Le port du masque dans le métro sera recommandé, mais pas imposé
Il vaudrait peut-être mieux s’aventurer dans le métro de Montréal avec un masque. C’est du moins ce que la Direction nationale de santé publique du Québec (DNSPQ) va recommander à la population lorsqu’il est impossible dans les lieux publics, comme les transports en commun, de se tenir à deux mètres de distance les uns des autres.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, appuie cette mesure qu’elle juge complémentaire aux consignes de prévention déjà en vigueur dans les transports collectifs. Mais pour l’opposition officielle, « c’est une question de gros bon sens » et recommander le port du masque ne suffit pas : il faut qu’il soit obligatoire, tant pour les employés que pour les usagers du métro.
« L’administration Plante devrait montrer plus de leadership sur cette question, car Montréal est une zone très chaude en termes de cas d’infections et de décès au coronavirus », a affirmé mercredi Lionel Perez, chef du parti Ensemble Montréal qui forme l’opposition officielle.
L’administration Plante ainsi que la Société de transport de Montréal (STM) continuent toutefois d’arrimer leurs décisions à celles des autorités sanitaires.
En conférence de presse mercredi à Québec, le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique, a confirmé que le port du masque, ou ce qu’il appelle le « couvre-visage », serait recommandé quand la consigne sur la distance de deux mètres ne peut être respectée. Il a toutefois réitéré le danger du faux sentiment de sécurité que procure le masque, comme s’il pouvait protéger « comme un superhéros ».
En ce qui a trait à la possibilité que le port du masque soit obligatoire et que négliger de le porter dans les transports en commun puisse entraîner des pénalités, le Dr Arruda a indiqué qu’« on est en train de regarder ça ».
« Je peux vous dire que ça va sortir très rapidement et, surtout, surtout, avant la période de déconfinement. Mais vous comprendrez qu’on va prendre toutes les mesures pour qu’elles protègent les gens. »
— Le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique
Chose certaine, les Montréalais devront s’habituer au port du masque, a renchéri la mairesse Plante. Le masque « deviendra de plus en plus présent dans notre quotidien à mesure que nous avancerons dans le déconfinement », notamment dans le métro, a-t-elle indiqué.
Mme Plante a également rappelé qu’« en ce moment, nos déplacements doivent s’en tenir à l’essentiel ».
Cette recommandation survient alors Montréal continue de battre de tristes records statistiques relativement à la COVID-19.
Le 21 avril, on dénombrait 9856 cas confirmés de COVID-19 dans l’île de Montréal et 647 morts. Le nombre de victimes est quatre fois plus élevé qu’il ne l’était il y a à peine 10 jours. La maladie a été fatale, en très large majorité, à des personnes âgées.
À Laval, il y a 2296 personnes déclarées positives au coronavirus jusqu’à présent. De ce nombre, 192 personnes ont succombé à la maladie, dont 172 personnes âgées vivant dans un CHSLD, une résidence pour aînés (RPA) ou une résidence intermédiaire (RI).
À eux deux, Montréal et Laval représentent 74 % de tous les décès liés à la COVID-19 au Québec, a souligné le Dr Arruda. Et 85 % de tous les décès attribuables au coronavirus dans la province sont survenus sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe 4 millions d’habitants, soit près de la moitié de la population du Québec.
Cette donnée ressort notamment du premier bulletin spécial publié mercredi par la CMM, à partir des statistiques diffusées quotidiennement par le gouvernement du Québec. Cette compilation laisse voir que le taux de mortalité relativement à la COVID-19 est quatre fois plus élevé dans l’île de Montréal (282 décès par million d’habitants) qu’à Toronto (64 décès par million d’habitants). Il est toutefois plus bas qu'à New York (1226 décès par million d’habitants), Londres (450 décès par million d’habitants) et Paris (418 décès par million d’habitants).