Une œuvre de Marc Séguin à l’entrée de Montréal

L’enseigne emblématique de Farine Five Roses, qui accueille les automobilistes à leur arrivée à Montréal, aura de la concurrence. L’artiste québécois Marc Séguin apposera sa signature sur les façades d’un immeuble locatif érigé aux abords de l’autoroute Bonaventure.

L’annonce de cette collaboration a été faite mardi au rez-de-chaussée du complexe immobilier Haleco, actuellement en construction à la jonction entre le Vieux-Montréal et Griffintown. Depuis plusieurs mois, l’artiste de renom collabore avec Ivanhoé Cambridge, Cogir Immobilier et Pomerleau, développeurs du projet, ainsi qu’avec ses concepteurs, les firmes ACDF Architecture et l’ŒUF.

Marc Séguin dit avoir été approché par l’équipe d’architectes pour ajouter du « oumph » à ce projet, gagnant du concours international Reinventing Cities, organisé par le réseau mondial des grandes villes C40.

« Je suis allé pitcher mon truc le pied dans le fond en me disant : “C’est le fantasme de ce que j’aimerais voir dans l’urbanité”. Il a fallu convaincre des gens, mais ça a marché. »

– Marc Séguin

L’œuvre s’articule autour de deux figures : sur une façade, celle de la louve qui ameute son clan et sur deux autres, celle du cercle, symbolisant à la fois une Terre flottant dans l’espace, la Lune, la lumière d’un phare et le mouvement des pales d’un moulin qui se trouvait jadis sur le site. « J’ai profondément souhaité marquer le territoire, déclare Marc Séguin. L’œuvre s’appelle Point de rassemblement, comme ces endroits qu’on retrouve près des aéroports, à la sortie des immeubles, où on dit : “Rassemblons-nous ici pour partir sur d’autres bases”. »

À partir des croquis de l’artiste, élaborés selon des critères budgétaires précis, notamment l’emploi de quatre couleurs maximum, l’œuvre a été imprimée sur les panneaux de l’enveloppe extérieure du bâtiment. La louve est déjà visible, les cercles le seront ultérieurement. « Regardez autour, les immeubles sont génériques, déplore Marc Séguin. Celui-ci est particulier. C’est une nouvelle façon de construire pour l’avenir, de pérenniser de façon durable avec des logements sociaux et à prix abordable. »

Ce complexe de 21 étages comportera 327 logements locatifs, dont 77 logements abordables, des bureaux, des commerces axés sur l’économie circulaire au rez-de-chaussée, ainsi qu’une coopérative d’habitation connexe de 40 logements sociaux. Les espaces verts occuperont 57 % du terrain, et une place sera accordée à l’agriculture urbaine, en sous-sol.

Pour la mairesse Valérie Plante, l’emplacement stratégique du terrain, sur lequel se trouvait une cour de voirie, nécessitait une signature forte.

« On doit avoir plus de beauté, des œuvres qui sont dynamiques, des bâtiments qui parlent. C’est ce qui m’intéresse quand je visite une ville. On a des murales, c’est super. Mais là, c’est comme une murale intégrée à jamais pour l’entrée de la ville. »

– Valérie Plante, mairesse de Montréal

Selon Marc Séguin, Montréal a grand besoin de constructions emblématiques contemporaines. « Expo 67, le Stade olympique, c’est ce qu’on montre à la télé, ce qu’on montre de Montréal. Le mont Royal fait sa job, mais il n’y a pas d’autres constructions », remarque celui qui prône la création d’un « ministère de la beauté ».

Un projet qui a évolué

Mettre de la beauté sur ce bâtiment a été un défi pour les architectes qui ont dû composer avec des contraintes liées à l’efficacité énergétique du bâtiment. Selon Joan Renaud, architecte du projet et associé chez ACDF Architecture, c’est ce qui explique que la facture architecturale finale du projet soit si différente de celle qui avait été présentée au concours Reinventing Cities, qui vise à encourager la revitalisation urbaine à faible émission de carbone. Sur les esquisses d’origine, on retrouvait plusieurs débords de façade qui ont dû être retirés pour réduire les ponts thermiques et maximiser l’efficacité énergétique du bâtiment.

« Le projet s’est rationalisé et s’est simplifié sur beaucoup d’aspects pour répondre à ces critères énergétiques, explique Joan Renaud. On se retrouvait avec un bâtiment qui était assez coplanaire, avec peu de débords et peu d’extravagance, mais ça devenait un canevas urbain incroyable qu’on devait utiliser pour créer quelque chose d’assez signalétique, d’assez fort pour devenir une porte d’entrée dans la ville et un point de rassemblement pour la communauté. »

En vertu de la philosophie du concours Reinventing Cities, le projet tentera de relever les 10 défis pour le climat, notamment l’efficacité énergétique, la résilience climatique, la gestion durable de l’eau ainsi que l’inclusion sociale et l’engagement communautaire. Il vise à obtenir la certification LEED Platine. Les premiers locataires devraient emménager en 2024.

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