Le légendaire Gilles Gilbert n’est plus

L’ancien geôlier de la LNH s’est éteint à l’âge de 74 ans

L’ex-gardien des Bruins de Boston Gilles Gilbert est mort. L’homme de 74 ans, qui habitait la capitale nationale depuis nombre d’années, a été une figure marquante du hockey dans les années 1970 en raison de son style flamboyant devant le filet.

Bien malgré lui, le natif de Saint-Esprit s’est souvent retrouvé au cœur d’évènements marquants de l’histoire de notre sport national. C’est lui qui, le 11 février 1971, était devant le filet des North Stars du Minnesota contre le Canadien à Montréal lorsque Jean Béliveau est passé à l’histoire en devenant le quatrième joueur à atteindre le plateau des 500 buts en carrière dans la LNH.

À quelques jours de la retraite, Béliveau avait réalisé un tour du chapeau pour inscrire son nom dans l’histoire. Gilbert avait croisé le capitaine du Canadien en discutant avec ses parents après la rencontre, dans le hall d’entrée du Forum.

« Je lui avais dit poliment : ‟Écoute, Jean, je pense que je t’ai assez vu, ce soir…”, racontait le principal intéressé à notre collègue Carl Tardif, en 2019. Mais il venait pour s’excuser. Il m’avait dit : ‟Gilles, t’as joué un très bon match, tu as une belle carrière devant toi, je m’excuse, et même si ça avait été Terry Sawchuk ou Glenn Hall devant le filet, je l’aurais eu.” »

Lisez l’article du Soleil « Gilles Gilbert : le masque d’un “Big Bad Bruins” »

Assommé par Lafleur

C’est aussi Gilbert qui était devant la cage des Bruins, le 10 mai 1979, en plein septième match de la demi-finale de la Coupe Stanley, lorsque Guy Lafleur a dirigé un boulet de canon vers lui lors d’un avantage numérique avec moins de deux minutes à jouer.

L’homme masqué avait cédé sur le jeu, un but marqué au cours d’une pénalité pour avoir eu trop d’hommes sur la patinoire, avant de s’avouer vaincu une autre fois en prolongation, contre Yvon Lambert, un fait saillant de la 22e conquête de la Coupe Stanley par le Canadien.

Assommé, le gardien était tombé à la renverse, se laissant choir sur le dos. Un but qu’on va sans doute « montrer encore dans 100 ans », disait-il l’an dernier dans la foulée de la mort de Lafleur.

« Je pense que l’arbitre avait été un peu vite à l’appeler, celle-là… avait-il rappelé. La rondelle a frappé le poteau et elle est rentrée, je la vois encore. Si j’étais sorti de mon rectangle six pouces de plus, j’aurais fait l’arrêt. Mais je dis souvent : avez-vous déjà attrapé une balle de 22 ? Non, ben moi non plus ! »

Des débuts à Québec

Celui qui a grandi dans le quartier Limoilou est le premier gardien québécois à avoir participé au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec, avec les As de l’OTJ de Québec, pour ensuite atteindre la LNH. Habile joueur de baseball, Gilbert avait finalement délaissé ce sport par manque de débouchés.

Même s’il a aussi évolué avec les North Stars du Minnesota et les Red Wings de Detroit, c’est son passage de sept ans à Boston, entre 1973 et 1980, qui a le plus marqué les esprits. C’est avec les Oursons, menés par Bobby Orr, Phil Esposito, Ken Hodge, Terry O’Reilly et Wayne Cashman, qu’il remportera la majorité de ses victoires dans la LNH. De décembre 1975 à février 1976, Gilbert n’avait pas connu la défaite pendant 17 parties de suite devant le filet des Bruins.

« Je parlais beaucoup, je faisais rire Bobby [Orr]. J’avais dit aux gars que je me foutais de mes statistiques, que tout ce qui comptait pour moi, c’était qu’on gagne. »

– Gilles Gilbert, en 2019

Jusqu’à très récemment, Gilles Gilbert était toujours impliqué dans le hockey. L’an dernier, il s’occupait encore d’un tournoi pour adultes organisé par CHE Hockey (Canadian Hockey Entreprises), un organisme qui l’employait depuis plus d’un quart de siècle.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.