Planète bleue, idées vertes

Faut-il subventionner l’achat de vélos électriques ?

Le vélo électrique est un outil dans la lutte contre les changements climatiques, estiment un nombre croissant de gouvernements qui subventionnent l’achat par les particuliers. Pressé de les imiter par Vélo Québec, le gouvernement québécois dit n’avoir aucune intention en ce sens.

La popularité du vélo électrique est sans conteste. Le quart des vélos pour adultes vendus en 2020 au Québec étaient à assistance électrique. Ils sont particulièrement appréciés des cyclistes qui franchissent d’importantes distances ou de grands dénivelés. Mais ils coûtent souvent plus cher que les vélos traditionnels.

Au Québec, le gouvernement accorde des subventions juteuses – jusqu’à 8000 $ – aux acheteurs de voitures électriques.

Mais aucune aide gouvernementale n’existe pour le vélo électrique, déplore Vélo Québec.

« Pour une fraction du coût, on peut avoir des modes de transport encore plus sobres en carbone que l’auto. Les gens qui ont choisi leur lieu de vie pour être moins dépendants de l’auto, on leur dit : “Débrouillez-vous, on n’a pas besoin de vous soutenir” », déplore Magali Bebronne, directrice des programmes chez Vélo Québec.

« De notre point de vue, si on est capable d’offrir de tels cadeaux à ceux qui passent à l’auto électrique, on devrait être capable de soutenir ceux qui font des choix encore plus vertueux », dit-elle.

Jusqu’à 2000 $ en France

De nombreux gouvernements ont mis en place de tels programmes. En Écosse, le gouvernement offre des prêts sans intérêt remboursables sur quatre ans pour l’achat de vélos électriques ou de vélos cargos.

La France a plusieurs programmes. L’un d’eux prévoit que l’État éponge 40 % du prix du vélo électrique, jusqu’à concurrence de 2100 $, si l’acheteur se débarrasse simultanément d’un vieux véhicule automobile.

« Beaucoup d’indices nous montrent qu’avec les vélos à assistance électriques, ce sont d’anciens automobilistes qui les utilisent, plus que les vélos sans assistance électrique. »

— Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB)

Le nerf de la guerre, c’est bien entendu le fameux transfert modal. Ces subventions visent avant tout à s’assurer que les gens abandonnent la voiture à essence.

L’idée derrière la subvention à l’auto électrique est simple : les gouvernements estiment qu’un kilomètre parcouru en voiture électrique va venir remplacer un kilomètre parcouru en voiture à essence.

Le calcul est moins simple avec le vélo. Est-ce que les kilomètres parcourus à vélo vont venir remplacer des kilomètres polluants derrière le volant ? Ou est-ce que ces subventions iraient à des gens nantis qui achètent un vélo électrique, mais ne réduisent pas l’utilisation de leur automobile ?

La prime à la conversion française est intéressante, car elle permet de s’assurer que la subvention va servir à un cycliste qui délaisse l’automobile pour l’envoyer « à la casse ».

« Le vélo électrique est un outil de report modal, c’est incontestable », croit Olivier Schneider.

Pas dans les cartons à Québec

Le gouvernement du Québec mise beaucoup sur l’électrification des transports. Mais subventionner le vélo électrique ne fait pas partie de son arsenal.

« Nous sommes toujours à l’affût de mesures efficaces pour atteindre nos objectifs de transition énergétique. Pour l’instant, nous ne prévoyons pas de mettre en place une subvention à l’achat de vélos électriques », fait savoir Geneviève Tremblay, attachée de presse du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien.

Certaines municipalités ont toutefois mis en place des programmes sans attendre Québec. Granby a, par exemple, son propre programme de subvention, qui prévoit de 50 à 100 $ pour l’achat d’un vélo traditionnel ou électrique.

Laval a subventionné 4500 vélos électriques entre 2018 et 2022. Les fonds provenaient en partie des promoteurs immobiliers qui ont contribué en fonction des émissions de gaz à effet de serre émis par leurs projets. Mais le programme lavallois n’a pas été reconduit, et les 750 subventions prévues pour 2022 ont déjà été accordées, preuve de la popularité du programme auprès du public.

Vélo Québec espère qu’une véritable réflexion aura lieu au Québec sur la place du vélo dans la stratégie d’électrification des transports. Sans surprise, l’organisme estime que tout miser sur l’auto, une fois de plus, représente une erreur.

« Ce qui est dommage, c’est que la vision du gouvernement est que l’électrification va nous sauver, lance Magali Bebronne. Mais l’électrification ne répond qu’à certains de nos enjeux, la voiture électrique va prendre le même espace dans les bouchons, elle va continuer de représenter une menace pour les utilisateurs plus vulnérables de la route. »

Environnement

Sur le radar

Des négociations à Genève pour mieux protéger la biodiversité

Des négociations se sont ouvertes le 14 mars à Genève pour tenter d’aboutir à un cadre mondial plus protecteur pour la biodiversité, qui doit être examiné à la COP15 biodiversité en Chine plus tard cette année. « Le monde a visiblement hâte de voir des actions urgentes pour protéger la nature », affirme la secrétaire générale de la Convention pour la diversité biologique (CDB), Elizabeth Maruma Mrema, citée dans un communiqué. « Nous n’avons pas de temps à perdre. Nous devons parvenir ensemble, à la fin, à un accord vraiment historique nous mettant sur la voie pour vivre en harmonie avec la nature », poursuit-elle. Cette session se déroule du 14 au 29 mars. En 2019, un rapport des experts en biodiversité de l’ONU, l’IPBES, a révélé que 1 million d’espèces pourraient disparaître au cours des prochaines décennies.

— Agence France-Presse

La réserve Al-Heswa au Yémen : de zone protégée à décharge sauvage

Ancienne décharge réhabilitée en zone protégée, la réserve naturelle d’Al-Heswa à Aden, dans le sud du Yémen, est de nouveau recouverte de déchets à cause de la guerre qui ravage le pays depuis plus de sept ans. Naguère salué par les Nations unies comme un exemple réussi de transformation d’une décharge en écosystème de zones humides, l’un des plus importants de la péninsule arabique, le terrain de 19 hectares empeste désormais les égouts et grouille de corbeaux. L’élan a été brisé par la guerre qui oppose depuis 2014 le gouvernement, appuyé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, et les houthis, des rebelles soutenus par l’Iran. Privée de visiteurs, sans autre soutien financier ou politique en pleine guerre, la réserve a été laissée à l’abandon.

— Agence France-Presse

Des castors réintroduits à Londres après 400 ans d’absence

Pour la première fois depuis quatre siècles, des castors barbotent de nouveau à Londres, grâce à la réintroduction le 17 mars d’un couple de ces bâtisseurs aux dents longues. Âgés de 2 ans, les deux mammifères ont été relâchés dans une enceinte de six hectares de la Forty Hall Farm, une ferme éducative du grand Londres, dans une démarche visant à améliorer les écosystèmes et faire face aux changements climatiques, a annoncé le district d’Enfied, dans le nord de la capitale britannique. « C’est une véritable leçon d’humilité que de voir revenir ces merveilleuses créatures », a déclaré le chef adjoint du conseil local, Ian Barnes. « En explorant des techniques de gestion naturelle des inondations comme ce projet avec les castors, nous pouvons réduire le risque de dégâts causés par les inondations à la suite de chutes de pluie extrêmes, protégeant ainsi des centaines, voire des milliers de foyers », a-t-il ajouté.

— Agence France-Presse

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