Québécois mort dans un écrasement d’avion en Italie

« Julien aimait l’aventure »

Le Québécois qui a péri à Milan dans l’écrasement d’un avion privé piloté par l’un des hommes les plus riches du monde, dimanche, était en Europe pour passer du temps dans la famille de son copain.

Avocat et titulaire d’un MBA de l’Université de Sherbrooke, Julien Brossard, 35 ans, travaillait à Montréal comme vice-président pour la compagnie d’assurances Liberty Mutual Canada.

« Julien était en vacances. C’est le père de son chum qui pilotait l’avion. Ils venaient d’assister à un baptême à Milan et s’en allaient en Sardaigne dans la maison familiale quand l’écrasement est survenu », explique en entrevue Simon Léger, ami de longue date et copropriétaire d’un duplex avec Julien Brossard à Montréal.

La députée provinciale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, proche de M. Brossard, a dit que ce dernier était l’un des invités à son mariage, qui a eu lieu le mois dernier. « Mon bel ami, tu nous as quittés beaucoup trop tôt et si brutalement. J’étais loin de me douter que lundi passé je te serrais dans mes bras pour une dernière fois. Va en paix, belle âme. Ce soir, nous illuminerons ta maison. Je t’aime », a-t-elle écrit sur Twitter.

Au total, huit personnes sont mortes dimanche à Milan dans l’écrasement, qui s’est produit peu après le décollage et qui demeure pour l’instant inexpliqué.

L’avion, un Pilatus PC-12 conçu en Suisse, était piloté par le milliardaire roumain Dan Petrescu, 68 ans, qui se trouvait avec sa femme, Regina Dorotea Petrescu Balzat, son fils Dan Stefan Petrescu et l’ami de ce dernier, Julien Brossard, ainsi que plusieurs proches, dont un bébé, quand l’écrasement s’est produit.

L’appareil a décollé à 13 h 04, heure locale, et s’est écrasé contre un bâtiment commercial 11 minutes plus tard. Des témoins ont rapporté à la presse italienne avoir vu l’avion « en perte de contrôle » voler à basse altitude et plonger dans un bâtiment en rénovation, provoquant une explosion et un incendie qui a aussi embrasé plusieurs véhicules garés dans la rue. Le bâtiment était vide au moment de l’impact.

Des témoins ont aussi dit que l’avion avait pris feu avant de faire une chute rapide. Les enquêteurs ont signalé avoir retrouvé la boîte noire de l’avion et qu’une enquête avait été ouverte sur les causes de l’écrasement.

Amoureux de la Charte des droits

La mort subite et tragique de M. Brossard a « complètement démoli » ses amis et sa famille, note Simon Léger, qui était ami avec Julien Brossard depuis l’enfance. Ils ont fréquenté la même école primaire dans les Laurentides. Ses proches et amis avaient organisé une veillée en son honneur à son domicile lundi soir.

« Ce devait être l’anniversaire de Julien ce vendredi, il était heureux de s’en aller en vacances, il allait faire un voyage au cœur de la famille de son chum… »

« Julien était un gars avec des opinions tranchées, extrêmement impliqué pour les causes sociales, qui aimait l’aventure, qui avait un grand sens de la justice. Si je connais la Charte des droits et libertés par cœur, c’est à cause de lui, car les droits de la personne lui étaient très chers. »

— Simon Léger, ami de Julien Brossard

Amateur d’aviation, Dan Petrescu était l’une des personnes les plus riches de Roumanie, avec une fortune évaluée à 3 milliards d’euros (4,3 milliards CAN), selon le journal roumain Adevarul. M. Petrescu dirigeait une entreprise de construction et était propriétaire d’une chaîne de supermarchés et détenait plusieurs centres commerciaux. L’homme d’affaires, qui n’accordait pas d’entrevue et aimait rester discret, avait fui la Roumanie pendant le règne du dictateur Nicolae Ceaușescu, mais y était revenu après la révolution roumaine de 1989. M. Petrescu détenait aussi la citoyenneté allemande.

Dan Stefan Petrescu, son fils qui a aussi perdu la vie dans l’écrasement, faisait quant à lui un doctorat en chimie à l’Université McGill, où ses recherches visaient à développer de nouveaux matériaux pouvant améliorer l’efficacité et réduire la consommation d’énergie.

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