COVID-19

Les cas repartent à la hausse

Le nombre de cas de COVID-19 repart à la hausse au Québec comme en Europe. Sur une semaine, le nombre d’infections a augmenté dans tous les groupes d’âge, sauf les moins de 20 ans, et la tendance est ainsi en hausse de 11 %. Ce n’est d’ailleurs qu’une question de temps avant que les hospitalisations ne s’intensifient elles aussi, préviennent les experts.

Depuis sept jours, le Québec rapporte en moyenne 1180 nouveaux cas quotidiennement, une hausse par rapport à la semaine précédente. Fait inquiétant, les cas sont particulièrement en progression chez les aînés, qui sont plus à risque de développer des complications de la maladie. La tendance s’est accrue de 24 % chez les 70 ans et plus.

Le nombre de cas est toutefois peu représentatif de la situation actuelle en raison des limites imposées au dépistage. Depuis le début de l’année, seulement certaines catégories de la population sont admissibles au test PCR.

Le Québec effectue en moyenne seulement 12 000 tests par jour. Du lot, 9,7 % s’avèrent positifs à la COVID-19, ce qui est nettement au-delà du seuil de 5 % recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pour bien suivre la progression de la pandémie.

Pour la Dre Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), cette hausse de cas n’a rien d’étonnant avec les règles sanitaires qui ont été assouplies et la reprise des contacts sociaux. « C’est sûr que dans un monde idéal, on aurait attendu l’arrivée du printemps avant d’enlever certaines règles. On a eu un vrai hiver avec des températures froides, et les contacts se sont faits et se font encore beaucoup à l’intérieur », dit-elle.

« Si on prend juste la science, c’était peut-être trop tôt [pour assouplir les règles], mais on doit aussi prendre en considération que ça fait deux ans que la pandémie dure. On doit aussi tenir compte de l’économie. »

— La Dre Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du CHUM

La hausse des cas ne se reflète toutefois pas encore sur les hospitalisations. Le Québec compte 1002 personnes hospitalisées avec la COVID-19, soit 13 de plus que la veille. Bien qu’il s’agisse d’une légère augmentation par rapport à la fin de semaine, le nombre de patients a reculé de 7 % comparativement à la semaine précédente.

Le DBenoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, croit néanmoins que ce n’est qu’une question de semaines, voire de jours, avant que les hôpitaux ne subissent les contrecoups de la hausse du nombre de cas. « L’enjeu en ce moment, c’est de faire en sorte qu’on soit capables de répondre à certaines augmentations des hospitalisations d’une vague à l’autre en limitant les symptômes graves et les cas sérieux nécessitant des soins plus intensifs », explique-t-il.

« On peut agir avec les vaccins, en protégeant les personnes plus vulnérables et en utilisant des traitements bien ciblés, comme des antiviraux », précise-t-il.

En Europe, le nombre de cas de COVID-19 continue aussi d’augmenter. L’Autriche a d’ailleurs annoncé lundi qu’elle allait réinstaurer le port du masque dans les lieux publics intérieurs, deux semaines après avoir laissé tomber cette mesure sanitaire. Avec 45 000 cas positifs par jour, le nombre d’infections n’a jamais été aussi élevé dans ce pays d’Europe centrale.

Fin du port du masque

Au Québec, le gouvernement doit se prononcer dans les prochaines semaines sur la fin du port du masque. « C’est certain que le gouvernement va observer ce qui se passe dans les prochaines semaines au Québec et il va regarder les indicateurs en Europe. Il va y penser très sérieusement avant de lâcher cette dernière mesure », croit le DBarbeau.

La Dre Grandvaux est d’avis que le port du masque devrait être maintenu tant que les cas seront en hausse. « Je pense que ce sera beaucoup plus difficile de remettre quelque chose en place si on l’a enlevé », estime- t-elle. « On va voir ce qui se passe dans les deux prochaines semaines, mais je pense que ça vaudrait peut-être la peine d’étendre encore un peu [le port du masque], si nécessaire. »

Le gouvernement français fait justement face à de vives critiques pour avoir abandonné les mesures sanitaires trop tôt. Le nombre de cas de COVID-19 progresse depuis plusieurs semaines en France. Dimanche, la moyenne quotidienne s’établissait à 89 002, contre 65 251 une semaine plus tôt. Mais au-delà des cas, c’est surtout les hospitalisations qui ne baissent plus qui préoccupent les autorités.

Des préoccupations qui sont partagées par l’Angleterre, l’Italie, la Suisse et, maintenant, le Québec.

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