Opinion

Nourrir l’espoir pour prévenir le suicide

Cette année, la Journée mondiale de la prévention du suicide me touche particulièrement. Depuis le mois de mai, j’ai perdu deux personnes par suicide, deux hommes d’environ mon âge. Je ne vous cacherai pas que ces deux morts m’ont beaucoup touchée.

Les données les plus récentes de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) nous révèlent que le suicide diminue dans la province depuis le début des années 2000, ce qui est une bonne nouvelle. Cependant, comme plusieurs d’entre vous, je pense que même un seul suicide en est un de trop.

Cela dit, la prévention du suicide continue à faire de grandes avancées au Québec qu’il faut reconnaître et saluer, et ce, grâce aux intervenants, aux chercheurs et aux organismes qui travaillent d’arrache-pied à faire ce travail essentiel.

Que peut-on faire de plus pour soutenir la prévention du suicide ? Plusieurs choses sont possibles, à mon avis.

– Continuer à prioriser la prévention du suicide en augmentant le financement des organismes qui y sont consacrés et ceux en santé mentale, ainsi que le budget et les ressources alloués à la santé publique, cette dernière étant responsable de la promotion et de la prévention en santé mentale ;

– Financer davantage la recherche sur le suicide et sa prévention, la recherche nourrissant l’intervention et vice versa ;

– Augmenter l’accès rapide à des professionnels en santé mentale dans le réseau public ; Être sur une liste d’attente lorsqu’on souffre et qu’on demande de l’aide est inacceptable ;

– Faire connaître davantage à la population les services gratuits (voir liste ci-dessous) qui leur sont accessibles. Demander de l’aide devient plus facile si on connaît les ressources à notre portée ;

– Continuer les efforts pour combattre la stigmatisation de la maladie mentale et de la recherche d’aide psychologique. Sur ce plan, il y a encore beaucoup à faire, notamment dans les milieux de travail, auprès des compagnies d’assurances, etc. ;

– Combattre la stigmatisation de la souffrance et de la détresse psychologique, la normaliser. Cela ne veut pas dire la banaliser, mais plutôt de savoir que c’est normal de vivre des émotions telles que la peine et la tristesse lorsque les choses vont mal dans notre vie. Il faut se donner le droit d’être malheureux, comme le dit si bien Marc-André Dufour, psychologue ;

– Miser sur l’espoir. Par cela, je ne veux pas dire « ça va bien aller », mais plutôt que même dans nos pires moments où l’on souffre beaucoup, il y a toujours une lueur d’espoir. Évidemment, trouver cette lueur, aussi petite soit-elle, est difficile pour une personne aux prises avec la détresse psychologique, d’où l’importance d’avoir accès à de l’aide professionnelle. Les intervenants sont là pour accueillir la personne et sa détresse, l’aider à diminuer sa souffrance et à trouver une raison de vivre et d’avancer.

Finalement, je tiens à dire que je sais que tout cela n’est pas facile. Il faut garder en tête que lorsqu’une personne pense au suicide, elle ne veut pas mourir. Elle veut arrêter de souffrir. En mettant en place et en consolidant les ressources nécessaires à la prévention du suicide, nous pouvons accueillir cette personne et sa peine, l’aider à diminuer sa souffrance et à retrouver de l’espoir, un petit pas à la fois.

Quelques ressources gratuites

· Si vous ou l’un de vos proches êtes suicidaire : 1-866-APPELLE

· Ligne d’intervention psychosociale : 811

· Organismes communautaires (Montréal, Laval, la région de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches, la MRC Haute-Yamaska (Granby) et la MRC de l’Assomption) : 211

· Pour du counseling en santé mentale (en français et en anglais et 24 h/7 jours) et autres ressources durant la pandémie : Espace mieux-être Canada

· Pour du counseling téléphonique offert aux adultes par Homewood Santé : 1-866-585-0445

· Pour du counseling téléphonique offert aux jeunes par Jeunesse, J’écoute : 1-888-668-6810

· Pour les autochtones : Hope for Wellness : ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être (disponible en français, en anglais, en ojibway, en inuktitut et en cri) : 1-855-242-3310

· Pour les hommes : Regroupement provincial en santé et bien-être des hommes (RPSBEH) : 418-780-3613

* Note au lecteur : je travaille pour Homewood Santé dans le cadre de ce programme.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.