gingembre.

3. Avec les doigts, défaire le tofu en morceaux et l’ajouter à la préparation. Mélanger.

4. Ajouter la levure alimentaire et enrober les morceaux de tofu.

5. Étendre le tofu sur la plaque et cuire au four 20 minutes en remuant à la mi-cuisson.

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