Photographier les stars
Madonna, U2, Céline Dion. Ils ont tous dansé devant l’objectif du photographe Olivier Samson Arcand. Quels sont les trucs pour photographier les grands du show-business sur une scène dont l’éclairage change constamment ? Rencontre avec un photographe multidisciplinaire qui maîtrise parfaitement l’art de la photographie de spectacle.
Oliver Samson Arcand ajuste habituellement son exposition en mode manuel. « Au début, en mesure “spot”, il faut exposer pour le visage de l’artiste. Il ne faut pas exposer pour l’ambiance générale de la scène. Dans 90 % des spectacles de grande envergure, l’éclairage sur le chanteur ne change pas. Les débuts et fins de chansons vont avoir des variables, mais le milieu de la chanson va se faire avec la même densité de lumière. Avant le spectacle, je vais voir l’éclairagiste pour lui demander la balance des couleurs de son éclairage. J’essaye toujours d’avoir des informations sur le déroulement de la prestation. »
Il faut apprendre à gérer la vitesse d’obturation. « Je ne m’impose pas un minimum de vitesse lors d’un spectacle, je descends régulièrement jusqu’à 1/15e de seconde. Baisser ma vitesse me permet aussi d’avoir un bel effet de bougé. Oui, au début, j’ai des images officielles à faire. Je vais m’organiser pour ne pas descendre en bas de 1/125e de seconde, mais dès que j’ai obtenu ce que je veux, je commence la chasse pour des images différentes. Un truc : je retiens ma respiration pour être plus stable. »
Le photographe s’est donné un style en intégrant le mouvement dans ses images. « Lorsque j’ai fait mes études en danse, j’ai compris le mouvement. Quand on saute, il y a un moment où l’on est en suspension avant de redescendre. Cette fraction de seconde, elle existe, il faut anticiper et capter ce moment. Quand Céline Dion danse et tourne sur la scène, on suit le mouvement avec notre appareil photo. Même si l’artiste bouge, on va avoir une belle image nette en suivant bien son sujet. »
La limite de temps permise pour faire des images est une contrainte importante. Olivier Samson Arcand en sait quelque chose. « C’est souvent deux ou trois chansons, mais c’est l’agent de l’artiste qui dicte combien de chansons on peut couvrir. » Les photographes doivent se plier aux exigences des artistes. « Avec les Rolling Stones, on nous disait quelle focale utiliser. On avait des endroits numérotés pour notre emplacement et des instructions pour l’ouverture, la vitesse et l’iso. C’était très défini. Dans quel but ? Je ne le sais pas. Est-ce que c’était parce qu’ils ne voulaient pas un plan large ou trop serré ? On était vraiment très paramétrés. »
Olivier avait une équipe de photographes pour le spectacle de Céline sur les plaines d’Abraham. « On a littéralement couvert tous les angles du spectacle. On avait juché un appareil photo sur scène, un à l’autre bout des plaines. Un photographe avec un objectif 600 mm était dans la console, un autre en avant de la scène sur un escabeau, un en avant de la scène sur le côté et un qui faisait des plans larges de la foule. On s’est même pratiqué avant le spectacle ! »
Le photographe a vécu un moment exceptionnel. « J’ai eu la chance d’être backstage et sur la scène pendant le spectacle avec Céline Dion. C’était assez impressionnant. Ma présence a été chorégraphiée. Avant le spectacle, on m’a dit à quel moment je devais entrer sur la scène. Céline était au courant de ma présence, elle s’est donnée à la caméra. J’ai eu environ 30 secondes. Ce n’était pas long, mais c’était suffisant pour avoir une photo d’elle avec la foule sur les plaines d’Abraham en arrière-plan. C’était complètement surréaliste. »