Climat déréglé, santé en danger

Climat et urgence santé

On parle des impacts des changements climatiques sur les écosystèmes et la biodiversité depuis des années. Climat déréglé, santé en danger, présenté à Télé-Québec, retourne la caméra vers les êtres humains pour montrer comment le réchauffement planétaire pose des risques pour notre santé, ici, au Québec.

« Protéger la nature et protéger les écosystèmes, ce n’est pas seulement protéger la biodiversité, c’est une solution de santé humaine », dit Cécile Aenishaenslin, pathologiste et microbiologiste à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, dans le documentaire Climat déréglé, santé en danger. Sa phrase résume parfaitement le propos du documentaire réalisé par Sofi Langis et présenté mercredi à Télé-Québec.

L’objectif, ici, n’est pas tant de rappeler que la planète se réchauffe que d’aller sur le terrain, de Bromont aux glaces du Nunavut en passant par Gatineau et Montréal, pour voir ce que ça change concrètement au Québec. Et pour les Québécois.

La caméra de Sofi Langis suit pas à pas les recherches menées dans les différentes régions du Québec qui ont toutes le même objectif : comprendre les impacts du réchauffement climatique sur la santé humaine pour mieux les prévenir.

Ce discours en sous-tend un autre : si les citoyens saisissent mieux comment ils seront affectés personnellement, ils seront peut-être encore plus sensibles à cet enjeu et pourraient exercer une pression supplémentaire sur leurs élus.

Des virus géants ?

Le film commence sur une note inquiétante. Dans le Grand Nord, l’équipe du professeur Alexander Culley, microbiologiste de l’Université Laval, va récupérer des échantillons d’eau, de glace et de pergélisol dans le but de répertorier les bactéries et les virus qui s’y trouvent. Le danger, dit-il, est de voir ressurgir des pathogènes inconnus, endormis depuis longtemps, qui pourraient affecter les êtres humains : des « virus géants » et une soupe de bactéries libérées par la fonte du pergélisol dont l’un des effets serait de libérer davantage de gaz à effet de serre, contribuant ainsi à un cycle infernal que la planète a déjà du mal à contenir.

Un projet mené à Bromont s’intéresse quant à lui à un sujet dont tout le monde a entendu parler ces dernières années : la transmission de la maladie de Lyme par des tiques qui migrent vers le nord à mesure que la température se réchauffe. L’idée mise de l’avant par l’équipe de Cécile Aenishaenslin est de s’attaquer au problème à la source en traitant les petits rongeurs comme les écureuils, les tamias rayés et les souris, réservoirs naturels de la maladie, pour mieux prévenir la transmission aux tiques, puis à l’être humain.

La nécessité de prévenir est au cœur des recherches mises de l’avant dans Climat déréglé, santé en danger.

Or, même si on sent l’envie de rester proche des gens (notamment en explorant la détresse psychologique chez les gens victimes d’inondations en Outaouais), le documentaire laisse bien des questions sans réponse.

En arrivant au générique de fin, on apprend que le traitement des petits rongeurs semble fonctionner, mais on n’a aucune idée des résultats des recherches de l’équipe partie récolter des échantillons de virus et de bactéries dans le Grand Nord. Ont-ils trouvé des pathogènes dangereux ? Des agents susceptibles de se propager aux humains et de provoquer une nouvelle forme de pandémie ? Mystère.

Ce manque de réponses plombe un film au propos parfois très technique. Ce documentaire a toutefois le mérite d’aborder les changements climatiques sous un angle différent et de mettre en valeur des médecins comme les Dres Mélissa Généreux et Claudel Pétrin-Desrosiers, pour qui il est essentiel non seulement de s’intéresser aux impacts du réchauffement planétaire sur les communautés, mais aussi de former les jeunes médecins afin qu’ils prennent conscience des facteurs environnementaux qui influeront de plus en plus sur la santé de leurs patients.

Climat déréglé, santé en danger, Télé-Québec, mercredi à 20 h

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